Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KEEN (Jeff)

cinéaste expérimental britannique (né en 1923).

« Surréaliste de la deuxième génération », il commence à utiliser en 1960 le 8 mm dans des spectacles où interviennent aussi des sons, des diapositives, des objets (souvent des poupées, inéluctablement brûlées au chalumeau) et des acteurs (généralement sa femme et lui). Dès 1962, il crée et interprète le personnage du Dr Gaz, flegmatique et ravageur (Marvo Movies, 1967 ; Raydayfilm, 1970 ; Kinogaz, v. 1975 ; The Return of Dr. Gaz, 1976). Dans ce genre parodique, White Dust (1972) est sans doute sa meilleure œuvre.

KEIGEL (Léonard)

cinéaste français (Londres, GB, 1929).

Auteur d'œuvres ambitieuses et d'accès difficile, il ne connaît aucun succès commercial malgré un bon accueil de la critique. Outre Qui ? (1970), film policier plutôt complexe, on lui doit deux adaptations sensibles : Léviathan (1962), d'après Julien Green ; la Dame de pique (1965), d'après Pouchkine ; Une femme, un jour (1977), qui renoue avec les prédilections du réalisateur pour les atmosphères troubles, teintées d'émotion et souvent imprégnées de fantastique.

KEIGHLEY (William)

cinéaste américain (Philadelphie, Pa., 1889 - New York, N. Y., 1984).

Acteur et metteur en scène de théâtre, il arrive à Hollywood avec le parlant et, en 1932, commence à diriger, pour la Warner essentiellement. Réalisateur prolifique pendant une vingtaine d'années, on lui doit d'excellents films de gangsters (G. Men, 1935 ; Guerre ou Crime [Bullets or Ballots], 1936 ; À chaque aube je meurs [Each Dawn I Die], 1939 ; la Dernière Rafale [The Street With No Name], 1948) et une bonne moitié (à dire vrai, la plus impersonnelle) des Aventures de Robin des Bois (CO M. Curtiz, 1938) ; il a aussi signé un curieux western, la Révolte des dieux rouges (Rocky Mountain, 1950). Mais il s'est plus d'une fois égaré dans le monde de la comédie (la meilleure étant sans doute The Man Who Came to Dinner, 1942) ou dans le mélo paternaliste (les Verts Pâturages [Green Pastures], CO Marc Connelly, 1936). Son dernier film, le Vagabond des mers (The Master of Ballantrae, 1953), d'après Stevenson, doit tout à la photo de Jack Cardiff et à l'interprétation, Errol Flynn en tête. Après sa retraite, Keighley s'installe à Paris avec son épouse Geneviève Tobin, qui a joué dans plusieurs de ses films.

KEITEL (Harvey)

acteur américain (New York, N. Y., 1947).

Élève de l'Actors Studio, il tourne son premier film sous la direction de Martin Scorsese : Who's That Knocking at my Door ? (1968). Le même cinéaste lui confie encore des personnages tourmentés et violents dans Mean Streets (1973), Alice n'est plus ici (1975) et Taxi Driver (1976). Après Ambulance tous risques (P. Yates, 1976), Buffalo Bill et les Indiens (R. Altman, id.), Welcome to L. A. (A. Rudolph, 1977), Duellistes (R. Scott, 1977), on le voit en musicien doublé d'un extorqueur de fonds dans le curieux Mélodie pour un tueur (Fingers, J. Toback, 1978). Il trouve un de ses rôles les plus fouillés avec Blue Collar (P. Schrader, id.). On le voit encore dans Saturne 3 (S. Donen, 1979), Health (R. Altman, id.), la Mort en direct (B. Tavernier, 1980), Enquête sur une passion (N. Roeg, id.), Police Frontière (T. Richardson, 1981), Une pierre dans la bouche (Jean-Louis Leconte, 1983), Exposed (James Toback, id.), L'inchiesta (D. Damiani, 1986). Il retrouve Scorsese en 1988 pour la Dernière Tentation du Christ où il incarne Judas puis tourne notamment The January Man (Pat O'Connor, 1989), The Two Jakes (J. Nicholson, 1990), Thelma et Louise (R. Scott, 1991), Pensées mortelles (A. Rudolph, id.), Bugsy (B. Levinson, id.). Après un succès auprès de Whoopi Goldberg dans Sister Act (Emile Ardolino), 1992 lui apporte une manière de consécration avec deux grands rôles dans des films ambitieux : il est l'un des gangsters de Reservoir Dogs (Q. Tarantino) et, surtout, le flic corrompu et halluciné de Bad Lieutenant (A. Ferrara). Décidément, il traverse un des grands moments de sa carrière puisqu'il enchaîne l'année suivante avec sa composition sombrement romantique de la Leçon de piano (J. Campion), une réussite toute en nuances, opposée aux débordements du cinéaste fièvreux de Snake Eyes (A. Ferrara). En pleine activité, il apparaît dans Nom de code : Nina (Point of No Return, J. Badham, 1993), Soleil levant (Ph. Kaufman, id.), Clockers (S. Lee, 1995) et s'impose dans trois films importants : Smoke (W. Wang, 1994), Brooklyn Boogie (Paul Auster et W. Wang, id.) et surtout le Regard d'Ulysse (T. Angelopoulos, 1995). Après cela, les silhouettes qu'il campe dans Une nuit en enfer (From Dusk Till Dawn, 1996, Robert Rodriguez), dans City of Crime (id., John Irvin, id.) et même dans Cop Land (id., James Mangold, 1997), tout en étant plaisantes, ne sont que du menu fretin. En 1998 il tourne dans Shadrach (id., Susanna Styron, fille du romancier William Styron) et, en 1999, il retrouve Jane Campion pour Holy Smoke où il campe avec son engagement physique coutumier un étonnant personnage de désenvouteur destabilisé par celle qu'il doit désenvouter.

KEITH (Brian)

acteur américain (Bayonne, N. J., 1921 - Malibu, Ca., 1997).

Fils de l'acteur Robert Keith, cet excellent comédien de films d'action est tantôt animé par la méchanceté noire (le Souffle de la violence, R. Maté, 1955), tantôt habité par la bonhomie (Reflets dans un œil d'or, J. Huston, 1967), voire par un mélange des deux (l'ami/traître de Robert Mitchum dans Yakuza, S. Pollack, 1975). Il a tourné dans de nombreux westerns, dans de nombreuses productions Walt Disney et des séries télévisées.

KEITH (Robert)

acteur américain (Fowler, Ind., 1896 - Los Angeles, Ca., 1966).

Un des grands acteurs de second plan d'Hollywood. Bien qu'ayant débuté au muet, ce n'est que dans les années 50 qu'il tourne ses meilleurs films. Vieilli, fatigué, il parvient alors à donner une incontestable vérité à des rôles de pères dépassés par les problèmes de leur progéniture (Quatorze Heures, H. Hathaway, 1951 ; Écrit sur du vent, D. Sirk, 1957) ou de représentants d'une génération qui disparaît (l'Équipée sauvage, L. Benedek, 1954). Il est le père de Brian Keith.