Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
Y

YIM HO

cinéaste chinois (1952).

Diplômé de la London International Film School, il retourne à Hongkong à la fin des années 70. Il y fait ses armes à la télévision en participant à la réalisation de séries réalistes, en compagnie notamment de Patrick Tam et Ann Hui. Il est le premier de la Nouvelle Vague à mettre en scène un long métrage, The Extras (Ka le fei, 1978). Suivent The Happenings (Ye Che, 1980) et Wedding Bells, Wedding Belles (Gong zi jiao, 1981). Sensible aux problèmes de la Chine continentale, il y situe ses films à partir de Homecoming (Sishui liunian, 1984), portrait d'une Hongkongaise retournant dans sa ville natale. Dans Red Dust (Gungun hongchen, 1990), une autre femme – écrivain de talent – tombe amoureuse d'un traître pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1991, il coréalise avec Tsui Hark The King of Chess (Kei Wong), une fresque historique sur la Longue Marche. Après Le jour où le soleil devint froid (Tianguo niezi, 1994), il remporte l'ours d'argent au Festival de Berlin pour le Soleil a des oreilles (Taiyang you er, 1996). Avec Kitchen (Wo ai chu fang, 1997), une adaptation du roman de Banana Yoshimoto, il retourne à Hongkong. En 2000, il réalise coup sur coup Pavilion of Women (avec Willem Dafoe) et Butterfly Effects.

YING YUNWEI

cinéaste chinois (Shanghai 1904 - [?] 1967).

D'abord comédien, il entre en 1921 à l'Association théâtrale de Shanghai, puis travaille pour les studios Diantong, Yi Hua et Mingxing. Il y réalise alors ‘ les Malheurs de la jeunesse ’ (Taoli jie, 1934), ‘ Héros du temps présent ’ (Shishi yingxiong, 1935) ; ‘ À la vie, à la mort ’ (Shengsi tongxin, 1936). Après l'occupation de la ville par les Japonais, en 1937, il tourne à Wuhan et Chongqing des films progressistes, citons : ‘ Huit Cents Soldats héroïques ’ (Babai zhuangshi, 1938) et ‘ Troubles sur la frontière ’ (Saishang fengyun, 1940), et, après la libération, il se spécialise dans les opéras filmés, dont on retiendra : Song Shijie (CO Liu Qiong, 1956), ‘ la Carpe-fée ’ (Zhui yu, 1959), le ‘ Pavillon de la poésie ’ (Dou shiting, 1960) et Wu Song (1963). Il disparaît en 1967, victime de la Révolution culturelle.

YODA (Yoshikata ou Giken)

scénariste japonais (Kyoto 1909 - id. 1991).

D'abord employé de banque, il est arrêté en 1928 pour « sympathies communistes », mais il retrouve du travail à la compagnie Nikkatsu en 1930 comme scénariste. Il y fait la connaissance de Kenji Mizoguchi, et commence à travailler avec lui en 1936 pour Élégie d'Osaka (Naniwa Hika) et les Sœurs de Gion (Gion no shimai), deux films de « protestation sociale » produits par la Daiichi Eiga, et qui demeureront des œuvres essentielles du cinéaste. C'est le début d'une fructueuse et décisive collaboration de vingt ans, quasiment ininterrompue, sauf pour quelques films de la fin de la guerre. Devenu indépendant en 1948, Yoda signera les scénarios et adaptations de toutes les œuvres de la dernière période de Mizoguchi, du Destin de Mme Yuki (Yuki fujin ezu, 1950) à la Vie d'Oharu femme galante (Saikaku ichidai onna, 1952), les Contes de la lune vague après la pluie (1953), l'Intendant Sansho (1954), les Amants crucifiés (id.), l'Impératrice Yang-Kwei-Fei (1955), parfois écrits en collaboration avec Matsuro Kawaguchi ou Masashige Narusawa, qui signera seul le scénario de la Rue de la honte (1956), dernier film de Mizoguchi. Après sa mort, Yoda travaillera surtout pour des films historiques où l'on retrouve toujours son sens de la description sociale : les Demi-frères (Ibokyodai, M. Ieki, 1959), Meurtre à Yoshiwara (T. Uchida, 1960), la Renarde folle (Koiya koi, id., 1962) et Histoire cruelle de Bushido / le Serment d'obéissance (T. Imai, 1963). En 1989, il adapte un roman de Yasushi Inoue pour la Mort du maître de thé (Sen no Rikyu, Kei Kumai).

YONNEL (Jean)

acteur françcais (Bucarest, Roumanie, 1891 - Paris 1968).

Il fait ses premiers pas au théâtre sous l'égide de Sarah Bernhardt et termine sa carrière grand premier rôle à la Comédie-Fraņcaise, figure type des tragédies de Montherlant. L'écran, en revanche, s'accommode mal d'une diction volontiers emphatique et de nobles attitudes trop compassées. Le rôle de d'Artagnan (Vingt Ans après, H. Diamant-Berger, 1922) ne lui apporte pas le même succès qu'à son prédécesseur Simon-Girard. Ses apparitions sont d'ailleurs espacées (Koenigsmark, M. Tourneur, 1935 ; les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg, J. Dreville, 1938 ; Mission spéciale, M. de Canonge, 1946 ; Marianne de ma jeunesse, J. Duvivier, 1955 ; Un drôle de paroissien, J.-P. Mocky, 1963).

YORDAN (Philip)

écrivain, producteur et scénariste américain (Chicago, Ill., 1913).

Scénariste très prolifique, qui servit de prête-nom à d'autres, inquiétés par le maccarthysme, et qui couvre souvent des interventions étrangères non créditées au générique, parce que « blacklisted », le ton, ou le talent, de Philip Yordan est difficilement identifiable. On hésite à le rendre totalement responsable de la réussite d'un scénario qu'il signe et, cependant, force est d'admettre que son nom s'est trouvé mêlé à plus d'une réussite. Très certainement, la perfection de l'écriture confère à Johnny Guitare (N. Ray, 1954) la solide structure qui lui était nécessaire, et l'obtention d'un Oscar pour la Lance brisée (E. Dmytryk, id.) est pleinement justifiée. La sécheresse efficace des scénarios de l'Homme de la plaine (1954) et de la Charge des Tuniques bleues (1955), deux belles œuvres de Anthony Mann, n'est pas non plus le fait du premier venu. Quand la marabunta gronde (1954, Byron Haskin), mêlait, avec une adresse consommée, un scénario très romanesque à la Daphné Du Maurier, une vigoureuse écriture de film d'action, un souffle ample de film catastrophe et des considérations psychanalytiques très fines. On doit donc, même sous réserve d'inventaire, le considérer comme un excellent scénariste, dont on trouve la signature au fronton de films très différents : la Maison des étrangers (J. L. Mankiewicz, 1949), Mutinerie à bord (Dmytryk, 1952), Houdini (G. Marshall, 1953), le Petit Arpent du bon Dieu (A. Mann, 1958), les 55 Jours de Pékin (N. Ray, 1963), la Chute de l'Empire romain (A. Mann, 1964).