Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DAGOVER (Marta Seubert, dite Lil)

actrice allemande (Pati, Java, Indes néerlandaises, 1887 - Munich 1980).

C'est Fritz Lang qui la fait débuter à l'écran, alors qu'elle vient de divorcer de l'acteur de théâtre Fritz Daghofer, dans Madame Butterfly / Hara Kiri (1919) et les Araignées (id.), rôles exotiques, ici d'une prêtresse inca, là d'une geisha qui se meurt d'amour. Mais c'est surtout le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene qui, la même année, la révèle : c'est elle qu'emporte sur les toits de la ville endormie, en chemise de nuit vaporeuse, Cesare le somnambule. Ses grands yeux apeurés, sa vulnérabilité, sa photogénie lui valent une notoriété qui s'étendra hors des frontières de son pays puisque, après avoir été dirigée de nouveau par Lang (les Trois Lumières, 1921 ; Mabuse le joueur, 1922), par Murnau (Phantom, 1922 ; Tartuffe, 1926), par Arthur von Gerlach (la Chronique de Grieshuus, 1924), elle ira tourner des films en Suède, en France (Monte-Cristo, 1929, d'Henri Fescourt, où elle est une séduisante comtesse de Morcerf, le Tourbillon de Paris, de Julien Duvivier [1928]) et, au début du parlant, aux États-Unis (la Dame de Monte-Carlo, M. Curtiz, 1932). Elle passe avec aisance des brouillards expressionnistes à l'opérette filmée (Le congrès s'amuse, E. Charell, 1931), au film historique (Elizabeth von Österreich, Adolf Trotz, id. ; l'Espion de Napoléon Haut Commandement [Der höhere Befehl, 1935], de Gerhard Lamprecht), à la comédie musicale (Accord final, 1938, de Detlef Sierck [Douglas Sirk]) et au film de propagande (Friedrich Schiller, Herbert Maisch, 1940 ; Bismarck, W. Liebeneiner, id.). Après la guerre, elle apparaîtra encore, parfois en guest star, dans une vingtaine de films, dont une adaptation (par A. Weidenmann) des Buddenbroks, en 1959. En 1974, Hans Jürgen Syberberg lui confie l'un des rôles clefs de son Karl May. Maximilian Schell, qui l'avait déjà dirigée dans le Piéton (1973), lui offre son dernier rôle dans Légendes de la forêt viennoise (1978), aux côtés d'autres fantômes surgis du passé, Käthe Gold, Kristina Søderbaum et Helmut Käutner.

DAGUERRE (Louis Jacques Mandé)

peintre et inventeur français (Cormeilles-en-Parisis 1787 - Bry-sur-Marne 1851).

Ayant eu connaissance des travaux de Niepce, il finit par obtenir de ce dernier une association. Poursuivant les recherches après la mort de Niepce, il met au point le procédé du daguerréotype, présenté en 1839, qui fait entrer la photographie dans l'ère de l'utilisation pratique.

DAHL (John)

cinéaste américain (Billing, Mont., 1956).

D'abord dessinateur de storyboard (notamment pour Jonathan Demme), John Dahl est passé à la réalisation en 1989. Il entamait alors une trilogie de films noirs modernes, écrits par lui, qui s'amusait à décliner les possibilités offertes par le classique triangle criminel : l'homme, la garce et le magot. Kill Me Again (id.), premier volet, est aussi le plus fruste et ce n'est pas là son moindre charme. Red Rock West (id., 1993), où brillait Nicolas Cage, est le plus travaillé formellement et éclate de couleurs rutilantes. The Last Seduction (id., 1994) est le plus réussi, équilibrant bien un scénario très astucieux, une forme raffinée et une interprétation chatoyante (Linda Fiorentino). Depuis, il s'est piégé dans la répétition d'une formule et dans les rouages d'une mécanique huilée mais exsangue : Mémoires suspectes (Unforgettable, 1997) ; les Joueurs (Rounders, 1999).

DAHL (Arlene)

actrice américaine d'origine norvégienne (Minneapolis, Minn., 1924).

Mannequin de mode, elle doit à un concours de beauté ses débuts à l'écran en 1947. Révélée par le Livre noir (A. Mann, 1949), elle était vouée par sa sensualité éclatante aux intrigues romanesques et exotiques : le Trésor des Caraïbes (1952) et Sangaree (1953) d'Edward Ludwig. Mais seul Allan Dwan sut mettre en valeur tout son potentiel érotique (Deux Rouquines dans la bagarre, 1956). Depuis 1959, elle se produit surtout sur scène et à la télévision. Elle dirige, en outre, une entreprise spécialisée dans la lingerie féminine et les produits de beauté, auxquels elle a consacré plusieurs ouvrages.

DAHL (Gustavo)

cinéaste brésilien (Buenos Aires, Argentine, 1938).

Critique formé à São Paulo, auprès de Paulo Emilio Salles Gomes et de la Cinémathèque brésilienne, il fréquente le Centro sperimentale di cinematografia, à Rome, et y tourne un court métrage expérimental (Danza Macabra, 1962). Après avoir travaillé au montage de films du Cinema Novo, il réalise un documentaire désincarné et méticuleux sur les villes minières de Minas Gerais (Em Busca do Ouro, 1966). Son premier long métrage, O Bravo Guerreiro (1969), s'inscrit dans le courant ouvert par O Desafio (P. C. Saraceni, 1965) et Terre en transe (G. Rocha, 1967), procédant à une introspection autocritique du monde de la politique et du rôle des intellectuels. Uirá, um Índio em Busca de Deus (1974) élargit le discours politique aux choix de civilisation. Appuyée sur les travaux de l'anthropologue Darcy Ribeiro, la quête spirituelle d'un couple d'Indiens révèle l'écart culturel profond qui les sépare des Blancs. Un des premiers à théoriser la portée culturelle de la conquête du marché cinématographique brésilien par la production nationale, Dahl a eu de hautes responsabilités au sein d'Embrafilme (1974-1979) et ensuite à la tête du Concine (1985-86). En 1984, il est revenu à la mise en scène avec Tensão no Rio. Véritable « professionnel de la profession », il assume la présidence du Congrès du cinéma brésilien en 2000.

DAHLBECK (Eva)

actrice suédoise (Saltsjö-Duvnäs 1920).

Élève en 1939 du Théâtre royal d'art dramatique de Stockholm, dont elle deviendra plus tard l'un des grands noms, elle débute à l'écran en 1942 dans un film de Gustav Molander, ‘Chevauchée nocturne’ (Rid i natt). Elle s'impose progressivement sous la direction de Rune Carlsten, Ake Ohberg, Hasse Ekman, Hampe Faustman, Anders Henrikson, Arne Mattsson et remporte un succès de prestige dans ‘Rien qu'une mère’ (1949) d'Alf Sjöberg. En 1952, elle est découverte par Ingmar Bergman. Spirituelle, fantasque, mais décidée et impulsive, la blonde Eva Dahlbeck forme dans l'Attente des femmes (1952) et Une leçon d'amour (1954) un couple mémorable avec Gunnar Björnstrand. Bergman saura désormais employer avec beaucoup de bonheur une actrice capable de rendre avec des nuances inégalables certains rôles à la fois souriants et grinçants (Sourires d'une nuit d'été, 1955 ; Toutes ses femmes, 1964), d'autres plus mélancoliques (Rêves de femmes, 1955), d'autres enfin émouvants et dramatiques (Au seuil de la vie, 1958). Lorsque Bergman lui en laisse le loisir, elle apparaît dans Barabbas (A. Sjöberg, 1953), ‘le Dernier Couple qui court’ (id., 1956, sur un scénario de Bergman), ‘les Petits Riens de l'amour’ (Kärlekens decimaler, H. Ekman, 1960), les Amoureux (M. Zetterling, 1964). Elle semble vouloir mettre un terme à sa carrière à l'écran à la fin des années 60 après avoir interprété les Chattes (H. Carlsen, 1965), les Créatures (A. Varda, 1966), la Mante rouge (Den røde Kappe, G. Axel, 1967) et Sophie de 6 à 9 (H. Carlsen, id.). Elle est également scénariste (‘le Meurtre d'Yngsjö’ d'Arne Mattsson en 1966) et romancière.