Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LEDOYEN (Virginie Fernandez, dite Virginie)

actrice française (Aubervilliers 1976).

Elle est très jeune quand elle tourne dans un premier film (1987) et accède à des rôles importants dès 1991 : dans le Voleur d'enfants, de Christian de Chalonge (1981) et, plus encore, Mima, de Philomène Esposito (1991), où elle joue aux côtés de Nino Manfredi. Elle devient une habituée des films d'Olivier Assayas (l'Eau froide, Fin août début septembre) et de Benoît Jacquot (la Fille seule, Marianne) et se signale dans un genre différent grâce à Jeanne et le garçon formidable, d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau (1998). Elle tourne dans des productions étrangères comme Mahjong d'Edward Yang (1995), la Femme du soldat de James Ivory (1998), la Plage, de Danny Boyle (2000), Cecilia (Irwin Kershner, 2000), mais au prix d'une certaine perte d'identité, malgré En plein cœur de Pierre Jolivet (1998) et De l'amour de Jean-François Richet (2001).

LEDUC (Paul)

cinéaste mexicain (Mexico 1942).

Après des études d'architecture, une activité de critique et un séjour à l'IDHEC, il réalise quelques courts métrages et s'impose à l'attention par son premier long métrage, Reed, México insurgente (1970), d'après le reportage écrit en 1914 par le journaliste américain John Reed sur ses aventures avec Pancho Villa : réalisé en 16 mm noir et blanc avec un très petit budget, ce modeste film donne cependant une image authentique et très convaincante de l'épopée révolutionnaire. Dans le long métrage documentaire Etnocidio, notas sobre el Mezquital (1976), Leduc dénonce l'ethnocide dont sont victimes les Indiens de la vallée du Mezquital de la part des propriétaires terriens et du pouvoir fédéral. Dans Historias prohibidas de Pulgarcito (1980), il apporte une précieuse documentation sur le processus révolutionnaire en cours au Salvador. En 1984, il signe Frida (Frida, naturaleza viva), magnifique évocation biographique de Frida Kahlo, peintre surréaliste et compagne de Diego Rivera. Barroco (1989) et Latino Bar (1991) sont deux films d'une profonde originalité, le premier bâti sur une dérive musicale dans le temps et l'espace, le second privé de dialogues, attentif à l'atmosphère et au climat d'un microcosme social. Dans une même veine, mais avec un propos politique plus virulent, il tourne ensuite Dollar mambo (1993).

LEE (Ang)

cinéaste taïwanais (Pingtung 1954).

Diplômé de l'École nationale des arts de Taipei, il émigre aux États-Unis en 1978 pour étudier le théâtre à l'université de l'Illinois. Il entre ensuite à l'école de cinéma de la New York University, où il assiste Spike Lee pour son film de fin d'études (Joe's Bed-Stuy Barbershop : We Cut Heads, 1984). L'année suivante, son premier court métrage, Fine Line, remporte le prix du meilleur film étudiant. De 1985 à 1991, il écrit des scénarios. En 1992, il met en scène Pushing Hands (Tui shou), histoire d'un maître pékinois de tai-chi à la retraite rejoignant son fils habitant à New York. Avec Garçons d'honneur (Hsi Yen, 1993), Ours d'or au Festival de Berlin, et Salé, sucré (Yin shi nan nu, 1994), il poursuit sur la veine de la comédie de mœurs. En conteur de talent, il s'intéresse aux conflits de générations et aux chocs entre mondes étrangers. Grâce à son adaptation d'un roman de Jane Austen, Raison et sentiments (Sense and Sensibility, 1996), il remporte une seconde fois l'Ours d'or à Berlin. Moins consensuel, The Ice Storm (1997) est une satire féroce de la classe moyenne américaine des années 70. Après Ride with the Devil (1999), il réalise un wu xia pian, un film de sabre chinois. Chef-d'œuvre du genre, Tigre et dragon (Crouching Tiger, Hidden Dragon, 2000) s'approprie le meilleur des cinémas américain et chinois.

LEE (Li Zhenfan, dit Li Xiaolong ou Li, le Petit Dragon, dit Bruce)

acteur et cinéaste chinois (San Francisco 1940 - Hongkong 1973).

Fils d'un acteur d'opéra cantonais, il obtient son premier rôle, aux côtés de son père, dans le Kid (Xilu xiang, Feng Feng, 1950) et poursuit sa carrière dans le cinéma cantonais avec, en particulier, l'Orphelin (Renhai guhong, Li Chenfeng, 1960), tourné en 1958, avant son départ pour les États-Unis, où il ouvre une école de kung-fu (gongfu), apparaît dans des séries télévisées et se fait remarquer dans la Valse des truands (Marlowe, Paul Bogart, 1969). En 1971, il retourne à Hongkong, où il est engagé par la Golden Harvest pour le rôle principal du film The Big Boss (Tangshan da xiong, Luo Wei, 1971), qui remporte un immense succès, suivi de la Fureur de vaincre (Jing wu men, id., 1972). Avec Raymond Chaw, il fonde ensuite sa propre compagnie, dont il réalise et interprète le premier film : la Fureur du dragon (The Way of the Dragon/Meng long guojiang, 1972), suivi de Opération Dragon (Enter the Dragon/Long zheng hu men, Robert Clouse, 1973), coproduit avec Warner Bros. Il tournait le Jeu de la mort (Xi wang you xi) au moment de sa mort, le 20 juillet 1973, et le film a été terminé sans lui. Très versé en arts martiaux, il a mis au point une méthode personnelle qui allie la pratique traditionnelle de gongfu à des techniques de lutte occidentale. Ses films, diffusés dans le monde entier, connaissent un tel succès que de nombreux faux Bruce Lee apparaissent après sa mort.

LEE (Christopher)

acteur britannique (Londres 1922).

Il débute à l'écran en 1947 et tient durant dix ans une trentaine de rôles de peu d'importance. Sa véritable chance lui est donnée en 1957 par Terence Fisher, qui fait de lui le successeur de Boris Karloff dans Frankenstein s'est échappé. Ainsi s'ouvre un remarquable cycle anglais de films fantastiques et d'horreur dont Fisher et la compagnie Hammer Films seront les principaux artisans. Souvent associé à Peter Cushing, Christopher Lee y incarne une extraordinaire série de monstres et de méchants cinématographiques : la momie (la Malédiction des pharaons, Fisher, 1959), Fu Manchu (le Masque de Fu Manchu, D. Sharp, 1965), ou Raspoutine (Raspoutine, le moine fou, id., id.) ; il lui arrive de côtoyer Orlac (les Mains d'Orlac, E. T. Gréville, 1961), la Gorgone (The Gorgon, Fisher, 1964) et l'immortelle Ayesha (la Déesse de feu, Robert Day, 1965). Il incarne aussi Henry Baskerville dans le Chien des Baskerville (Fisher, 1959), le grand détective lui-même dans Sherlock Holmes et le collier de la mort (id., 1962), le frère enfin de celui-ci dans la Vie privée de Sherlock Holmes (B. Wilder, 1970). Mais sa haute stature et sa sombre élégance trouvent leur emploi idéal avec le vampire Dracula, dont il fait une composition retenue mais traversée de fulgurantes flambées de violence qui marqueront définitivement le personnage. De Cauchemar de Dracula (Fisher, 1958) en Dracula père et fils (E. Molinaro, 1976), il assumera dans près de vingt films la permanence du mythe, jusqu'à son inévitable glissement dans le stéréotype ou la parodie. En 1973, il interprète le personnage de Rochefort dans les Trois Mousquetaires de Richard Lester, personnage auquel il restera fidèle 15 ans plus tard dans le Retour des mousquetaires du même Lester. On le retrouve au début de Sleepy Hollow (T. Burton, 1999), magistrat sévère qui envoie Johnny Depp en mission : il ne semble pas avoir changé d'une ride !