Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GIRAUDEAU (Bernard)

acteur français (La Rochelle 1947).

Il joue sa vie, avant même d'aborder le théâtre et l'écran, en parfait accord avec ce qu'il paraît être : jeune bourlingueur (sept ans de marine nationale), petits métiers, publicité... Ce grand diable aux yeux clairs et au sourire enchanteur ou carnivore travaille à Paris avec Jacques Fabbri et entame en 1973 une carrière au cinéma dont on peut dès à présent retenir Deux Hommes dans la ville (J. Giovanni, 1973), son premier film ; le Gitan (id. 1975) ; le Juge Fayard dit le Shérif (Y. Boisset, 1977) ; Passion d'amour (E. Scola, 1981)... Il se laisse ensuite séduire par des œuvres comme Rue Barbare (Gilles Béhat, 1983), les Spécialistes (Patrice Leconte, 1985), les Longs Manteaux (Béhat, 1986), Poussière d'ange (Édouard Niermans, 1987), qui, répondant à certains critères d'action et de violence à la mode du jour, lui apportent une franche popularité. Dans Vent de panique (Bernard Stora, id.), il s'essaie à la comédie loufoque et rocambolesque. Il s'essaie avec un certain bonheur à la mise en scène (l'Autre, 1990 ; les Caprices d'un fleuve, 1995). On le retrouve acteur en 1991 aux côtés de Catherine Deneuve dans la Reine blanche, de Jean-Loup Hubert, puis c'est Après l'amour (D. Kurys, 1992), Une nouvelle vie (O. Assayas, 1993), le Fils préféré (N. Garcia, 1994). Ridicule (Patrice Leconte, 1996) révèle l'élargissement de son registre d'interprète, et on le voit notamment dans Une affaire de goût (Bernard Rapp, 2000) et dans Gouttes d'eau sur pierres brûlantes (F. Ozon, id.).

GIROD (Francis)

cinéaste français (Semblançay 1944).

Assistant (de Mocky, Vadim, Reichenbach), journaliste, réalisateur de TV, producteur (films de Jacques Rouffio), il s'essaie à la mise en scène par un bel exercice de grand-guignol sardonique (le Trio infernal, 1974), mais tombe dans le « polar » de série avec René la Canne (1977). La collaboration de l'écrivain Georges Conchon lui assure un deuxième souffle avec des sujets plus ambitieux et vigoureusement critiques sur le racisme (l'État sauvage, 1978) et l'affairisme (la Banquière, 1980). En 1982, il signe le Grand Frère, en 1984, le Bon Plaisir d'après un scénario de Françoise Giroud et en 1986, Descente aux enfers, d'après un roman de David Goodis. L'Enfance de l'art qui se voulait une sorte d'Entrée des artistes 1988 ne rencontre les faveurs ni de la critique ni du public. Après avoir interprété le rôle d'un réalisateur de films dans Zanzibar (Christine Pascal, 1988), il met en scène en 1990 un séduisant Lacenaire et, en 1994, un film noir moins personnel : Délit mineur, suivi de Passage à l'acte (1996), Terminale (1998), Mauvais genres (2001).

GIROTTI (Mario, dit aussi Terence Hill)

acteur italien (Venise 1939).

Dino Risi le découvre et le lance dans le rôle d'un beau garçon dans Vacanze col gangster (1952). Il joue ensuite des petits rôles dans les Amants de Villa Borghese (G. Franciolini, 1953), Divisione folgore (Duilio Coletti, 1955), Gli sbandati (F. Maselli, id.), Un dénommé Squarcio (G. Pontecorvo, 1957) et d'autres films. Grâce à son physique, il s'affirme aisément comme héros de péplums (Carthage en flammes, C. Gallone, 1959). En 1963, on le voit dans le Guépard (L. Visconti). En 1967, il prend le pseudonyme de Terence Hill pour une longue série de westerns, dont Dieu pardonne... moi pas (Dio perdona... io no !, Giuseppe Colizzi, 1967) et Trinita, prépare ton cercueil (Preparati la bara !, Ferdinando Baldi, 1968). Dans les Quatre de l'Ave Maria (I quattro dell'Ave Maria, Colizzi, id.), il rencontre le gros Bud Spencer, avec qui il forme un tandem très populaire dans plusieurs westerns et films d'aventures parodiques, dont Più forte ragazzi ! (Colizzi, 1972), Deux Superflics (I due superpiedi quasi piatti, Enzo Barboni, sous le pseudonyme d'E. B. Clucher, 1977). Son meilleur rôle, il l'obtient dans le western ironique produit par S. Leone, Mon nom est Personne (Il mio nome è Nessuno, Tonino Valerii, 1973). Il a joué aussi dans des productions américaines comme On m'appelle Dollars (Mr. Billion, J. Kaplan, 1977) et Il était une fois... la Légion (March or Die, D. Richards, 1977). Sa silhouette séduisante et désinvolte est devenue l'image même de l'aventurier, à mi-chemin du héros imprévisible (Flynn, Eastwood) et de la figure de bande dessinée. Celui qui fut l'un des rois du western spaghetti sous les appellations de Trinita, Plata, El magnifico et Personne passe à la réalisation en 1984 avec une curieuse adaptation de l'œuvre de Guareschi, Don Camillo.

GIROTTI (Massimo)

acteur italien (Mogliano 1918).

Après des études de diction, il débute en 1939 avec un petit rôle dans Dora Nelson (M. Soldati), suivi par des apparitions dans Tosca (C. Koch, 1941) et dans Une aventure romantique (M. Camerini, 1940). Blasetti lui donne un rôle de protagoniste dans son pamphlet pacifiste la Couronne de fer (1941). Sa force expressive et son charme sont mis en valeur par Visconti dès Ossessione (1943), où il joue le rôle difficile du vagabond meurtrier du mari de sa maîtresse. Il interprète ensuite des films de Gallone (Knock-out, id.), De Sica (la Porte du ciel, 1946), et s'affirme bientôt comme l'un des meilleurs comédiens de son pays, au registre très varié. Il obtient le prix Nastro d'Argento pour son rôle de juge en lutte contre les bandits en Sicile dans Au nom de la loi (P. Germi, 1949). Sa carrière au théâtre, commencée en 1945, lui vaut des succès, notamment dans des mises en scène de Visconti. De ses très nombreux films, les plus intéressants sont : Chronique d'un amour (M. Antonioni, 1950) ; les Volets clos (L. Comencini, 1951) ; Onze heures sonnaient (G. De Santis, 1952) ; Il tenente Giorgio (R. Matarazzo, id.) ; la Fille sans homme (De Santis, 1953) ; Spartacus (R. Freda, id.) ; l'Amour d'une femme (J. Grémillon, 1954) ; la Strada lunga un anno (De Santis, 1960, 1958). Il interprète ensuite de nombreux péplums mais revient aux rôles modernes avec l'épisode La strega bruciata viva des Sorcières de Visconti (1967) et avec Théorème de Pasolini (1968). Bertolucci exploite son mythe cinématographique dans le Dernier Tango à Paris (1972) ; Visconti l'appelle pour figurer dans l'Innocent (1976), tout comme Losey dans Monsieur Klein (id.), Scola dans Passion d'amour (1981), Borowczyk dans l'Art d'aimer (1983) et Liliana Cavani dans Berlin Affair (1986).