Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SERNA (Assumpta Rodés Serna, dite Assumpta)

actrice espagnole (Barcelone 1957).

Elle débute dans L'orgía (Francesc Bellmunt, 1978), commence à se faire remarquer dans Vecinos (Alberto Bermejo, 1981) et Doux Moments du passé (C. Saura, id.) et trouve un beau rôle dans Matador (P. Almodóvar, 1986). Malgré ses talents multiples, une élégante silhouette et une ouverture vers d'autres pays, elle a du mal à retrouver d'aussi bons rôles, à l'exception de Yo la peor de todas (M. L. Bemberg, 1991).

SERRAULT (Michel)

acteur français (Brunoy 1928).

Venu du cabaret comme son complice Jean Poiret, il débute dans un film avec Robert Dhéry : Ah ! les belles bacchantes (Jean Loubignac, 1954), une carrière d'amuseur qui culminera avec la Cage aux folles (É. Molinaro, 1980). À côté de dizaines de pochades anodines, il révèle un côté plus grinçant dans plusieurs films de Jean-Pierre Mocky (les Compagnons de la Marguerite, 1966 ; Un linceul n'a pas de poche, 1974 ; l'Ibis rouge, 1975) avant de faire surgir le malaise ou la folie dans les ambiances policières de Bertrand Blier (Buffet froid, 1979), Claude Chabrol (les Fantômes du chapelier, 1982) et surtout Claude Miller (Garde à vue, 1981 ; Mortelle Randonnée, 1983). On peut dire de Michel Serrault qu'une fois délivré des comédies alimentaires de ses débuts, il a imposé un personnage tout à fait original dans le cinéma français, inquiétant, caustique, déroutant, parfois faussement débonnaire et désabusé, souvent retors et tenace, toujours juste. Il a également interprété Bébert et l'omnibus (Y. Robert, 1963), le Roi de cœur (Ph. de Broca, 1967), Moi, y'en a vouloir des sous (J. Yanne, 1973), Préparez vos mouchoirs (Bertrand Blier, 1977), l'Argent des autres (Ch. de Chalonge, 1978), les Quarantièmes Rugissants (id., 1982), le Bon Plaisir (F. Girod, 1984), À mort l'arbitre (J.-P. Mocky, id.), les Rois du gag (C. Zidi, 1985), On ne meurt que deux fois (J. Deray, id.), Mon beau-frère a tué ma sœur (J. Rouffio, 1986), le Miraculé (J.-P. Mocky, 1987), En toute innocence (A. Jessua, 1988), Bonjour l'angoisse (P. Tchernia, id.), Ne réveillez pas un flic qui dort (José Pinheiro, id.), Comédie d'amour (Jean-Pierre Rawson, 1989), Joyeux Noël, bonne année (L. Comencini, id.), Docteur Petiot (Ch. de Chalonge, 1990), le Bonheur est dans le pré (É. Chatiliez, 1995), Nelly et M. Arnaud (C. Sautet, id.), Assassin(s) (Mathieu Kassovitz, 1997), le Comédien (Ch. de Chalonge, 1997), Rien ne va plus (C. Chabrol, id.), les Enfants du marais (Jean Becker, 1999), Belphégor (Jean-Paul Salomé, 2001).

SERREAU (Coline)

actrice, scénariste et cinéaste française (Paris 1947).

Après des études musicales, littéraires et surtout théâtrales, cette actrice de théâtre a écrit et réalisé plusieurs longs métrages de fiction et de reportage centrés sur les problèmes, espoirs et constats de la condition féminine, passant d'un réalisme social proche du cinéma-vérité (scénario de On s'est trompé d'histoire d'amour, de J.-L. Bertucelli, 1972) à la pétition de principe optimiste du couple à trois de Pourquoi pas ? (1977). C'est curieusement Trois hommes et un couffin (1985), une comédie sans femmes (donc une fable féministe), qui lui apporte un énorme succès public (César du meilleur film français, 1985). Après avoir atteint les sommets du box-office en France, la réalisatrice tourne Romuald et Juliette (1989), un conte de fées chaleureux entre le directeur d'une usine de yaourts et l'une des femmes de ménage, antillaise, de l'entreprise, qui sonne utopiquement juste.

Autres films :

Mais qu'est-ce qu'elles veulent ? (DOC, 1978) ; Grands-Mères de l'islam (DOC, 1979) ; Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ? (1982) ; la Crise (1992) ; la Belle Verte (1996).

SERRER.

Réduire le champ : champ de prise de vues (en rapprochant la caméra ou en jouant sur la distance focale de l'objectif), champ d'un projecteur d'éclairage (en jouant sur la distance entre la lampe et la lentille). Contraire : ouvrir, élargir.

SERVAIS (Jean)

acteur français (Anvers 1910 - Paris 1976).

Études dramatiques au Conservatoire de Bruxelles, où il est remarqué par Raymond Rouleau ; prestations au théâtre du Marais de Bruxelles, puis avec la troupe Renaud-Barrault (Volpone, la Cerisaie, le Partage de midi, etc.). Jeune premier, il joue dans Mater dolorosa (A. Gance, 1932), les Misérables (R. Bernard, 1934) et Angèle (M. Pagnol, id) : la tonalité grave de sa voix et la retenue de son jeu sont remarquables et lui valent bientôt des rôles dramatiques en vedette, citons : les Réprouvés (Jacques Séverac, 1936) et Quartier sans soleil (D. Kirsanoff, 1945, [ : 1939]). Après la guerre, la voix déjà ravagée et le visage creusé par le mal qui devait l'emporter, marqué par la mélancolie ou le cynisme, il fait dignement face à Stroheim dans la Danse de mort (Marcel Cravenne, 1948), impose son romantisme ténébreux dans Une si jolie petite plage (Y. Allégret, 1949), le Château de verre (R. Clément, 1950) et surtout Du rififi chez les hommes (J. Dassin, 1954), où il incarne l'inoubliable Tony le Stéphanois, sa meilleure création dramatique avec celle de l'inquiétant gouverneur de La fièvre monte à El Pao (L. Buñuel, 1959).

SERVAIS (Raoul)

cinéaste belge (Ostende 1928).

Au cours d'études d'arts appliqués (Beaux-Arts de Gand), Raoul Servais réalise son premier essai animé à seize ans. Son admiration pour le surréalisme date de sa collaboration avec Magritte à une fresque (Knokke, 1953). Ses premiers dessins animés, métaphoriques, sont proches de la stylistique géométrique et épurée de UPA* (la Fausse Note, 1963 ; Chromophobia, 1965). Les films suivants, jusqu'en 1978, sont des vignettes satiriques et moralistes. Mais Harpya (1979), Palme d'or à Cannes, joue d'une nouvelle technique composite – caméra live, incrustation dessinée – et développe une mythologie personnelle de la persécution, outrancière et raffinée. Le film donne naissance ultérieurement à un brevet (Servaisgraphie). Il sera utilisé dans le premier long métrage de Servais, Taxandria (1994), hommage indirect à Paul Delvaux. Raoul Servais a été président de l'Association internationale du film d'animation (ASIFA) de 1988 à 1994.