Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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BELGIQUE. (suite)

Pour l'animation, à côté des productions des studios Belvision, qui ont produit notamment des Asterix, Lucky Lucke, Tintin, mentionnons les travaux de Raoul Servais* (Goldframe, 1969 ; Pegasus, 1973 ; Harpya, 1978 ; Taxandria, 1995) et ceux de Gérard Frydman (Scarabus, 1973) qui renouent avec une certaine iconographie surréaliste. L'animation belge a connu une notoriété internationale avec les longs métrages de Picha (Tarzoon, la honte de la jungle, 1975, et le Chaînon manquant, 1979). Robbe De Hert, après son ambitieux film de combat, le Filet américain (1978), réalise un remake de l'œuvre de 1934, De Witte (1980), puis une comédie populaire, les Costauds (1984) ; Thierry Zeno donne dans un cinéma expérimental provocateur (Vase de noces, 1974, Des morts, coréalisé avec Jean-Pol Ferbus et Dominique Garny, 1978). Des cinéastes de talent comme Maurice Rabinowicz (le Nosférat, 1974 ; Une page d'amour, 1977) ou Jean-Jacques Andrien* (Le fils d'Amr est mort, 1975 ; le Grand Paysage d'Alexis Droeven, 1980) n'ont pas réussi à atteindre une grande renommée hors de leurs frontières.

Le renouveau du cinéma belge.

De nouveaux venus apparaissent : Chris Vermorkhen (Io sono Anna Magnani, 1980), Annick Leroy (Berlin de l'aube à minuit, 1981), Mary Jimenez (21 h 12, piano bar, id.), Marc Didden (Brussels by Night, 1984), Gérard Corbiau (le Maître de musique, 1989 ; l'Année de l'éveil, 1991), Jaco Van Dormael (Toto le héros, 1991 ; le Huitième Jour, 1997). La tradition du documentaire reste vivace : Manu Bonmariage (Allo police, 1987, les Amants d'Assise, 1991, Keufs dans la ville, 1995), Thierry Michel (Hôtel particulier, 1985, Gosses de Rio, 1990, Zaïre : le cycle du serpent, 1992), Jean-Jacques Andrien (Mémoires, 1984, Australia, 1989), etc. Le film sur l'art devient plus sophistiqué avec Thierry Zeno, Marcel Broodthaers, Thierry Knauff, Éric Pauwels, mêlant parfois documentaire et fiction, ou recherches subjectives comme dans Permeke (Patrick Conrad et Henri Storck*,1985). La Belgique reste un bastion du film d'avant-garde, expérimental, surréaliste, égocentrique : Boris Lehmann, Philippe Simon, Roland Lethem, Olivier Smolders, Noël Godin, Sammy Slingerbaum, Jean Bucquoy, Patrick Van Antwerpen.

La production de longs métrages de fiction recherche le succès populaire. Après Hector (1988) et Koko Flanel (1990) réalisés autour du personnage d'Urbanus, le comique le plus populaire des pays néerlandophones, Stijn Coninx, réalise une grande fresque historique et sociale, Daens (1992), Robbe De Hert, après Blueberry Hill (1988), réalise Dupont et Dupont tournent un film (Janssen en Janssen draaien een film, 1990), Yves Hanchar tourne la Partie d'échecs (1993), avec Catherine Deneuve. Des écrivains sont passés à la réalisation : Hugo Claus (le Sacrement,, 1990), Jean-Philippe Toussaint* (Monsieur, 1989, la Patinoire, 1999). Marion Hansel* tourne en différents pays d'Europe depuis Dust (1984), et, dans des genres différents, Jaco Van Dormael * (Toto le héros, 1991) et Gérard Corbiau* se sont fait connaître bien au-delà des frontières. En 1992, un film à très petit budget, C'est arrivé près de chez vous, de Rémy Belvaux et Benoît Poelvoorde, associés au Français André Bonzel n'a pas connu de suite malgré son succès.

Depuis l'évolution des institutions du pays vers le fédéralisme, les communautés flamande et francophone se sont dotées chacune d'un fonds d'aide au cinéma. L'une collabore le plus souvent avec les Pays-Bas et parfois la Grande-Bretagne, l'autre avec la France, voire la Suisse. C'est ainsi que tournent beaucoup de cinéastes : Freddy Copens, Robbe De Hert, Stijn Coninx, Marc-Henri Wajnberg (Just Friends, 1993), le chef-opérateur Charlie Van Damme (le Joueur de violon, 1994), Henri Xhonneux (Marquis, 1989), Jean-Pierre et Luc Dardenne* qui obtiennent la Palme d'or à Cannes en 1999 pour Rosetta, Lucas Belvaux (Parfois trop d'amour, 1991-93), J.-P. Toussaint, Dominique Deruddere, Marian Handwerker, Mary Mandy, Yves Hanchar, Alain Berliner (Ma vie en rose, 1997), Yvan Lemoine, Harry Cleven, Frank Van Passel – mais la plupart se plaignent de la surveillance tâtillonne à laquelle ils doivent se soumettre vis-à-vis des autorités de chaque communauté attentive au respect de la langue et des références. La culture est devenue l'affaire des Communautés, la « belgitude » est fractionnée, le cinéma belge, en quête d'identité (et de marché) depuis toujours a éclaté au cours des années 1990. Et comme auparavant, un réalisateur qui parvient à faire un film de long métrage tous les trois à cinq ans s'estime privilégié.

BELL (Marie-Jeanne Bellon-Downey, dite Marie)

actrice française (Bègles 1900 - Neuilly-sur-Seine 1985).

Elle entre en 1921 à la Comédie-Française, dont elle va devenir une des grandes sociétaires. Le muet lui propose des évocations historiques : Madame Récamier (Gaston Ravel, 1928). Le parlant la consacre vedette à part entière dès La nuit est à nous (H. Roussell et C. Froelich, 1930). Elle tourne beaucoup sans bien choisir ses films mais peint de façon romantique l'héroïne d'Un carnet de bal (J. Duvivier, 1937). Feyder lui confie le double rôle de la blonde et de la brune du Grand Jeu (1934), et Jacqueline Audry celui de la Garçonne (1937). C'est un monstre sacré dont Visconti se souviendra dans Sandra (1965) et Jean-Claude Brialy dans les Volets clos (1973).

BELL (Monta)

cinéaste américain (Washington, D. C., 1891 - Los Angeles, Ca., 1958).

Après des débuts dans le journalisme (en particulier au Washington Herald), il se lie à Hollywood avec Charlie Chaplin. Il joue un rôle dans le Pèlerin (1923), puis est monteur sur l'Opinion publique (id.). C'est ce film ainsi que l'œuvre de Lubitsch qui vont l'influencer durablement. À la Warner, et surtout à la MGM, il dirige en particulier des comédies qui sont parmi les plus remarquables des années 20 avec celles de Harry d'Abbadie d'Arrast et Jean de Limur. Outre le premier film de Garbo en Amérique, le Torrent (The Torrent, 1926), il faut noter, dans une œuvre abondante, Upstage (id.), Man, Woman and Sin (1927), Bellamy Trial (1929), Young Man of Manhattan (1930). Pendant les années 30, il travaille essentiellement comme producteur à la Paramount.