Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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BARANOVSKAÏA (Vera) [Vera Ferodovna Baranovskaja]

actrice soviétique (Moscou 1885 - Paris 1935).

Formée par le théâtre d'Art de Moscou, élève de Stanislavski, elle n'avait joué que des rôles sans grand relief à l'écran (sous la direction de Bontch-Tomatchevski, Tatichtchev et Leo Mour) quand elle fut appelée par Vsevolod Poudovkine pour incarner l'héroïne principale de la Mère (1926), d'après l'œuvre de Gorki. Ce rôle puissant — l'éveil de la conscience de classe chez une humble femme du peuple — devait la marquer profondément. Dans un registre assez proche, elle tourna la Fin de Saint-Pétersbourg (1927), du même Poudovkine, et, après avoir quitté l'URSS en 1929, Telle est la vie (1929), du cinéaste sudète Carl Junghans. Elle se fit appeler à Prague et à Paris Vera Barsoukov, apparut encore dans des productions mineures de Karl Anton (Monsieur Albert, 1932) et Alexis Granowsky (les Aventures du roi Pausole, 1933), puis se retira discrètement de la vie du spectacle.

BARATIER (Jacques Baratier de Rey, dit Jacques)

cinéaste français (Montpellier 1918).

D'abord auteur de courts métrages (dont Désordre, 1949, sur Saint-Germain-des-Prés, Métier de danseur, 1953, et Paris, la nuit, 1956, CO Jean Valère), il tourne son premier grand film en Tunisie en 1957 : Goha le simple, sur un scénario de Georges Schéhadé. Cinéaste ambitieux, Baratier travaillera par la suite avec Audiberti (la Poupée, 1962), Arrabal (Piège, 1969), Christiane Rochefort (la Décharge, 1970, film sur les bidonvilles, remanié plus tard sous le titre la Ville-Bidon, 1976). Il a exprimé un humour très personnel dans l'Or du duc (1965). Aucun de ses films n'a rencontré de succès commercial, à l'exception peut-être de Dragées au poivre (1963). « Le cinéma, déclare Baratier, a toujours été pour moi une aventure plus qu'un métier. » Il réalise en 1986 l'Araignée de satin.

BARATTOLO (Giuseppe)

producteur italien (Naples 1881 - Rome 1949).

D'abord actif dans le secteur de la distribution, Barattolo fonde en 1913 la société de production Barattolo-Giomini-Panella, qui devient l'année suivante la Caesar Film. Le succès de cette maison est lié aux films tournés avec Francesca Bertini, la première grande diva du cinéma italien. Pour elle, Barattolo crée même en 1918 la Bertini Film, filiale de la Caesar. Afin de résoudre les problèmes de production nés au lendemain de la guerre, Barattolo est à l'origine de l'Union cinématographique italienne, trust constitué en 1919 par le regroupement des principales sociétés italiennes. La faillite de l'UCI en 1923 est largement imputable à la politique peu avisée du producteur. Avec les débuts du film sonore, Barattolo relance la Caesar Film (1931-1934) et produit quelques titres marquants (notamment des œuvres de Palermi). En 1938, la Caesar Film est absorbée par la Scalera Film, pour laquelle Barattolo devient directeur de production. Il est à l'origine de la fondation, en 1942, des studios Scalera de Venise.

BARBACHANO PONCE (Manuel)

producteur mexicain (Mérida, Yucatán, 1924 – Mexico 1994).

Initiateur d'un timide courant indépendant, en marge de l'industrie traditionnelle (sclérosée, mais encore puissante), il a produit notamment Raíces (B. Alazraki, 1953), Toro (C. Velo, 1956), Nazarin (L. Buñuel, 1958), Sonatas (J. A. Bardem, 1959), El gallo de oro (R. Gavaldón, 1964), Pedro Páramo (C. Velo, 1966), Frida, naturaleza viva (P. Leduc, 1984), Tequila (Rubén Gámez, 1992) et plusieurs films de J.H. Hermosillo parmi lesquels Maria de mi corazón (1979), Doña Herlinda y su hijo (1984), La tarea (1990), La tarea prohibida (1992). Complice de Zavattini lors de ses séjours latino-américains, Barbachano est un cas assez rare de producteur resté fidèle à ses premières inquiétudes.

BARBARO (Umberto)

scénariste, critique et théoricien italien (Acireale 1902 - Rome 1959).

Également dramaturge et romancier, il réalise un long métrage, Ultima nemica (1937), la même année qu'il est nommé professeur au Centro sperimentale de Rome, où l'influence de son enseignement, appuyé sur l'étude des films ou des textes de Eisenstein, Koulechov, Balázs, est sensible. À partir de 1945 et jusqu'en 1948, il dirige la revue Bianco e nero, apportant au néoréalisme une théorisation parallèle, sans cesser de prolonger ses réflexions sur les problèmes du langage cinématographique, les rapports de l'art au marxisme, le rôle du film documentaire (il a réalisé quelques CM, dont, en collaboration avec Roberto Longhi, un Carpaccio, 1947, et un Caravaggio, 1948). Il écrit pour Giuseppe De Santis le scénario de Chasse tragique (1948), où il imbrique avec efficacité les données sociopolitiques et le mécanisme dramatique. Il a pu croire que le néoréalisme serait l'expression d'un lyrisme national à l'image de l'âge d'or soviétique. Mais l'importance qu'il accorde au langage, au scénario, à l'esthétique lui vaut une audience réelle. Il a incité à la traduction de textes étrangers essentiels (Poudovkine, Balázs, Eisenstein), et publié lui-même plusieurs ouvrages, dont : Soggetto e sceneggiatura (Rome 1948) ; Il film e il rinarcimento marxista dell'arte (Rome 1960) ; Servitu e grandezza del cinema (Rome 1962) ; Il mestiere del critico (Milan, id.).

BARBERA (Joseph, dit Joe)

producteur et cinéaste d'animation américain (New York, N. Y., 1911).

Entré en 1937 dans les studios d'animation de la MGM, il s'associe avec William Hanna pour réaliser à partir de 1940 la série fantastiquement populaire des Tom et Jerry, qui leur vaudra sept Oscars. Ils deviennent leurs propres producteurs en 1955 et quittent la MGM en 1957 pour produire la série des Loopy the Loop puis des séries télévisées de plus en plus médiocres, fondées sur la standardisation, puis l'usage des ordinateurs d'image pour l'animation (les Pierrafeu [The Flintstones], Yogi Bear, etc.) [ Hanna.]

BARDÈCHE (Maurice) et BRASILLACH (Robert)

BARDÈCHE (Maurice) écrivain français (Dun-sur-Auron 1908 - Canet-Plage 1998) et BRASILLACH (Robert) journaliste et romancier français (Perpignan 1909 - Fort de Montrouge 1945).

Robert Brasillach est le critique littéraire en titre de l'Action française quand il publie en 1935, avec son beau-frère Maurice Bardèche, une Histoire du cinéma (chez Denoël), rééditée, avec de nombreuses additions et modifications, en 1943, 1948 et 1953. Le plus grand mérite de ce livre, de grande audience à l'époque, contestable sur bien des points – en particulier par un antisémitisme virulent appliqué au monde du cinéma – est d'être l'un des tout premiers à avoir une ambition aussi universelle. Lors de la première publication de leur ouvrage, les deux auteurs avaient tout juste vingt-six ans.