Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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RIEFENSTAHL (Helene Bertha Amalie, dite Leni) (suite)

Très proche du pouvoir qui vient de s'établir en Allemagne, elle réalise un moyen métrage de propagande, Sieg des Glaubens (1933), puis le fameux Triomphe de la volonté (Triumph des Willens, 1935), consacré aux rassemblements nazis de Nuremberg. Bien qu'elle ait prétendu ultérieurement n'avoir fait qu'une œuvre documentaire, le film exalte avec les techniques les plus achevées le cérémonial nazi, le culte du chef et les mythes nationalistes hitlériens. En 1936, disposant de moyens encore plus importants, elle réalise un film sur les jeux Olympiques de Berlin, les Dieux du stade, composé de deux longs métrages : Fête des peuples (Fest der Völker) et Fête de la beauté (Fest der Schönheit), où coexistent d'excellentes séquences de reportage et des aperçus esthétiques très marqués d'idéologie. En 1940, elle commence à tourner un film auquel elle travaille depuis 1934, Tiefland ; il ne sera achevé qu'en 1954, après une période d'interdiction professionnelle prononcée contre elle en Allemagne.

La plupart de ses projets n'ont pu aboutir, en particulier une Penthésilée d'après Kleist, un Frédéric et Voltaire pour lequel elle avait obtenu l'appui de Jean Cocteau, ni ses documentaires sur les fonds sous-marins ou le peuple nouba du haut Soudan, auxquels elle a consacré plusieurs albums de photographies.

Autres films :

Réalisatrice (Tag der Freiheit, CM, DOC, 1935). Actrice (Die Vetsera, AUT, 1928). ▲

RIGAUD (Pedro Jorge Rigato Delissetche, dit Georges)

acteur français (Buenos Aires, Argentine, 1905 - Leganes, Espagne, 1984).

La guerre a éloigné des studios français cet acteur qui, pendant une dizaine d'années, joua les jeunes premiers au sourire éclatant et à la bonne humeur immuable. Max Ophuls l'emploie souvent : Liebelei (1932), Divine (1935), Sans lendemain (1940). Il est aussi l'amoureux d'Annabella dans Quatorze Juillet (R. Clair, 1933) et apparaît dans de nombreuses comédies ou drames de Marcel L'Herbier, Jean de Baroncelli, Robert Siodmak et surtout Victor Tourjansky (l'Ordonnance, 1933 ; Vertige d'un soir, 1936 ; Nostalgie, 1937). Il a beaucoup tourné ensuite en Espagne, en Italie et en Argentine.

RIGHELLI (Gennaro)

cinéaste italien (province de Salerne 1886 - Rome 1949).

Un des pionniers et des plus solides artisans du cinéma italien, Righelli réalise plus d'une centaine de films entre 1911 et 1947. À l'aise dans les genres les plus divers, il s'épanouit surtout dans la comédie populaire. Engagé par la Cines comme scénariste, il aborde la mise en scène en 1911 et dirige plusieurs films interprétés par sa femme Maria Righelli. Il passe ensuite à la Vesuvio Film de Naples, puis à la Tiber de Rome, en 1916, enfin à la Fert de Turin, en 1919. La crise du cinéma italien provoque en 1923 son départ pour l'Allemagne. Il réalise quinze films dans les studios berlinois. Revenu en Italie à la demande de Stefano Pittaluga, il tourne en 1930 le premier film sonore italien, La canzone dell'amore. Très actif, il met en scène de nombreuses comédies interprétées par Armando Falconi (Patatrac, 1931), Vittorio De Sica (Il signore desidera ?, 1934 ; Hanno rapito un uomo, 1938), Eduardo et Peppino De Filippo (Quei due, 1935), Angelo Musco (L'aria del continente, 1936 ; Pensaci Giacomino !, 1937 ; Gatta ci cova, id.), Gilberto Govi (Colpi di timone, 1942). Après la guerre, il tourne notamment deux films avec Anna Magnani (Abbasso la miseria ! [1947] ; Abbasso la ricchezza ! [1948]).

RIGNAULT (Alexandre)

acteur français (Paris 1901 - Saint-Mandé 1985).

Figure familière du cinéma français, ce géant plus ou moins débonnaire possède une solide formation théâtrale due à Jouvet. En 1933, Julien Duvivier le révèle grâce à la Tête d'un homme et lui réserve d'autres rôles au fil des ans (Maria Chapdelaine, 1934 ; la Fête à Henriette, 1952, etc.). Il impose sa personnalité massive dans l'Ordonnance (Victor Tourjansky, 1933), Liliom (F. Lang, 1934), Justin de Marseille (M. Tourneur, 1935), l'Éternel Retour (J. Delannoy, 1943), le Capitan (Robert Vernay, 1946), pour en arriver au Numéro deux (J.-L. Godard, 1975) et à des tentatives de jeunes réalisateurs, sans oublier une incursion dans le porno : les Bijoux de famille (Jean-Claude Laureux, 1975).

RILLA (Wolf)

cinéaste britannique d'origine allemande (Berlin 1920).

Fils de l'acteur allemand Walter Rilla (qu'il a dirigé dans les Bijoux du pharaon [Cairo, GB-US, 1962]), il suit celui-ci en Angleterre, en 1934. Il y réalise en 1953 son premier film : Marilyn, suivi d'une quinzaine d'autres qui ne retiennent guère l'attention. Mais il signe en 1960 l'un des joyaux du cinéma de science-fiction : le Village des damnés (Village of the Damned), prenante évocation d'une menace extraterrestre représentée par des enfants mutants au regard phosphorescent.

RIN TIN TIN

chien berger allemand (Allemagne 1916 - Los Angeles, Ca., 1932).

Célèbre « acteur » de films d'aventures et de mélodrames américains. Découvert lors de la Première Guerre mondiale par le capitaine Lee Duncan, il est conduit à Los Angeles et entraîné en vue de sa future carrière cinématographique. Durant de longues années, ce chien rapporte de conséquents bénéfices à la firme Warner Bros qui l'emploie. Certains scénarios de ses films sont écrits par Darryl F. Zanuck. Il inaugure sa carrière avec The Man From Hell's River (I. Cummings, 1922) et la termine par le serial Lightning Warrior (1931). Les meilleurs exploits de Rin Tin Tin sont ceux qu'il « interprète » sous la direction de Malcolm St Clair (Find Your Man, 1924) et Ray Enright (Jaws of Steel, 1927). Notons, entre autres films, que dans Tracked by the Police (Enright, id.) une compagne, Nanette, donne la réplique au célèbre berger allemand. Durant les années 20, il eut un seul véritable rival (Strongheart). À sa mort, on lui trouve un successeur, Rin Tin Tin Jr., que l'on voit notamment dans The Wolf Dog (Colbert Clark et Harry L. Fraser, 1933) et Adventures of Rex and Rinty (Forde Beebe et B. Reeves Eason, 1935), deux serials. Dans les années 50, une série télévisée, diffusée en France, emprunte le nom de Rin Tin Tin. Michael Winner tourne, en 1976, Won Ton Ton, the Dog Who Saved Hollywood, une biographie satirique du célèbre canin, dont l'interprète se nomme Augustus von Shumacher.