Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BENTLEY (Thomas)

cinéaste britannique (Londres 1880 - id. 1951).

Il se rend célèbre dès l'époque du muet en se faisant une spécialité des adaptations de Dickens : Oliver Twist (1912), David Copperfield (1913), les Aventures de M. Pickwick (The Adventures of Mr. Pickwick, 1921). Il tourna même trois versions de la Maison d'antiquités (The Old Curiosity Shop, 1914, 1921, 1934). Au sein d'une abondante filmographie, on retient surtout : Milestone (1916), The American Prisoner (son premier film parlant, 1929) ; Young Woodley (1930), Hobson's Choice (1931), Those Were the Days (1934), Old Mother Riley's Circus (son dernier film, 1941).

BENTON (Robert)

cinéaste et scénariste américain (Waxahachie, Tex., 1932).

Collaborateur technique de la revue Esquire, coauteur, avec David Newman, d'une comédie musicale sur Superman, ce qui l'amène à travailler au scénario du film de Richard Donner, il écrit, avec le même Newman, les scénarios de Bonnie and Clyde (A. Penn, 1967) et du Reptile (J. L. Mankiewicz, 1970). Son premier film comme réalisateur, Bad Company (id., 1972), célèbre, sur un mode picaresque, les hors-la-loi, et contribue à démythifier les héros de western. Le chat connaît l'assassin (The Late Show, 1977), produit par Robert Altman, est encore fondé sur des personnages d'originaux. Cette œuvre fait revivre de façon humoristique les poncifs du film noir. Privé du support des genres, dans Kramer contre Kramer (Kramer Vs. Kramer, 1979), il sacrifie sujet et style à la sensibilité du moment, connaît un premier et très gros succès comme cinéaste, et se voit décerner plusieurs Oscars. Désormais installé, il filme avec savoir-faire, mais sans relief particulier la Mort aux enchères (Still of the Night, 1982), les Saisons du cœur (Places in the Heart, 1984), Nadine (id., 1987), Billy Bathgate (id., 1990), Un homme presque parfait (Nobody's Fool, 1994) ou l'agréable l'Heure magique (Twilight, 1998) qui n'est pas sans rappeler Le chat connaît l'assassin.

BENVENUTI (Leo)

scénariste italien (Florence 1923 - Rome 2000).

Il débute en écrivant une série de farces pour Macario, dirigées par Carlo Borghesio (Come persi la guerra, 1947 ; Come scopersi l'America, 1949). Dès 1955, il travaille presque toujours en tandem avec le scénariste Piero De Bernardi. Ils se spécialisent dans la satire sociale (Guendalina, A. Lattuada, 1957 ; Arrangiatevi, M. Bolognini, 1960 ; Fantozzi, L. Salce, 1975), travaillent avec bonheur pour Valerio Zurlini (les Jeunes Filles de San Frediano, 1954 ; la Fille à la valise, 1961), écrivent des comédies virulentes pour Pietro Germi (Serafino, 1968 ; Alfredo Alfredo, 1972) et pour Mario Monicelli (Mes chers amis, deux films, 1975 et 1982 ; I Picari, 1987). En collaboration avec Golfiero Colonna et Franco Rossi, Benvenuti a signé son unique mise en scène : Calypso (1959), un documentaire exotique. Dans les dernières années de sa vie, il signe encore les scénarios de nombreuses comédies populaires, dont Viaggio di nozze (1995) et Gallo cedrone (1998) de Carlo Verdone, mais aussi Facciamo paradiso (M. Monicelli, 1995), Fantozzi - Il ritorno (N. Parenti, 1996), Metalmeccanico e parrucchiera in un turbine di sesso e di politica (L. Wertmüller, 1996), Finalmente soli (U. Marino, 1997), Teste di cocco (U.F. Giordani, 2000) et Ogni lasciato è perso (P. Chiambretti, 2001).

BÉRARD (Christian)

peintre, décorateur et créateur de costumes français (Paris 1902 - id. 1949).

Peintre de formation, il travaille à la scène avec Jouvet, Barrault, Balanchine ou Massine, avec Jean Cocteau surtout, qui l'entraîne dans son aventure cinématographique. Dans la Belle et la Bête (1946), il mêle l'imagerie propre du poète aux lumières empruntées de Vermeer ou Doré. En 1948, ce sont encore le « baroquisme élégamment maîtrisé » (C. Beylie) de l'Aigle à deux têtes, le décor unique de la Voix humaine (réalisé en Italie par R. Rossellini), et en 1949 la « roulotte » bohème des Parents terribles. Les décors d'Orphée (1950) s'inspirent de ses maquettes.

BERBER (Anita)

actrice et danseuse allemande (Dresde 1899 - Berlin–Kreuzberg 1928)

Idôle de la bohême berlinoise de l'après-guerre, Anita Berber « prêtresse de la danse érotique » connut une réputation sulfureuse sur les écrans allemands avant de mourir à vingt-neuf ans seulement d'une overdose. Joueuse, cocaïnomane, alcoolique, bisexuelle, elle fut une pionnière en matière d'érotisation de la danse et donc objet de curiosité et de scandale. Elle s'associe à la fin des années 10 au réalisateur Richard Oswald qui lui offre des rôles de pêcheresse, de prostituée, de corruptrice qu'elle interprète en parfaite adéquation avec le climat étrange obsédant, ambigü des sujets traités comme Dida Ibsens Geschichte (1918, inspiré du Marquis de Sade), ou Cauchemars et hallucinations (1919). En 1922 Fritz Lang lui demande de se substituer à l'actrice principale dans les scènes et danse du Docteur Mabuse. Elle apparaît ensuite dans quelques productions en costumes : Lucrezia Borgia (R. Oswald, 1922), Die Drei Marien und der Herr von Marana (R. Schünzel, id.), Wien, die Stadt der Lieder (Alfred Deutsch-German, 1923), Eine Walzer von Strauss (Max Neufeld, 1925) avant d'achever prématurément son extravagante et météorique carrière.

BEREMÉNYI (Géza)

cinéaste hongrois (Budapest 1946).

Romancier, dramaturge, scénariste (Romantika, 1972, et Cher voisin, 1979, de Z. Kezdi-Kovacs ; Le diable bat sa femme, 1977, de Ferenc András ; Temps suspendu, 1983, de Peter Gothar), il tourne en 1985 son premier film les Disciples (A tanitványok), et signe trois ans plus tard Eldorado/le Prix de l'or (Eldorádo), qui remporte le prix européen du cinéma puis la Tournée (A Turné, 1993).

BERENGER (Tom)

acteur américain (Chicago, Ill., 1950).

Il fait du théâtre à New York avant de sillonner les États-Unis en jouant le rôle de Stanley Kowalski dans Un tramway nommé désir de Tennessee Williams. La Sentinelle des maudits (The Sentinel, M. Winner, 1976) marque ses débuts à l'écran. Après une série de rôles secondaires, il atteint la notoriété grâce au sergent psychopathe de Platoon (1986) d'Oliver Stone. Costa-Gavras fera de lui le fermier fasciste de la Main droite du diable (1988), avant qu'Alan Rudolph ne le sorte du registre des personnages antipathiques en lui faisant jouer un détective déjanté dans l'Amour poursuite (1990), une comédie policière dans laquelle la voix enrouée de Berenger, son regard humide et sa démarche nonchalante font merveille. Il apparaît ensuite dans The Field (J. Sheridan, id.), Sliver (Ph. Noyce, 1993) ou En liberté dans les champs du Seigneur (H. Babenco, id.). Après quelques insuccès, on perd quelque peu sa trace dans des films assez obscurs dont peu sortent des États-Unis ou même du petit écran ; seule exception, The Gingerbread Man (R. Altman, 1997) où il tient un rôle épisodique.