Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CRAWFORD (Lucille Fay Le Sueur, dite Joan) (suite)

Après cela, Joan Crawford ne fut plus que son propre fantôme, offrant au public le reflet, parfois terrifiant, de son glamour passé. Ce fantôme, Robert Aldrich réussit à le piéger, non sans cruauté, dans Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962), qui l'opposait à son ancienne rivale de la Warner Bros, Bette Davis. D'autres cinéastes, bien moins inspirés, lui firent terminer sa carrière sur de médiocres films d'horreur où Joan, toujours star, arrivait à imposer fugitivement sa splendeur. C'est en fait la télévision, où elle tourna beaucoup, qui lui offrit la dernière apparition qui eût été digne d'elle : dans Night Gallery (1969), le tout jeune Steven Spielberg faisait d'elle une troublante aveugle qui passait un pacte avec l'au-delà. Ses larges yeux, une dernière fois grands ouverts, s'y livraient, dans l'ombre, à un magnifique ballet de l'angoisse.

Elle avait été l'épouse de Douglas Fairbanks Jr. (1929-1933), puis de Franchot Tone (1935-1939), de Philip Terry (1942-1946), et enfin d'Alfred Steele, un dirigeant de la firme Pepsi-Cola (1956-1959). Elle écrivit deux livres de souvenirs, A Portrait of Joan (1962) et My Way of Life (1971). Sa fille adoptive Christina devait tracer d'elle un portrait cruel et corrosif dans un best-seller tapageur : Mommie Dearest (1978), qui devait donner lieu à un film médiocre de Frank Perry, où la star était interprétée par Faye Dunaway.

Films :

Lady of the Night (M. Bell, 1925) ; Fraternité (K. Vidor, id.) ; Pretty Ladies (M. Bell, id.) ; Old Clothes (E. Cline, id.) ; The Only Thing (J. Conway, id.) ; Poupées de théâtre (E. Goulding, id.) ; The Boob (W. A. Wellman, 1926) ; Plein les bottes (H. Edwards, id.) ; Paris (Goulding, id.) ; Taxi Girl (The Taxi Dancer, Harry Millarde, 1927) ; le Dernier Refuge (Winners of the Wilderness, W. S. Van Dyke, id.) ; The Understanding Heart (Conway, id.) ; l'Inconnu (T. Browning, id.) ; le Bateau ivre (Twelve Miles Out, Conway, id.) ; le Temps des cerises (E. Sedgwick, id.) ; West Point (id., 1928) ; Rose-Marie (id., Lucien Hubbard, id.) ; Un soir à Singapour (Across to Singapore, W. Nigh, id.) ; la Mauvaise Route (The Law of the Range, id., id.) ; la Prison de cœur (Four Walls, id., id.) ; les Nouvelles Vierges (H. Beaumont, id.) ; Adrienne Lecouvreur (Dream of Love, F. Niblo, id.) ; The Duke Steps Out (J. Cruze, 1929) ; The Hollywood Revue of 1929 (C. F. Riesner, id.) ; Ardente Jeunesse (Our Modern Maidens, Conway, id.) ; Untamed (id., id.) ; Montana Mound (M. Saint-Clair, 1930) ; Our Blushing Brides, (Beaumont, id.) ; Il faut payer ! (Paid, S. Wood, id.) ; Dance Fools Dance (Beaumont, 1931) ; la Pécheresse (Laughing Sinners, id., id.) ; This Modern Age (Nicholas Grinde, id.) ; Fascination (C. Brown, id.) ; Grand Hôtel (Goulding, 1932) ; Captive (Brown, id.) ; Pluie (Rain, L. Milestone, id.) ; Après nous le déluge (H. Hawks, 1933) ; le Tourbillon de la danse (R. Z. Leonard, id.) ; Vivre et aimer (Brown, 1934) ; la Passagère (id., id.) ; Souvent femme varie (W. S. Van Dyke, id.) ; la Femme de sa vie (No More Ladies, Edward H. Griffith, 1935) ; Vivre sa vie (I Live My Life, W. S. Van Dyke, id.) ; l'Enchanteresse (C. Brown, 1936) ; Loufoque et compagnie (Love on the Run, W. S. Van Dyke, id.) ; la Fin de Madame Cheyney (R. Boles'lawsky, 1937) ; l'Inconnue du palace (D. Arzner, id.) ; Mannequin (F. Borzage, 1938) ; l'Ensorceleuse (id., id.) ; la Féerie de la glace (R. Schünzel, 1939) ; Femmes (G. Cukor, id.) ; le Cargo maudit (Borzage, 1940) ; Suzanne et ses idées (Cukor, id.) ; Il était une fois (id., 1941) ; Duel de femmes (When Ladies Meet, R. Z. Leonard, id.) ; Embrassons la mariée (They All Kissed the Bride [A. Hall], 1942) ; Reunion in France (J. Dassin, id.) ; Above Suspicion (R. Thorpe, 1943) ; Hollywood Canteen (D. Daves, 1944) ; le Roman de Mildred Pierce (M. Curtiz, 1945) ; Humoresque (J. Negulesco, 1947) ; la Possédée (C. Bernhardt, id.) ; Femme ou Maîtresse (O. Preminger, id.) ; Boulevard des passions (Curtiz, 1949) ; les Travailleurs du chapeau (It's a Great Feeling, D. Butler, caméo ; id.) ; l'Esclave du gang (The Damned Don't Cry, V. Sherman, 1950) ; la Perfide (Harriet Craig, id., id.) ; la Flamme du passé (Good Bye My Fancy, id., 1951) ; la Reine du hold-up (This Woman Is Dangerous, Felix Feist, 1952) ; le Masque arraché (D. Miller, id.) ; la Madone gitane (Torch Song, Ch. Walters, 1953) ; Johnny Guitare (N. Ray, 1954) ; la Maison sur la plage (J. Pevney, 1955) ; Une femme diabolique (R. MacDougall, id.) ; Feuilles d'automne (R. Aldrich, 1956) ; le Scandale Costello (D. Miller, 1957) ; Rien n'est trop beau (The Best of Everything, Negulesco, 1959) ; Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (Aldrich, 1962) ; The Caretakers (H. Bartlett, 1963) ; la Meurtrière diabolique (Straight-Jacket, W. Castle, 1964) ; Tuer n'est pas jouer (I Saw What You Did, id., 1965) ; le Cercle de sang (Berserk, Jim O'Conolly, 1967) ; Trog (F. Francis, 1970).

CRÉDITS.

Mot anglais pour générique ou pour filmographie.

CREGAR (Laird)

acteur américain (Philadelphie, Pa., 1913 - Los Angeles, Ca., 1944).

En dépit de l'extrême brièveté de sa carrière, il est un des « méchants » les plus caractéristiques des années 40, l'interprète idéal de personnages à double face, dont l'urbanité amollie masque la folie homicide. Après avoir tourné le rôle du critique arrogant d'Arènes sanglantes (R. Mamoulian, 1941), du policier sadique de I Wake Up Screaming (Bruce Humberstone, id.), du « commanditaire » de Tueur à gages (F. Tuttle, 1942), du pirate Henry Morgan dans le Cygne noir (H. King, id.), et enfin de « Son Excellence » — le Diable — dans Le Ciel peut attendre (E. Lubitsch, 1943), il trouvera son registre le plus approprié dans deux thrillers « gothiques » de John Brahm : Jack l'Éventreur (1944) et Hangover Square (1945), qui concluront sa courte filmographie.

CREMER (Bruno)

acteur français (Saint-Mandé 1929).

Il a été révélé par le rôle de l'adjudant baroudeur Willsdorf dans la 317e Section de Pierre Schoendoerffer en 1964. Son physique, son masque lourd, ses yeux bleu froid le destinent évidemment aux rôles d'homme d'action, qu'il sait nuancer : Un homme de trop (Costa-Gavras, 1967) ; l'Attentat (Y. Boisset, 1972) ; le Bon et les Méchants (C. Lelouch, 1976) ; Une histoire simple (C. Sautet, 1978) ; l'Ordre et la Sécurité du monde (Claude D'Anna, 1978) ; Espion lève-toi (Boisset, 1982). On le remarque également dans Bye Bye Barbara (M. Deville, 1969) ; le Prix du danger (Boisset, 1983) ; Effraction (Daniel Duval, id.) ; Un jeu brutal (J.-C. Brisseau, id.) ; De bruit et de fureur (id., 1987) ; Noces blanches (id., 1989) ; Tumultes (B. van Effenterre, id.) ; Taxi de nuit (Serge Leroy, 1993) ; Sous le sable (F. Ozon, 2000).