Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
H

HEPWORTH (Cecil)

producteur et cinéaste britannique (Londres 1874 - Greenford, Middlesex, 1953).

Cecil Hepworth, dont le père était un expert en lanterne magique, est l'un des pionniers du cinéma (Express Train, 1899 ; Funeral of Queen Victoria, 1901 ; Coronation of King Edward VII, id. ; Alice in Wonderland, 1903 ; Rescued by Rover, 1905). Assistant de William Paul, auteur de Animated Photography (1897), l'un des premiers essais jamais publiés sur le nouvel art, il met au point de nombreuses inventions, dont, dès 1910, un Vivaphone qui synchronise film et son. Il écrit de nombreux livres sur une technique alors rudimentaire. En 1903, il construit ses propres studios. À partir de 1914, il se contente de produire et de réaliser ses propres films (The American Heiress, 1917 ; Sheba, 1919), souvent sans grand succès. Après avoir fait faillite, il subsiste en réalisant des films publicitaires. En 1951, il publie un livre de souvenirs, Came the Dawn.

HERBST (Helmut)

cinéaste allemand (Escherhof 1934).

Après des études de peinture, d'histoire de l'art, d'archéologie, il crée son propre studio d'animation en 1962, collabore à la télévision de Hambourg et participe aux activités de la célèbre coopérative de cinéastes constituée dans cette même ville. Il a réalisé depuis 1962 des courts métrages (films expérimentaux, films d'animation, films de fiction) et quatre longs métrages. Parmi ces derniers, un film de science-fiction, le Monde fantastique de Mathew Madson (Die phantastische Welt des Mathew Madson, 1971-1974), et des documentaires : Allemagne dada (Deutschland dada, 1968-69) ; John Heartfield, photomonteur (John Heartfield, Fotomonteur, 1976-77) ; un « film didactique » sur les trucages de King Kong (1975) et un film sur Guido Seeber, le pionnier du cinéma allemand (1979). Il présente en 1982 un film important : Une révolution allemande (Eine deutsche Revolution), consacré à la vie et à l'œuvre de Georg Büchner, puis se tourne vers le film d'animation jusqu'en 1992, date à laquelle il présente un nouveau film de fiction coproduit avec la Hongrie : Die Serpentintänzerin.

HERLTH (Robert)

décorateur allemand (Wriezen 1893 - Munich 1962).

Pendant la Première Guerre mondiale, il a travaillé comme décorateur avec Hermann Warm pour un théâtre aux armées. Il va marquer profondément de son influence l'expressionnisme et le Kammerspiel, travaillant parallèlement au théâtre et au cinéma. De 1920 à 1936, souvent en collaboration avec Walter Röhrig, il dessine les décors d'une cinquantaine de films, dont : Das lachende Grauen (Lulu Pick, 1920) ; les Trois Lumières (F. Lang, 1921) ; le Trésor (G. W. Pabst, 1923) ; le Dernier des hommes, Tartuffe et Faust (F. W. Murnau, 1924, 1925 et 1926). En 1936, il écrit, décore et réalise avec Röhrig Hans im Glück. Désormais seul, il conçoit les décors, entre autres, du film de Veit Harlan Crépuscule (1937) et assure la préparation technique du double reportage de Leni Riefenstahl sur les jeux Olympiques de 1936, les Dieux du stade. Après la guerre, il collabore avec des réalisateurs commerciaux comme Kurt Hoffmann (Felix Krull, 1957 ; l'Auberge du Spessart [Wirtshaus im Spessart], 1958) et Wolfgang Liebeneiner (la série des Famille Trapp, 1956-1958).

HERMAN (Jean)

scénariste et cinéaste français (Pagny-sur-Moselle 1933).

Formé par la réalisation de nombreux courts métrages, il commence sa carrière en 1963, et pour son deuxième film, réalise une des meilleures adaptations de R. Queneau, la Dimanche de la vie (1967), dont la sensibilité et l'élégance annoncent un véritable auteur. Avec Adieu l'ami (1968), il entre, porté par un Delon qui trouvait lui aussi ses marques d'acteur de genre, dans un cinéma plus grand public, celui du récit policier. Curieusement, il va se désintéresser de la réalisation (son dernier film, l'Œuf, date de 1971), au profit de l'écriture scénaristique et surtout d'une carrière littéraire qu'il mène sous le nom de Jean Vautrin. Autant ses romans noirs renouvellent le genre, autant ses scénarios, de l'ouvrage sur mesure, restent en deçà de ce qu'il est capable de faire : le Grand Escogriffe (C. Pinoteau, 1976), Flic ou Voyou (G. Lautner, 1979), Pile ou Face (R. Enrico, 1980), l'Entourloupe (G. Pirès, id.), Garde à vue (C. Miller, 1981), le Marginal (J. Deray, 1983), Rue Barbare (G. Béhat, id.), Canicule (Y. Boisset, 1984), Urgence (Béhat, 1985).

Autres films comme réalisateur  :

Voyage en Boscavie (CM, 1958) ; Actua-tilt (CM, 1960) ; la Quille (CM, 1961) ; les Fusils (CM, id.) ; Twist parade (CM, 1962) ; la Cinémathèque française (CM, id.) ; le Chemin de la mauvaise route (1963) ; Jeff (1969) ; Popsy pop (1971).

HERMANN (Villi)

cinéaste suisse (Lucerne 1941).

C'est un des rares cinéastes suisses dont les films ont été tournés en langue italienne bien qu'il ait eu des liens avec ses collègues alémaniques : il a travaillé pour la télévision suisse-germanophone et a coréalisé avec Niklaus Meienberg et Hans Stürm Maurice Bavaud, l'homme qui a voulu tuer Hitler (Es ist kalt in Brandenburg, 1980), un film dont la méthode rappelle celle de Richard Dindo. Après quelques courts métrages et des documentaires réalisés à Lugano, en particulier San Gottardo (1977), sur le percement du tunnel du Saint-Gothard, il a réalisé plusieurs films de fiction : Matlosa (1982), Innocenza (1986), Bankomatt (1988), qui seront suivis du documentaire En voyage avec Jean Mohr (1992), portrait d'un photographe genevois, de Tamaro (1995) et de Luigi Einaudi, diario dell' esilio suizzero (2000).

HERMOSILLO (Jaime Humberto)

cinéaste mexicain (Aguascalientes 1942).

Formé au Centre universitaire d'études cinématographiques de Mexico, il débute professionnellement avec La verdadera vocación de Magdalena (1971). Depuis El cumpleãnos del perro (1974), il fait des variations autour de l'hypocrisie et de la mesquinerie des classes moyennes (plus particulièrement celles de province), autour de la misère affective des couples et des illusions et tromperies familiales, dissimulées par les conventions : Las apariencias engãnan (1977) s'intitule justement un de ses films. Il porte un regard ironique et sans préjugés sur les rôles et les mentalités sexuelles des Mexicains, sans pour autant négliger les jeux sur les normes narratives souvent transgressées. La pasión según Berenice (1976) révèle une sensibilité notable envers la sexualité et la psychologie féminines, tout comme Naufragio (1977). María de mi corazón (1979), d'après une idée de Gabriel García Márquez, expose la fragilité de la protagoniste, qu'un abandon involontaire et le malentendu social poussent vers la folie. Hermosillo est aussi convaincant lorsqu'il truffe de connotations homosexuelles et de suggestions libertaires un film d'aventures, Matinée (1976), avec personnages d'enfants, courses poursuites et autres ingrédients habituels. Le même humour et la même décontraction enlèvent toute pédanterie démonstrative au message de tolérance de Dõna Herlinda y su hijo (1984), film gay sans inhibitions, qui mérite d'être vu aussi comme une reformulation très personnelle du traditionnel archétype de la mère, qui hante les écrans mexicains. La crise lui inspire des expériences minimalistes, commencées dans sa retraite de Guadalajara, en support vidéo, avec peu de comédiens et un seul décor. Les limites imposées à la production redoublent l'intensité de sa mise en scène et la chaleur du regard, car le cinéaste adopte explicitement le point de vue du spectateur-voyeur. Le Devoir (La tarea, 1990) décortique les pièges de la séduction, en reprenant le défi hitchcockien de la prise unique et du temps réel. Intimidades en un cuarto de bãno (1989) utilise un seul angle, puisque la caméra, immobile, occupe la place du miroir d'une salle de bains et dévoile les dramatiques déchirures d'une famille. La tarea prohibida (1992) suppose un tour d'écrou supplémentaire à cette problématique : l'inceste. Réalisateur cinéphile, exerçant son métier de manière ludique, stimulant pour ses interprètes (et notamment pour María Rojo), Hermosillo a également signé Homesick (CM, 1965), S. S. Glencairn (CM, 1967), Los nuestros (MM, 1969), El se~nor de Osanto (d'après Robert Louis Stevenson, 1972), Idilio (CM, d'après Maupassant, 1978), Amor libre (id.), Confidencias (1982), El corazón de la noche (1983), Clandestino destino (1987), El verano de la se~nora Forbes (à Cuba, d'après García Márquez, pour la télévision espagnole, 1988), Un momento de ira (CM, vidéo, 1989), El aprendiz de pornógrafo (vidéo, id.), Encuentro inesperado (1991), De noche vienes, Esmeralda (1997).