Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
V

VAN DER HORST (Herman)

cinéaste néerlandais (Kinderdijk 1910 - Vogelenzang 1976).

Il fut l'un des documentaristes les plus méticuleux du cinéma néerlandais. D'abord photographe de la nature, il attire l'attention, à Cannes, en 1946, avec un court métrage, Metamorphosis. À partir des années 50, il est particulièrement apprécié pour ses documentaires sur la nature, comme Jetons les filets (Het schoot is the boord, 1952), Tenez bon ! (Houen zo, 1953) et, sur le Surinam, Faja Lobbi (1959). Son art touche à la perfection avec une description lyrique d'Amsterdam.

VAN DER KEUKEN (Johan)

cinéaste néerlandais (Amsterdam 1938 - id. 2001).

Après des études à l'IDHEC et des articles de critique cinématographique pour un hebdomadaire néerlandais, il réalise à partir de 1959 de nombreux films, surtout pour la télévision. Son style d'avant-garde prend peu à peu un ton de documentaire. Enfant aveugle (Blind Kind, 1964) et Hermann Slobbe, enfant aveugle (Blind Kind II,1966) sont une observation chaleureuse des tribulations d'un petit aveugle, tandis que Lucebert (Film voor Lucebert, 1967) étudie les façons d'être et les réalisations d'un peintre et poète hollandais d'aujourd'hui. Par la suite, Van der Keuken en vient à briser le fil du récit et, dans Beauty (1970), chaque image est délibérément mensongère : c'est « du trucage » comme dira lui-même le réalisateur. Diary (1972), plus construit, est le point de départ d'une phase plus personnelle dans la carrière de Van der Keuken. Tourné en Afrique et à Amsterdam, cette sorte de testament spirituel fait ressortir la fragilité de la qualité de la vie et met l'accent sur les problèmes de l'accroissement démographique dans le tiers-monde. Certains de ses films l'ont fait comparer à Chris Marker : curiosité, dépouillement, respect pour l'objet ou le filmé, travail pointilleux sur la signification du geste, du mouvement, réflexion philosophique, engagement social et politique sont des qualités évidentes d'un homme qui a filmé « à hauteur d'homme ».

Autres films :

Paris à l'aube (CO J. Blue, 1960) ; Un dimanche (Een Zondag, id.) ; Lucebert, peintre et poète (Lucebert, Dichter-Schilder, 1962) ; la Vieille dame (De Oude Dame, 1963) ; Beppie (1965) ; Quatre Murs (Vier Muren, id.) ; Big Ben (1967) ; l'Esprit du temps (De Tijd Geest, 1968) ; la Vélocité (De Sneilheid, 1970) ; la Forteresse blanche (Het witte Kasteel, 1973) ; Bert Schierbeek (id.) ; Viêt-nam opéra (id.) ; le Mur (id.) ; la Leçon de lecture (id.) ; le Nouvel Âge glaciaire (De nieuwe Ijstijd, 1974) ; les Vacances du cinéaste (Vakantie van de Filmer, id.) ; les Palestiniens (De Palestijnen, 1975) ; Printemps (Voorjaar, 1976) ; la Jungle plate (De Platte Jungle, 1978) ; le Maître et le Géant (De Meester en de Reus, 1980) ; Vers le Sud (De Weg naar het Zuiden, 1981) ; Tempête d'images (De Beelderstorm, 1982) ; Jouets (Speelgoed, 1983) ; le Temps (De Tijd, id.) ; I Love Dollars (1986) ; The Unanswered Question (1987) ; l'Œil au-dessus du puits (Het oog Boven de Put, 1988) ; le Masque (Het Masker, 1989) ; Face Value (1991) ; Cuivres débridés (Bewogen Koper, 1993) ; Amsterdam Global Village (1996) ; Amsterdam Afterbeat (1997) ; To Sang Fotostudio (id.) ; Derniers mots / Ma sœur Joke (Laatste Woorden/Mijn Zusje Joke, 1998 ; Vacances prolongées (De grote Vakantie, 2000).

VAN DORMAEL (Jacques, dit Jaco)

cinéaste belge (Ixelles 1957).

Mi-flamand, mi-wallon, né dans l'agglomération de Bruxelles, ce diplômé de l'École de cinéma de Bruxelles est un ancien clown (sous le nom de Jaco) et, surtout, metteur en scène de théâtre. Ses premiers films lui apportent une réputation justifiée, en particulier par E pericoloso sporgersi (1984, Grand Prix du Festival de Clermont-Ferrand l'année suivante) ou De Boot/le Bateau (1985), deux courts-métrages très inventifs. Son originalité s'affirme dans son premier long métrage, Toto le héros (1991), d'une grande qualité dans la construction, où s'interpénètrent les niveaux temporels, les plans obsessionnels, les effets de montage – une grande complexité qui pourtant ne déroute pas le spectateur. Il abandonne quelque peu cette virtuosité et cette modernité dans le Huitième Jour (1996), marqué par la rencontre entre deux acteurs, Daniel Auteuil et Pascal Duquenne, un mongolien déjà apparu dans un de ses courts métrages. Parfois contesté, mais plus encore admiré (et couronné d'un double prix d'interprétation à Cannes), ce film relève de préoccupations anciennes de l'auteur, qui avait tourné un documentaire sur une compétition sportive pour handicapés mentaux (Stade 81, 1981) et une brève fiction sur le même milieu, l'Imitateur (1982).

VAN DYKE (Dick)

acteur américain (West Plains, Mo., 1925 — Jackson, Tenn., 1986).

Acteur de cabaret, de théâtre et de télévision, il ne vient au cinéma qu'en 1963, pour recréer son rôle à succès dans Bye Bye Birdie (George Sidney). Son art de la comédie, ses talents de chanteur et danseur lui auraient sans doute, dix ans plus tôt, assuré une place importante dans la comédie musicale. Il est excellent dans le rôle du ramoneur de Mary Poppins (R. Stevenson, 1964). Par la suite, il brille encore dans Divorce American Style (Bud Yorkin, 1967), comédie corrosive où son cynisme fait merveille. Il élargit même son registre jusqu'au drame dans The Comic (Carl Reiner, 1969). La télévision lui est plus favorable.

VAN DYKE (Willard)

cinéaste américain (Denver, Colo., 1906 - Jackson, Tenn., 1986).

Photographe professionnel, il devient l'un des trois opérateurs de Pare Lorentz pour The River (1937). Chef opérateur et coréalisateur (avec Ralph Steiner) de The City (1939), il participe à toute l'aventure de la Frontier Film puis s'oriente vers un cinéma toujours documentaire (Valley Town, 1940) mais plus spécifiquement pédagogique à partir de 1946. En 1945, il réalise le film officiel sur la fondation des Nations unies : San Francisco. En 1965, il récapitule son expérience dans Frontline Cameras 1935-1965, anthologie de ses quelque 85 films.

VAN DYKE (Woodbridge Strong Van Dyke II, dit W.S.)

cinéaste américain (San Diego, Ca., 1889 - Los Angeles, Ca., 1943).

Assistant de Griffith pour Intolérance (1915), W. S. Van Dyke commence sa carrière de réalisateur en 1917. Il se spécialise longtemps dans les westerns de série et ce n'est qu'en 1928 qu'il parvient au niveau des œuvres de premier plan quand il remplace Robert Flaherty pour le tournage d'Ombres blanches, film avec lequel il entame une veine exotique particuliè-rement heureuse : Chanson païenne (The Pagan, 1929), Never the Twain Shall Meet (1931), The Cuban Love Song/Rumba (id.) et Eskimo (1933) qui égale Ombres blanches. C'est la part la plus personnelle de son œuvre, la plus élaborée, qu'il s'agisse de la construction du récit, de l'harmonie plastique éblouissante des plans, de la fidélité à un lyrisme panthéiste que le cinéma américain a su rarement retrouver, sinon sur les marges du western crépusculaire.