Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CHINE. (suite)

Cette centralisation des médias inaugure une période nouvelle pour le cinéma chinois qu'aucune réglementation ne protège de la concurrence du petit écran : en effet, rien n'empêche la télévision de présenter les œuvres cinématographiques dès leur sortie dans les salles, contre le versement d'une indemnité dérisoire. Comme, par ailleurs, la télévision produit elle-même de plus en plus de téléfilms, le cinéma se sait très menacé.

Néanmoins, si le processus est engagé, pour l'instant il n'en est encore qu'à ses débuts et le public, sevré de spectacles pendant la décennie de la Révolution culturelle, se presse toujours nombreux dans les salles de cinéma. Grâce à la politique d'ouverture des années 80, le 7e art s'est non seulement redressé de façon spectaculaire, mais il a même atteint de nouveaux sommets sous l'impulsion d'une nouvelle vague de jeunes cinéastes (ceux que l'on appelle la 5e génération) qui, par leur originalité et leur talent, ont réussi à se faire reconnaître non seulement en Chine, mais également à l'échelle internationale.

Une nouvelle génération de cinéastes.

Cette génération, née au début des années 50, et envoyée à la campagne pendant la Révolution culturelle, a reçu l'excellente formation de l'Institut de cinéma de Pékin, après sa réouverture en 1978. En totale rupture avec leurs aînés, ces jeunes font preuve d'une lucidité à la hauteur des épreuves qu'ils ont traversées et ils sont sans complaisance vis-à-vis de la société.

Le film Un et huit (Yige he bage, 1983) de Zhang Junzhao, inaugure ce nouveau cinéma qui rompt avec le récit traditionnel pour faire place, en premier lieu, au langage de l'image.

L'année suivante, la sortie de Terre jaune (Chen Kaige*, 1984) agit comme un révélateur tant en Chine, où il suscite un débat passionné, qu'à l'étranger où il accumule les récompenses.

À l'écart des grands studios traditionnels de Pékin, Shanghai et Changchun, les films de la nouvelle vague sont souvent produits par des studios périphériques nouvellement développés et moins bien équipés sur le plan matériel, mais sur lesquels souffle l'esprit nouveau.

Les plus connus parmi les réalisateurs sont Tian Zhuangzhuang* (le Voleur de chevaux [Dou ma zai], 1986 ; le Cerf-volant bleu [Lan fengzheng], 1993), considéré comme un des chefs de file du mouvement, Huang Jianxin*, Wu Ziniu* (la Cloche du soir [Wan zhong], 1987), Chen Kaige, Hu Mei, Zhang Zeming, Zhou Xiaowen, Zhang Yimou*, Li Shaohong (l'Aube sanglante [Xuese qingchen], 1990).

Face à l'esthétique nouvelle proposée par la 5e génération, les cinéastes de la 4e génération (ils ont été diplômés à la veille de la Révolution culturelle, mais n'ont commencé à faire des films qu'au début des années 80), tout en étant critiques vis-à-vis de la société, ont gardé quelque chose du romantisme et de l'idéalisme de leur jeunesse. Ce sont Huang Jianzhong*, Zhang Nuanxin, Yan Xueshu, Wu Tianming*, Xie Fei* (les Femmes du lac aux âmes parfumées, 1992).

Quant aux réalisateurs de la 3e génération, ils sont de moins en moins actifs au début des années 90 sauf Ling Zifeng et Xie Jin.

En dehors de ces films d'auteurs, la production se partage entre les films à contenu politique et les films de divertissement : surtout des policiers et des films d'arts martiaux, au succès commercial quasiment assuré. Tandis que les studios sont à l'affût de coproductions avec l'étranger, toujours bienvenues pour rentabiliser les tournages, les préoccupations d'ordre artistique ont tendance à passer au second plan.

La sixième génération.

Rapidement, dans les années 90, comme si la 5e génération appartenait déjà au passé, on parle de l'émergence d'une nouvelle génération, la 6e, qui, au moment où le monopole du cinéma éclate, revendique son indépendance, quitte à produire avec de petits moyens et beaucoup de difficultés, notamment avec la censure. Parmi les réalisateurs de cette 6e génération, il faut citer Zhang Yuan, Jia Zhangke, Ning Ying, He Yi, Wang Xiaoshuai et des documentaristes comme Wu Wenguang et Duan Jinchuan (16, Barkhor Street [Ba Ge Nanjie Shiliu Hao], 1996). Aucun n'a connu la Révolution culturelle, mais une conscience collective est née directement du massacre de Tian'anmen en 1989. Davantage que leurs aînés, les réalisateurs de la sixième génération s'attaquent aux sujets tabous de la société chinoise : la sexualité, la religion, le gouvernement, Taïwan, les minorités, etc.

Parallèlement, malgré le retour de Hong Kong dans le giron de la mère patrie en 1997, les films hongkongais sont toujours considérés comme étrangers et bénéficient d'une diffusion très limitée. Cette situation n'empêche pas la production de la Chine continentale de baisser de façon alarmante, atteignant au maximum 50 longs métrages en 1998, contre près de 130 à la fin des années 80. Les spectateurs boudent les films des studios de l'État, ce qui n'incite pas ce dernier à investir dans le cinéma, lui-même responsable de cette situation, faute de relâcher son contrôle sur les scénarios et le montage. Dans ce climat, même le populaire acteur-réalisateur Jiang Wen est forcé à rester dans la marge, son film les Démons à ma porte (Guizi lai le, 2000) n'ayant pas obtenu l'aval du Bureau du film pour sortir en Chine. Nombreux alors sont les jeunes réalisateurs à chercher des financements à l'étranger, les festivals internationaux étant leur unique moyen de reconnaissance.

Principaux films chinois :

Le Mont Dingjun (Dingjunshan, Liu Zhonglun, 1908) ; Un couple infortuné (Nanfu nanqi, Zhang Shichuan et Zhen Zhengqiu, 1913) ; Zhuangzi met sa femme à l'épreuve (Zhuangzi shigi, Li Mingwei, 1913), Yan Ruisheng (id., Ren Pengnian, 1921) ; la Romance d'un marchand ambulant (Zhi guo yuan, Zhan Shichuan, 1922) ; L'orphelin sauve son grand-père (Gu'er jiu zu ji, Zhang Shichuang, 1923) ; Feu au temple du lotus rouge (Huoshao honglian si, Zhang Shichuan, 1928) ; Rêve de printemps dans l'antique capitale (Gudu chunmeng, Sun Yu, 1930) ; la Cantatrice Pivoine-Rouge (Genü Hongmüdan, Zhang Shichuan et Cheng Bugao, 1931) ; Les fleurs de pêcher pleurent des larmes de sang (Taohua qixue ji, Bu Wancang, id.) ; le Petit Jouet (Xiao wanyi, Sun Yu, 1933) ; Trois Femmes modernes (Sange maodeng nüxing, Bu Wancang, id.) ; le Chant des pêcheurs (Yuguang qu, Cai Chusheng, 1934) ; la Route (Dalu, Sun Yu, id.) ; Femmes nouvelles (Xin nüxing, Cai Chusheng, id.) ; la Divine (Shennü, Wu Yonggang, id.) ; les Malheurs de la jeunesse (Tao li jie, Ying Yunwei, id.) ; les Enfants d'une époque troublée (Fengyun ernü, Ying Yunwei, 1935) ; Un idéal grandiose (Zhuangzhi lingyun, Wu Yonggang, 1936) ; les Anges du boulevard (Malu tianshi, Yuan Muzhi, 1937) ; Shanghai d'hier et d'aujourd'hui (Xin jiu Shanghai, Shi Dongshan, id.) ; Mulan rejoint l'armée (Mu lan cong jun, Bu Wancang, 1939) ; la Princesse à l'éventail de fer (Tieshan gongzhu, Wan Laiming, 1941) ; Bégonia d'automne (Qiu Haitang, Ma-Xu Weibang, 1943) ; les Larmes du Yangtsé (Yijiang chunshui xiang dong liu, Cai Chusheng, 1947) ; Sur la Soungari (Songhuajiang shang, Jin Shan, id.) ; le Printemps d'une petite ville (Xiaocheng zhi chun, Fei Mu, 1948) ; Dix Mille Foyers de lumière (Wanjia denghuo, Shen Fu, id.) ; Histoire secrète à la cour des Qing' (Qinggong mishi, Zhu Shilin, id.) ; Soleil radieux (Yanyang tian, Cao Yu, id.) ; Corbeaux et Moineaux (Wuya yu maque, Zheng Junli, 1949) ; Ma vie (Wo zhe yi beizi, Shi Hui, 1950) ; la Vie de Wu Xun (Wu Xun zhuan, Sun Yu, id.) ; la Fille aux cheveux blancs (Baimao nü, Shui Hua, 1951) ; Debout, les filles (Zizi meimei zhanqilai, Chen Xihe, id.) ; Nouveau Roman des jeunes héros (Xin'ernü yingxiong zhuan, Shi Dongshan, id.) ; la Porte no 6 (Liuhao men, Lü Ban, 1952) ; le Bourbier (Longxugou, Xian Qun, id.) ; l'Amour éternel (Liang Shanbo yu Zhu Yingtai, Sang Hu, 1953) ; la Terre (Tudi, Shui Hua, 1954) ; Une crise (Yichang fengbo, Lin Nong et Xie Jin, id.) ; Printemps au pays des eaux (Shuixiang de chuntian, Xie Jin, 1955) ; la Basketteuse no 5 (Nülan wuhao, Xie Jin, 1956) ; Quinze Colliers de sapèques (Shiwu guan, Tao Jin, id.) ; la Famille (Jia, Chen Xihe et Ye Ming, id.) ; le Sacrifice du Nouvel An (Zhufu, Sang Hu, id.) ; Li Shizhen (id., Shen Fu, id.) ; En attendant l'arrivée du nouveau directeur (Xinjuzhang daolai zhi qian, Lü Ban, id.) ; la Ville sans nuit (Buye cheng, Tang Xiaodan, 1957) ; les Ondes impérissables (Yongbu xiaoshi de dianbo, Wang Ping, 1958) ; la Cloche du vieux temple (Gusha zhongsheng, Zhu Wunshun, id.) ; la Légende de Lu Ban (Lu Ban de chuanshuo, Sun Yu, id.) ; Aujourd'hui je me repose (Jintian wo xiuxi, Lu Ren, 1959) ; la Boutique de la famille Lin (Linjia puzi, Shui Hua, id.) ; la Tempête (Fengbao, Jin Shan, id.) ; Lin Zexu (id., Zheng Junli et Cen Fan, id.) ; Où est Maman (Xiaokedou zhao mama, Te Wei, Xu Yingda, 1960) ; le Détachement féminin rouge (Hongse niangzijun, Xie Jin, id.) ; Un ouragan (Baofeng zhouyu, Xie Tieli, 1961) ; le Grand Li, le petit Li et le vieux Li (DaLi xiaoLi he laoLi, Xie Jin, 1962) ; la Plaine en feu (Liaoyuan, Zhang Junxiang, id.) ; Li Shuangshuang (id., Lu Ren, id.) ; la Maison des 72 locataires (Qishi'erjia fangke, Wang Weiyi, 1963) ; Printemps précoce (Zaochun eryue, Xie Tieli, id.) ; Au nord aussi des terres fertiles (Beiguo jiangnan, Shen Fu, id.) ; le Gamin de la huitième armée (Xiaobing Zhang Ga, Cui Wei, id.) ; Sœurs de scène (Wutai jiemei, Xie Jin, 1964) ; les Sentinelles sous les néons (Nihongdeng xia de shaobing, Wang Ping, id.) ; le Roi des singes (Danao tiangong, Wan Laiming, 1961 et 1964) ; Immortels dans les flammes (Liehuo zhong yongsheng, Shui Hua, 1965) ; la Prise de la montagne du Tigre (Zhiqu Weihushan, Xie Tieli, 1970) ; Shajia bang (id., Wu Zhaoti, 1971) ; la Fille aux cheveux blancs (Baimao nü, Sang Hu, 1972 ; ballet) ; le Port (Haigang, Xie Tieli, id.) ; la Montagne aux azalées (Dujuanshan, Xie Tieli, 1974) ; les Pionniers (Chuangye, Yu Yanfu, id.) ; la Milicienne de la mer (Haixia, Qian Jiang, Chen Huai'ai et Wang Haowei, 1975) ; la Jeunesse (Qingchun, Xie Jin, 1977) ; Soif du retour (Guixin si jian, Li Jun, 1979) ; l'Aurore (Shuguang, Shen Fu, id.) ; Ce soir les étoiles brillent (Jinye xingguang canlan, Xie Tieli, 1980 ; en 2 parties) ; la Légende du mont Tianyun (Tianyunshan Chuanqi, Xie Jin, id.) ; Un coin oublié par l'amour (Bei aiqing yiwang de jiaoluo, Zhang Qi et Li Yalin, 1981) ; le Gardien de chevaux (Mumaren, Xie Jin, id.) ; les Voisins (Linju, Zheng Dongtian et Xu Guming, id.) ; la Véritable histoire d'A-Q (AQ zhengzhuan, Cen Fan, id.) ; le Talisman (Ruyi, Huang Jianzhong, 1982) ; la Voie (Lu, Chen Lizhou, 1983) ; le Fleuve sans balise (Meiyou hangbiao de heliu, Wu Tianming, 1983) ;  Bao père et fils (Baoshi fuzi, Xie Tieli, id.) ; la Vie (Rensheng, Wu Tianming, 1984) ; Terre jaune (Huang tudi, Chen Kaige, 1984) ; le Chant du cygne (Juexiang, Zhang Zeming, 1985) ; Une femme honnête (Liangjia fünu, Huang Jianzhong, id.) ; Jeunesse sacrifiée (Qingchun ji, Zhang Nuanxin, id.) ; Dans les montagnes sauvages (Ye shan, Yan Xueshu, 1986) ; l'Affaire du canon noir (Hei pao shijian, Huang Jianxin, id.) ; le Voleur de chevaux (Dou ma zei, Tian Zhuangzhuang, id.) ; le Bourg-frontière (Biancheng, Ling Zifeng, id.) ; le Dernier jour de l'hiver (Zuihou yige dongri, Wu Ziniu, id.) ; Loin de la guerre (Yuanli zhanzhen, Hu Mei, id.) ; Hibiscus (Furong zhen, Xie Jin, 1987) ; le Roi des enfants (Haizi wang, Chen Kaige, id.) ; Pluie printanière (Taiyang Yu, Zhang Zeming, id.) ; le Vieux puits (Lao jing, Wu Tianming, id.) ; Une fille du Hunan (Xiangnü Xiaoxiao, Xie Fei, id.) ; Chasteté (Zhen nü, Huang Jianzhong, 1988) ; le Sorgho rouge (Hong gaoliang, Zhang Yimou, id.) ; Chuntao (id., Ling Zifeng, id.) ; le Double (Cuo Wei, Huang Jianxin, id.) ; les Derniers aristocrates (Zuitiou de guizu, Xie Jin, 1989) ; l'Aube sanglante (Xuese qingchen, Li Shaohong, 1990) ; Li Lianying, l'eunuque impérial (Da Taijian Li Lianying, Tian Zhuang-zhuang, 1991) ; Mama (id., Zhang Yuan, id.) ; la Vie sur un fil (Bian zou, bian chang, Chen Kaige, id. ; Épouses et concubines (Dahong denglong gaogaogua, Zhang Yimou, id.) ; Qiu Ju, femme chinoise (Qiu Ju da guansi, Zhang Yimou, 1992) ; Rides sur les eaux dormantes (Kuang, Ling Zifeng, id.) ; Cœurs fidèles (Xin xiang, Sun Zhou, id.) ; Debout ! ne te laisse pas abattre (Zhanzhi luo, bie paxia !, Huang Jianxin, id.) ; les Bâtards de Pékin (Beijing zazhong, Zhang Yuan, 1993) ; Adieu ma concubine (Bawang bie ji, Chen Kaige, id.) ; le Cerf-volant bleu (Lan fengzheng, Tian Zhuangzhuang, id.) ; Pour le plaisir (Zhao le, Ning Ying, id.) ; les Jours (Dongchun de rizi, Wang Xiaoshuai, id.) ; Red Beads (Xuan lian, He Jianjun - alias He Yi - id.) ; Rivaux mais solidaires - (Back to back, face to face) - (Bei kao bei, lian dui lian, Huang Jianxin, 1994) ; Ermo (id., Zhou Xiaowen, id.) ; le Postier (Youchai, He Jianjun - alias He Yi -, id.) ; Shanghai Triad (Yao a yao yao, dao wai pei qiao, Zhang Yimou, 1995) ; Ronde de flics à Pékin (Minjing gushi, Ning Ying, id.) ; Fils (Erzi, Zhang Yuan, 1996) ; Si près du paradis/ la Fille du Viêt-nam (Yuenan guniang, Wang Xiaoshuai, id.) ; la Guerre de l'opium (Xie Fei, 1997) ; Xiao Wu, artisan pickpocket (Xiao Wu, Jia Zhangke, 1998) ; l'Empereur et l'assassin (Chen Kaige, 1999) ; les Démons à ma porte (Guizi lai le, Jiang Wen, 2000) ; Suzhou River (id., Lou Ye, id.) ; Shower (Xizhao, Zhang Yang, id.) ; Platform (Zhantai, Jia Zhangke, id.) ; Beijing Bicycle (Shi qi sui de dan che, Wang Xiaoshuai, 2001).