Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LAFFIN (Dominique)

actrice française (Saint-Mandé, 1952 - Paris 1985).

La voix cassée et la bouche boudeuse, elle représente le désarroi d'une certaine jeunesse des années 70, à la fois grave et enfantine. C'est Claude Miller qui la découvre avec Dites-lui que je l'aime (1977). Elle tourne, les Petits Câlins (Jean-Marie Poiré, 1978), avant d'être la Femme qui pleure (J. Doillon, 1979), son interprétation la plus émouvante. Elle tourne ensuite avec Marco Ferreri (Pipicacadodo, 1979), Robert Enrico (l'Empreinte des géants, 1980), Rudolf Thome (la Main dans l'ombre, 1983) et Claude Sautet (Garçon !, id.). Passage secret (Laurent Perrin, 1985) sort en salles quelques semaines après sa mort d'une crise cardiaque.

LAFONT (Bernadette)

actrice française (Nîmes 1938).

D'abord attirée par la danse, elle adopte la carrière cinématographique en jouant dans le court métrage de François Truffaut, les Mistons (1958). Elle devient, pendant un temps, une figure représentative de la Nouvelle Vague à travers, notamment, les films de Claude Chabrol : le Beau Serge (1959), À double tour (id.), les Bonnes Femmes (1960), les Godelureaux (id.). Elle sait, jusqu'en 1978, équilibrer ses prestations entre les exigences alimentaires et les œuvres ambitieuses. À partir de 1968, elle aide de nombreux jeunes cinéastes en jouant dans leurs films : le Révélateur (Ph. Garrel) ; la Fiancée du pirate (N. Kaplan, 1969) - qui lui vaut un succès d'estime ; Paul (Diourka Medveczky, alors son époux, id.) ; What a Flash (Jean-Michel Barjol, 1971) ; la Maman et la Putain (J. Eustache, 1973). On remarque aussi son travail pour Jacques Rivette : Out One (1974) et Noroît (1977). Il semble que, depuis la fin des années 70, Bernadette Lafont se cantonne dans des créations plus commerciales : Un bon petit diable (J.-C. Brialy, 1983) ; Gwendoline (Just Jaeckin, 1984) ; le Pactole (J.-P. Mocky, 1985) ; les Saisons du plaisir (id., 1987) ; Prisonnières (Charlotte Silvera, 1988) ; Cherokee (Pascal Ortega, 1991). On note quelques exceptions : Cap Canaille de Juliet Berto et Jean-Henri Roger (1983), l'Effrontée de Claude Miller (1985) ou Nous sommes tous encore ici d'Anne-Marie Mieville (1996). Elle retrouve Chabrol en 1986 dans Inspecteur Lavardin, puis dans Masques (1987). Sa fille Pauline (Nîmes 1963-1988), actrice elle aussi, a joué notamment dans Poulet au vinaigre (C. Chabrol, 1985), le Pactole (J. -P. Mocky, id.), l'Été en pente douce (Gérard Krawczyk, 1987), Je hais les acteurs (G. Krawczyk, id.), Soigne ta droite (J. L. Godard, id.).

LAFORÊT (Maïtena Doumenach, dite Marie)

actrice et chanteuse française (Soulac-sur-Mer 1941).

Sa carrière est à l'image de sa beauté : fascinante et déconcertante. Lancée en 1959 par Louis Malle, dotée d'un incontestable talent qu'elle ne valorisera guère, elle délaissera peu à peu le succès pour s'installer à Genève comme commissaire-priseur avant de revenir au music-hall au début des années 80 et au cinéma dans des films très commerciaux. Son rôle le plus remarquable reste celui qui l'oppose et la soumet à Alain Delon dans Plein Soleil (R. Clément, 1960). C'est aussi son meilleur film. Elle a publié en 1981 : Contes et Légendes de ma vie privée. Parmi ses autres films, citons : la Fille aux yeux d'or (J.-G. Albicocco, 1961) ; À cause, à cause d'une femme (Michel Deville, 1962) ; Marie-Chantal contre docteur Kha (Claude Chabrol, 1965) ; le Petit Poucet (M. Boisrond, 1972) ; Flic ou Voyou (G. Lautner, 1979) ; Tangos, l'exil de Gardel (F. Solanas, 1985) ; Il est génial papy (M. Drach, 1987), Tykho Moon (Enki Bilal, 1996).

LAGRAVENESE (Richard)

scénariste américain (New York, N. Y., 1959).

C'est le scénario original de Fisher King (T. Gilliam, 1991) qui révéla l'écriture si particulière de LaGravenese. Celui-ci est à l'aise dans la fable sentimentale, qu'il émaille de références culturelles (littérature, mythologie, cinéma) diverses. Un classique pour enfants comme la Petite Princesse (Alfonso Cuaron, 1995) ou un récent best-seller romanesque comme Beloved (J. Demme, 1998) bénéficient également de son romantisme sincère, tout autre que désuet. Ces qualités fleurissent avec bonheur dans Sur la route de Madison (C. Eastwood, 1995) et dans l'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux (R. Redford, 1998), sorte de diptyque, remarquablement servi par des cinéastes inspirés, où LaGravenese réussit, sans mièvrerie, à renouer avec le meilleur classicisme hollywoodien. Il a réalisé un film, D'une vie à l'autre (Living out Loud, 1998).

LAGUIONIE (Jean-François)

cinéaste français (Besançon 1939).

Il s'intéresse à l'art dramatique, à la décoration et au théâtre d'ombres. Paul Grimault produit ses trois premiers films d'animation, et son coup d'essai, la Demoiselle et le violoncelliste (1965), poème onirique, figuratif et musical, obtient le grand prix des Journées internationales du cinéma d'animation d'Annecy. Hors des modes et des courants, Laguionie perfectionne la technique des papiers découpés et collés sur un support de métal qu'il a mise au point avec Paul Grimault : l'Arche de Noé (1967) ; Une bombe par hasard (1969)... En 1978, la Traversée de l'Atlantique à la rame, qui étend la plastique du graphiste à la dimension d'un conte métaphysique, reçoit la Palme d'or du court métrage à Cannes et le grand prix du festival d'Ottawa. Après cinq ans d'un travail acharné, Jean-François Laguionie signe, en 1984, son premier long métrage d'animation : Gwen, le livre des sables, qu'il conçoit dans le nouveau studio d'animation créé par ses soins dans les Cévennes, La Fabrique. On y retrouve la poésie de ses mises en scène et le chromatisme délicat de ses papiers découpés, ainsi que la récurrence thématique de la catastrophe comme élément fondateur et révélateur. Après avoir contribué, avec La Fabrique, à développer le cinéma d'animation d'auteurs, Jean-François Laguionie revient à un long métrage de dessin animé, le Château des singes (1999). De facture plus classique, le film propose une nouvelle allégorie sur civilisation et obscurantisme.

LAI (Francis)

musicien français (Nice 1932).

Accompagnateur, accordéoniste, auteur des musiques de nombreuses chansons à succès (pour Édith Piaf en particulier), le succès lui est essentiellement venu de son appartenance à la « bande à Lelouch ». Il en est le musicien fétiche depuis Un homme et une femme (1966), avec d'un air (« Chabadabadabada... ») dont la fortune a dépassé le cadre du cinéma. Son nom est inséparable de celui de Lelouch, dont il a mis en musique tous les films, apparaissant même comme utilité dans Smic, Smac, Smoc (1971). Sa célébrité s'est encore étendue grâce au Love Story d'Arthur Hiller (1970). C'est, presque, un phénomène sociologique issu de la facilité de propagation des tubes, avec, notamment : le Voyou (1970) ; la Bonne Année (1973) ; le Bon et les Méchants (1976) ; À nous deux (1979) ; les Uns et les Autres (1981, avec Michel Legrand) ; Un homme et une femme : vingt ans déjà (1986) ; Itinéraire d'un enfant gâté (1988) ; Il y a des jours et des lunes (1990), Tout ça pour ça (1993), Hommes, femmes, mode d'emploi (1996)... Lelouch lui doit autant qu'il doit à Lelouch. Au-delà de ce dernier, il signe notamment la musique des Yeux noirs de N. Mikhalkov (1987), de Der Atem de N. Schilling (1989), de l'Inconnu dans la maison de G. Lautner (1992).