Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CAMERINI (Mario) (suite)

Films :

Rails (Rotaie, 1929) ; Les hommes, quels mufles ! (Gli uomini, che mascalzoni !, 1932) ; le Tricorne/ le Chapeau à trois pointes (Il cappello a tre punte, 1934) ; Je donnerai un million (Darò un milione, 1935) ; Mais ça n'est pas une chose sérieuse (Ma non è una cosa seria, 1936) ; Monsieur Max (Il signor Max, 1937) ; Battement de cœur (Batticuore, 1938) ; Grands Magasins (Grandi magazzini, 1939) ; les Fiancés (I promessi sposi, 1941) ; Une histoire d'amour (Una storia d'amore, 1942) ; Je t'aimerai toujours (T'amerò sempre, 1944 ; remake d'un film tourné en 1933 sous le même titre) ; Deux Lettres anonymes (Due lettere anonime, 1945) ; la Fille du capitaine (La figlia del capitano, 1947) ; l'Ombre du passé (Molti sogni per le strade, 1948) ; Mara, fille sauvage (Il brigante Musolino, 1950) ; Ulysse (Ulisse, 1954) ; Par-dessus les moulins (La bella mugnaia, 1955) ; la Rue des amours faciles (Via Margutta, 1960) ; Chacun son alibi (Crimen, id.) ; les Guérilleros (I briganti italiani, 1962) ; Kali Yug, déesse de la vengeance (Kali Yug, la dea della vendetta, 1963) ; le Mystère du temple hindou (Il mistero del tempio indio, 1964) ; Delitto quasi perfetto (1966).

CAMERON (James)

cinéaste américain d'origine canadienne (Kapuskasing, Ont., 1954).

Cet ancien étudiant en physique était taraudé par l'envie d'écrire des scénarios. C'est ainsi qu'il a débuté dans le cinéma, vers 1980, acquérant vite la réputation d'un excellent script doctor, venant au dernier moment sauver des scénarios défaillants. Après l'assez obscur Piranhas II (The Spawning, 1982), sa carrière de réalisateur a pris de l'ampleur avec Terminator (The Terminator, 1984). À partir d'un bon postulat de science-fiction, Cameron y affirmait sa poigne très forte dans les scènes d'action, son goût pour les effets spéciaux et une inspiration très sombre. On retrouve ces qualités dans Aliens (1986), deuxième volet de la trilogie, très violent, très féminisé, où le style de Cameron, taillé à la serpe, privilégiant les fragments ou les scènes par rapport au plan, prenait corps. Abyss (The Abyss, 1989) déçut les financiers : les effets spéciaux, la vigueur de la mise en scène, un tournage difficile presque entièrement sous-marin étaient au service d'une histoire d'amour au bord du merveilleux. On prit cela pour de la mièvrerie alors qu'il s'agissait peut-être du meilleur film du cinéaste. Porté par ses effets spéciaux saisissants, Terminator 2 : le jour du jugement (Terminator 2 : Judgement Day, 1991) affadissait le postulat apocalyptique du premier volet en faisant d'Arnold Schwarzenegger le héros d'une histoire dont il fut d'abord le mémorable méchant. Après le Caméléon (True Lies 1994), curieux remake de la Totale de Claude Zidi, James Cameron s'est tourné vers le passé et le film romanesque avec le triomphal Titanic (1997) qui renouait en fait avec la veine d'Abyss. Un temps marié à la cinéaste Kathie Bigelow, il est le producteur du film de celle-ci Extrême limite (Point Break, 1991).

CAMEROUN.

Ancien territoire sous double mandat franco-britannique, territoire ensuite associé à l'Union française (1946), ce pays, qui est demeuré bilingue, accède à l'indépendance en 1960. Une série de courts métrages traite de manière récurrente des liens avec la France, comme la vie des étudiants à Paris, mais on ne peut rien en retenir d'important. Ce n'est qu'en 1973 qu'un moyen métrage de Daniel Kamwa, Boubou Cravate (en français), amorce une tentative de fiction critique. Muna Moto, c'est-à-dire en douala « l'enfant de l'autre », est le premier long métrage camerounais dû à un jeune dramaturge, Jean-Pierre Dikongué-Pipa (1976). Les films suivants sont parlés en français, avec quelques répliques en langues diverses : Pousse-pousse, de Kamwa (LM, 1976), qui reprend avec succès, après Muna Moto, le thème de l'achat d'une épouse, mais sur le mode de la comédie, ou le Prix de la liberté (la « liberté » de la femme dans la société camerounaise), deuxième long métrage de Dikongué-Pipa (1978).

CAMINO (Jaime)

cinéaste espagnol (Barcelone, Catalogne, 1936).

España otra vez (1968), au scénario duquel collabore Alvah Bessie, suit les traces d'un ancien combattant des Brigades internationales qui revoit Barcelone trente ans après la fin de la guerre civile. Sujet audacieux pour l'époque, gâché par les contraintes commerciales et de censure. Les Longues Vacances de 36 (Las largas vacaciones del 36, 1976) montre cette même guerre vécue dans le camp républicain et vue par un groupe d'adolescents. Plus intéressant encore est le documentaire La vieja memoria (1978), confrontation dialectique des souvenirs d'anciens franquistes et républicains de diverses tendances. En 1984, il réalise El balcón abierto, en 1986 Dragon Rapide et, en 1988, Luces y sombras. Il entreprend en 1991 un grand film en deux parties sur la guerre d'Espagne, El largo invierno.

CAMION-SON.

Autrefois, camion aménagé pour l'enregistrement du son direct dans les tournages en extérieur. ( PRISE DE SON.)

CAMPANINI (Carlo)

acteur italien (Turin 1906 - Rome 1984).

Dans une carrière partagée entre le théâtre dialectal, la revue, l'opérette et le cinéma, Campanini a imposé un personnage tour à tour exubérant et mélancolique. Partenaire à la scène ou à l'écran de Macario, Walter Chiari, Totò, Ugo Tognazzi, Tino Scotti, Campanini est le grand acteur de second plan qui réussit par sa présence et sa chaleur humaine à caractériser un personnage, même en très peu de scènes. Parmi ses rôles à l'écran, où il débute en 1939 dans Lo vedi come sei ? de Mattoli, on peut retenir Adieu jeunesse (F. M. Poggioli, 1940), Giorno di nozze (R. Matarazzo, 1942), Il birichino di papa (id., 1943), le Bandit (A. Lattuada, 1946), O. K. Neron (M. Soldati, 1951) et, surtout, Le miserie del Signor Travet (id., 1946), où il fait de son personnage d'employé de bureau un archétype humanisé.

CAMPION (Jane)

réalisatrice néo-zélandaise (Wellington 1954).

Anthropologue de formation, elle suit, après quelques expériences théâtrales, les cours de la Film and TV School de Sydney en Australie. Elle y réalise ses premiers courts métrages Peel (1981), Passionless Moments (1984), A Girl's Own Story (1985). Elle s'impose à l'attention de la critique internationale avec Two Friends (1986) et surtout avec Sweetie (1989), film très controversé mais à l'indéniable qualité de réalisme, Un ange à ma table (An Angel at My Table (1990), très remarqué au Festival de Venise et la Leçon de piano (The Piano, 1993), qui remporte la Palme d'or au Festival de Cannes. À travers ces trois films, Jane Campion quitte un certain réalisme de surface pour avancer vers un romantisme sombre, dont les thèmes et l'iconographie sont superbement maîtrisés : son goût du fouillis esthétique (désordre dans Sweetie et Un ange à ma table, jungle boueuse où se noue une flore aux racines démesurées), tout autre que laissé au hasard, est en fait le reflet d'un désordre intérieur. Portrait de femme (Portrait of a Lady, 1996), d'après Henry James, pouvait sembler corseter ce romantisme frénétique dans un certain académisme ; mais il n'est guère difficile, derrière la surface lisse, de retrouver le tumulte, les interrogations sur le civilisé et l'état sauvage qui sont au cœur des préoccupations de la cinéaste. Holy Smoke (id., 1999) revient aux antipodes et à un sujet contemporain, mais les préoccupations sont toujours les mêmes ; à travers un « désenvoûtement », Jane Campion pose en termes originaux le thème de la guerre des sexes (du désenvoûteur et de sa « victime », qui désenvoûte qui ?).