Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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FRIČ (Martin) (suite)

Après la guerre, la réputation de Martin Frič grandit encore avec les Contes de Čapek (Čapkovy povídky, 1947), la Ville de fer (Zocelení, 1950), le Piège (Past, id.) et, surtout, les films jumeaux le Boulanger de l'Empereur et l'Empereur des boulangers (Císařův pekař ; Pekařův císař, 1951), avec Jan Werich dans le double rôle principal.

La carrière prolifique de Frič (plus de cent films en quarante et quelques années au service du cinéma) se poursuit au cours des années 60 avec, notamment, le Roi des rois (Král Králů, 1963) et Une étoile nommée Absinthe (Hvězda zvaná Pelyněk, 1964). Il devient pour la jeune génération un tuteur respecté, et son professionnalisme reste un modèle pour tous ceux qui vont apporter un sang nouveau au cinéma tchécoslovaque. Il est victime d'une attaque cardiaque le jour même où les tanks soviétiques entrent à Prague en août 1968.

FRIDRIKSSON (Fridrik Thor)

cinéaste islandais (Reykjavik, 1954).

Autodidacte ayant participé à de nombreuses initiatives cinéphiles à Reykjavik, il réalise des courts métrages et des documentaires qui révèlent un tempérament original, tant dans la mise en scène que dans les choix thématiques et narratifs. Son premier long métrage de fiction, les Baleines blanches (Skynuttar, 1987), remarqué dans les festivals européens, tire parti du cadre islandais tout en insistant sur l'âpreté des conditions de vie. De même, les Enfants de la nature (Börn náttúrannar, 1991), un film dur et émouvant, insiste sur l'isolement des individus et les risques de perte d'identité. Plus optimiste, Cold Fever (A köldum klaka, 1995) relate la découverte du monde islandais par un jeune Japonais venu de l'autre bout du monde accomplir les rites funéraires sur les lieux du décès accidentel de son père. Malgré les difficultés de financement propres au cinéma de son pays, Fridriksson a pu se faire connaître dans de nombreux pays étrangers où son originalité est reconnue, notamment aux États-Unis avec les Anges de l'univers (Englar alheimsins, 2000). Il a toutefois réalisé des films plus conventionnels comme Jours de ciné/Movie Days (Biodagar, 1994) et l'Île du diable (Djöflaeyjan, 1996), simples chroniques de la vie à Reykjavik dans les années 50.

FRIEDHOFER (Hugo)

compositeur américain (San Francisco, Ca., 1902 - Los Angeles, Ca., 1981).

Il est l'un des plus prolifiques compositeurs hollywoodiens, au point qu'on a du mal à rassembler sa filmographie complète. Actif dès 1930, il signe sa première partition en 1938 (les Aventures de Marco Polo d'Archie Mayo). Son activité l'a souvent incité à la facilité. Mais ses dons de mélodiste sont incontestables. Quelques-unes de ses partitions sont de véritables classiques : Jack l'éventreur (J. Brahm, 1944), Gilda (Ch. Vidor, 1946), Sang et Or (R. Rossen, 1947) ou Bungalow pour femmes (R. Walsh, 1956). Elle et Lui (L. McCarey, 1957) et Le soleil se lève aussi (H. King, id.), où son goût de la mélodie sentimentale a trouvé à s'épancher avec bonheur, sont ses deux plus belles réussites.

FRIEDKIN (William)

cinéaste américain (Chicago, Ill., 1939).

Il commence à travailler à l'âge de seize ans au service du courrier d'une station de télévision. Un an plus tard, il est metteur en scène, dirigeant en direct des émissions d'intérêt local, avant de se voir confier la réalisation de dramatiques et de musicals. En dix ans, de 1954 à 1963, il réalise ainsi près de 200 émissions, dramatiques, mais aussi documentaires, notamment dans les programmes pédagogiques. Il n'a que 27 ans lorsqu'il réalise son premier film pour le grand écran (Good Times, 1967), support des chansons de Sonny et Cher. Il adapte ensuite trois succès de la scène : l'Anniversaire d'Harold Pinter ; The Night They Raided Minsky's et les Garçons de la bande, version cinématographique d'une pièce sur les homosexuels, présentée « off-Broadway ». Mais c'est le triomphe international de The French Connection qui fait de lui, en 1971, un réalisateur vedette, obtenant l'Oscar de la mise en scène. Il réalise ensuite un autre énorme succès, avec un gros budget, cette fois : l'Exorciste, film qui propulse un genre marginal au statut de superproduction. Friedkin fait alors figure de surdoué maîtrisant tous les aspects de la technique et du récit cinématographiques ; il paraît capable de s'approprier n'importe quel sujet et, éventuellement, de développer des thèmes plus personnels. Or, curieusement, il reste silencieux jusqu'en 1977, année où il produit et réalise le Convoi de la peur, un remake du Salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot. Les déficiences du scénario laissent une impression d'hésitation, d'inachevé et le filmi refuse des gros effets qui avaient garanti le succès de l'Exorciste. Échec financier aux États-Unis comme en Europe, cette œuvre hybride dégage pourtant un ton original : alors qu'on attendait un film à suspense, Friedkin réalise un film d'atmosphère qui, dans ses meilleurs moments, touche au fantastique. Dans Têtes vides cherchent coffre plein, il revient à l'exercice de style sur un canevas de comédie policière mais le métier masque l'absence de sujet. Très ambitieux, la Chasse (1980) balançait habilement entre l'extériorisation (l'argument est celui d'une enquête sur des crimes dans les milieux homosexuels sadomasochistes) et l'intériorisation (la mutation psychologique du policier chargé de l'enquête, auquel Al Pacino prête toute l'ambiguïté nécessaire). Mais le film déclenche la vindicte des milieux homosexuels militants et sa carrière souffre de la mauvaise réputation qui lui est faite. Friedkin semblera au cours des années 80 rechercher frénétiquement des sujets sulfureux et violents mais cette fascination nihiliste s'enlise souvent dans les effets « coup de poing » et la dramatisation intempestive. Ainsi, le Sang du châtiment et la Nurse essaient vainement de renouer avec le succès de l'Exorciste. En revanche, Police fédérale, Los Angeles est un excellent policier. Le plus modeste Blue Chips atteste d'un métier toujours solide, mais Jade, dont le début est brillant, sombre dans l'imitation de Basic Instinct de P. Verhoven et L'Enferdu devoir se débat dans une moralité ambigüe.