Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DÉCADRAGE.

Incident de projection où l'image vue sur l'écran est décalée en hauteur.

DECAE (Henri)

chef opérateur français (Saint-Denis 1915 - Paris 1987).

Reporter-photographe au Petit Parisien, il débute au cinéma comme ingénieur du son et monteur son. Il a déjà réalisé quelques courts métrages lorsqu'il éclaire en 1949 le Silence de la mer, dont il fait aussi le montage et le mixage avec Jean-Pierre Melville. Celui-ci le demande encore pour les Enfants terribles (1950) et Bob le flambeur (1956), mais c'est la Nouvelle Vague qui va l'imposer comme un des meilleurs chefs opérateurs français. On lui doit d'avoir apporté une plus grande liberté dans la prise de vues, un usage efficace de la « caméra à la main », une heureuse utilisation des extérieurs, une grande sensibilité dans l'emploi des « noir et blanc ».

Films :

Ascenseur pour l'échafaud (L. Malle, 1958) ; les Amants (id., id.) ; le Beau Serge (1959), les Cousins (id.) et À double tour (id.) de Claude Chabrol ; les Quatre Cents Coups (F. Truffaut, id.) ; Plein Soleil (R. Clément, 1960) ; Léon Morin prêtre (Melville, id.) ; Quelle joie de vivre ! (Clément, id.) ; le Jour et l'Heure (id., 1962) ; Vie privée (Malle, id.) ; les Dimanches de Ville-d'Avray (S. Bourguignon, id.) ; les Félins (Clément, 1964) ; Week-End à Zuydcoote (H. Verneuil, id.) ; la Ronde (R. Vadim, id.) ; Viva Maria (Malle, 1965) ; le Voleur (id., 1967) ; Un château en enfer (S. Pollack, 1969) ; le Phare du bout du monde (K. Billington, 1971) ; Ces garçons qui venaient du Brésil (F. J. Schaffner, 1978) ; Flic ou Voyou (G. Lautner, 1979) ; le Professionnel (id., 1981) ; Exposed (James Toback, 1983).

DE CARLO (Peggy Yvonne Middleton, dite Yvonne)

actrice américaine (Vancouver, B. C., Canada, 1922).

Adonnée à la danse depuis l'enfance, elle quitte le music-hall pour le cinéma en 1942. Le succès de Salomé (Salome Where she Danced, Ch. Lamont, 1945), son premier rôle en vedette, la voue, de Shéhérazade en Calamity Jane, à l'emploi d'éternelle tentatrice. Sa sensualité racée s'épanouit dans le film noir (Pour toi, j'ai tué, R. Siodmak, 1949), dans le film biblique (les Dix Commandements, C. B. De Mille, 1956) puis dans le romanesque exotique (Tornade [Passion], A. Dwan, 1954 ; la Femme du hasard, E. Ludwig, 1955 ; Timbuktu, J. Tourneur, 1959). Mais c'est à Raoul Walsh qu'elle doit ses compositions dramatiques les plus émouvantes (la Belle Espionne, 1953, et surtout l'Esclave libre, 1957, aux côtés de Clark Gable). Depuis 1960, elle se consacre essentiellement à la télévision (série parodique The Munsters) et au musical à Broadway (Follies, 1971) et réapparaît à l'écran en 1990 dans Mirror, mirror (Marina Sargenti). En 1987 elle écrit son autobiographie, Yvonne.

DÉCHARGEMENT.

Opération inverse du chargement.

DÉCIBEL.

Unité utilisée en acoustique et électroacoustique (symbole dB) pour quantifier les niveaux de pression acoustique ou l'amplitude de signaux dans une chaîne sonore.

Les dB sont exprimés selon une échelle logarithme, similaire à la perception sonore humaine. En acoustique, la référence correspond au seuil d'audibilité, en électroacoustique, elle correspond à une tension ou une puissance électrique de référence.

DECOIN (Henri)

cinéaste français (Paris 1896 - id. 1969).

Réalisateur de quelque 45 films, Decoin est souvent présenté comme un metteur en scène « à l'américaine », soucieux de technique et d'efficacité, fasciné au début de sa carrière par la mécanique huilée des studios de Berlin, où il assume la version française de films tournés à la UFA (le Domino vert, notamment, où il dirige pour la première fois Danielle Darrieux en 1935), puis par Hollywood, où il accompagne la même Danielle Darrieux, devenue sa femme, et l'interprète du rôle principal de la Coqueluche de Paris (The Rage of Paris, H. Koster, 1938).

Après quatre années de guerre (dans l'infanterie, puis dans l'aviation, qui inspirera quelques-uns de ses films : les Bleus du ciel en 1933 ; Au grand balcon en 1949), Decoin entame une carrière de journaliste sportif, écrit un roman sur la boxe (15 Rounds), une pièce de théâtre, puis des scénarios destinés à Georges Biscot, alors vedette populaire des productions Feuillade (le Roi de la pédale, Maurice Champreux, 1925 ; le P'tit Parigot, R. Le Somptier, 1926).

Il devient réalisateur au début des années 30, après s'être formé comme assistant auprès des Italiens Gallone et Camerini. Il connaît alors sa période brillante, celle où il dirige, après Abus de confiance (1937), qui, considéré comme un beau mélodrame, a beaucoup plu, une série de comédies pour Danielle Darrieux. L'écriture en est légère, le ton à peine grave, le rythme soutenu. Danielle Darrieux, alors au sommet de sa popularité, y est parfaite dans des rôles complexes, passant du drame au rêve, de l'orphelinat aux palaces, du fruste village hongrois où son mari est chef de gare aux mirages d'une Budapest idéalisée (dans Retour à l'aube, en 1938). Battement de cœur (1940), dont le scénario est tourné parallèlement en Italie par Camerini sous le titre Batticuore avec Assia Noris, et Premier Rendez-vous (1941) sont de la même veine.

Premier Rendez-vous est produit par la Continental, cette entreprise allemande mise en place à Paris par les autorités d'Occupation, et dirigée avec une grande habileté par le Dr Greven. Il a pris Decoin sous contrat ; celui-ci réalise pour la Continental deux autres films en 1941-42, dont les Inconnus dans la maison, sur un scénario de Clouzot, qui reste un des films les plus forts des années noires.

De 1943 (il quitte la Continental et réalise l'Homme de Londres, adaptation sans génie d'un roman de Simenon) à la fin de sa carrière, Decoin tourne beaucoup, aborde tous les genres (y compris la comédie musicale à l'américaine avec Folies-Bergère en 1957) montrant une prédilection parfois heureuse pour le film policier (la Vérité sur Bébé Donge en 1952 avec Danielle Darrieux et Razzia sur la chnouff en 1955, avec Jean Gabin). Il y laisse admirer cette « technique irréprochable » que les critiques soulignent pour l'opposer au caractère impersonnel de la plupart de ses films dont les derniers, il est vrai, abandonnent toute ambition véritable.