Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SHARITS (Paul)

peintre et cinéaste expérimental américain (Denver, Colo., 1943 - Buffalo 1993).

Il fait ses premiers films pendant ses études (peinture, typographie, photo) à Denver et à l'université d'Indiana à Bloomington, où il fonde un groupe de cinéma expérimental. En 1966, il réalise sept petits films en boucle qui prendront place dans une anthologie Fluxus. Ses films suivants, Ray Gun Virus (1966), Piece Mandala / End War (1966), N : O : T : H : I : N : G (1968) ou T : O : U : C : H : I : N : G (1968) sont surtout des clignotements de couleurs. Cinéaste dit « structurel », il s'autorise de Barthes pour proposer un cinéma qui soit « une syntaxe sans signification ». Mais, en prenant leur matérialité comme objet, ses films suivants (S : S : S : S : S : S, 1968-1970 ; Axiomatic Granularity, 1973 ; Analytical Studies, 1971-1976 ; Epileptic Seizure Comparison, 1976 ; Episodic Generation, id. ; Declarative Mode, 1976-77 ; 3rd Degree, 1982) ne renoncent ni à la subtilité des mises en abyme ni à la beauté des couleurs. Ils sont en outre souvent conçus pour plusieurs projecteurs, incorporés à des installations ou exposés en tableaux de pellicule.

SHARP (Don)

cinéaste britannique (Hobart, Tasmanie, Australie, 1922).

Acteur de théâtre en Australie puis scénariste en Grande-Bretagne. Son film le plus célèbre, le Baiser du vampire (The Kiss of the Vampire, 1963), attira l'attention sur lui au moment où ceux de Terence Fisher mettaient à la mode une nouvelle forme de cinéma d'horreur à l'anglaise, et il tenta dans les Pirates de l'île du diable (The Devil-Ship Pirates, 1963) et le Masque de Fu Manchu (The Face of Fu Manchu, 1965) de combiner l'aventure et le fantastique. Raspoutine, le moine fou (Rasputin, the Mad Monk, 1965) et Dieu sauve la reine (Hennessy, 1975), consacré à un complot fomenté par un dissident de l'IRA, furent aussi peu convaincants que son remake des Trente-Neuf Marches (The 39 Steps, 1979).

SHAVELSON (Melville)

scénariste, producteur et cinéaste américain (New York, N. Y., 1917).

Gagman et scénariste de Bob Hope et de Danny Kaye dans les années 40, à la scène puis à l'écran, il passe à la réalisation en 1955, mais sa filmographie est brève et ses résultats mitigés : on n'en retient que C'est arrivé à Naples (It Started in Naples, 1960) pour la rencontre Gable-Loren, le Pigeon qui sauva Rome (The Pigeon That Took Rome, 1962) et son seul film dramatique, l'Ombre d'un géant (Cast a Giant Shadow, 1966).

Il a publié plusieurs ouvrages sur ses mésaventures dans le monde hollywoodien, How to Make a Jewish Movie (1971) et Lualda (1975).

SHAW (Irwin)

romancier et scénariste américain (New York, N. Y., 1913 - Davos, Suisse, 1984).

Né dans une famille originaire de Russie, il écrit d'abord pour la radio, notamment des épisodes pour Dick Tracy. Auteur à succès de l'édition et de la scène, Irwin Shaw a eu plus d'une fois les honneurs de l'adaptation cinématographique. Lui-même a occasionnellement signé des scénarios, des adaptations (Barrage contre le Pacifique, R. Clément, 1958, d'après Marguerite Duras) et même des productions (À la française, R. Parrish, 1963, d'après un roman de Shaw). Son best-seller sur la Seconde Guerre mondiale est devenu un très gros succès cinématographique : le Bal des maudits (E. Dmytryk, 1958). Une carrière disparate dans laquelle il est difficile d'isoler des lignes directrices : son roman Quinze Jours ailleurs, dont il a cosigné l'adaptation (V. Minnelli, 1962), définissait justement cette sorte de chaos cosmopolite. On lui doit également une adaptation de la pièce d'Eugene O'Neill, le Désir sous les ormes (D. Mann, 1958).

SHAW (Robert)

acteur britannique (Westhoughton, Angleterre, 1927 - Tourmakeady, Irlande, 1978).

Ancien membre de l'Old Vic, et par ailleurs dramaturge et romancier, il débute au cinéma dans les Briseurs de barrages (M. Anderson, 1954). D'abord spécialiste de films d'action (Commando en Corée les Échappés de l'enfer [A Hill in Korea], Julian Amyes, 1956 ; Alerte sur le Vaillant [The Valiant], R. Baker, 1962 ; Bons Baisers de Russie, T. Young, 1963), il triomphe dans l'adaptation cinématographique d'une pièce d'Harold Pinter (The Caretaker, C. Donner, id.). Après des compositions très efficaces dans Situation désespérée mais pas sérieuse (G. Reinhardt, 1965, d'après un des romans de Shaw, la Grille), la Bataille des Ardennes (K. Annakin, 1965), Un homme pour l'éternité (F. Zinnemann, id., où il joue Henry VIII), la Bataille d'Angleterre (G. Hamilton, 1970), Joseph Losey lui confie le rôle d'un des deux fugitifs de Deux Hommes en fuite (id.) et Richard Attenborough lui demande d'incarner Churchill dans les Griffes du Lion (1972). L'année 1973 lui apporte une consécration avec la Palme d'or du festival de Cannes pour la Méprise (A. Bridges) et le succès commercial de l'Arnaque (G. Roy Hill, dans le rôle du gangster). Avant sa mort, il incarne encore le baroudeur chasseur de requin dans les Dents de la mer (S. Spielberg, 1975) et le cruel shérif de Nottingham dans la Rose et la Flèche (R. Lester, 1976).

Spécialisé dans des rôles de composition volontiers antipathiques, il a su mettre à profit son expérience du théâtre classique shakespearien, pour leur conférer une dimension hors du commun.

SHAW (Shao Yifu, dit Run Run)

producteur chinois (1907).

Issu d'une riche famille de Shanghai productrice de textile, il entre en 1925 à la Tianyi, dirigée par son frère aîné Shao Zuiweng. Il y débute comme cadreur et scénariste. Il se rend ensuite à Singapour pour gérer les salles diffusant les films produits par son frère Shao Runmei. C'est à cette époque qu'il acquiert le nom honorifique malais Run Run Shaw. En 1958, afin d'aider l'entreprise familiale, Shao and Sons Ltd, mise à mal par la Dianmou, il quitte Singapour pour Hong Kong. Il décide d'y créer une nouvelle société de films, la Shaw Brothers. La première production, superbe fresque historique et premier film en couleurs hongkongais, le Royaume et la beauté (Li Hanxiang, 1958), remporte un très grand succès. Run Run Shaw entreprend alors de construire une « ville du cinéma » à Clearwater Bay, la Shaw Movietown, inaugurée en 1961. Avec des réalisateurs comme King Hu ou Chang Cheh et des stars comme Le Di ou Joséphine Siao sous contrat, la Shaw Brothers devient un studio organisé sur le modèle hollywoodien, produisant plus de trente films par an dans les années 60. Son hégémonie sur le cinéma de l'Asie du Sud-Est est totale jusque dans les années 70, période à laquelle un ancien cadre du studio, Raymond Chow, crée sa propre société, la Golden Harvest. Run Run Shaw doit alors se contenter de produire les films de kung-fu de Liu Chia-Liang, puis ceux de réalisateurs de seconde zone. Dans les années 90, la Shaw Brothers délaisse progressivement la production cinématographique pour se concentrer sur les séries télévisées.