Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BERLING (Charles)

acteur français (Saint-Mandé 1958).

Venu du théâtre – qu'il n'abandonnera pas malgré une intense activité cinématographique à partir de 1994 –, il s'affirme dans un film tourné en Belgique mais peu diffusé, Just Friends (Marc Henri Wajnberg, 1993), dans Couples et amants de John Lvoff (1994) et surtout dans Petits Arrangements avec les morts de Pascale Ferran (id.). Il touche un large public grâce au rôle principal de Ridicule de P. Leconte puis confirme sa finesse et son talent dans des films généralement exigeants vis-à-vis des interprètes : Love, etc. (Marion Vernoux, 1996), Nettoyage à sec (Anne Fontaine, 1997), Ceux qui m'aiment prendront le train (P. Chéreau, 1998), l'Ennui (C. Kahn, id.), les Destinées sentimentales (O. Assayas, 2000), la Comédie de l'innocence (R. Ruiz, id.), Les Âmes fortes (R. Ruiz, 2001).

BERMAN (Pandro Samuel)

producteur américain (Pittsburgh, Pa., 1905 - Beverly Hills, Ca., 1996).

Fils d'un dirigeant de l'Universal, il se consacre très vite à la production. Il travaille à la RKO de 1931 à 1940, puis à la MGM. Dans l'un et l'autre cas, il est à l'origine d'un très grand nombre de succès artistiques. Cukor, La Cava, Minnelli ou Richard Brooks lui doivent certains de leurs plus beaux films. Et puis il produit à la RKO tous les films de Fred Astaire et Ginger Rogers. Il sait allier un grand sens commercial à un goût très sûr et il a la grande intelligence de laisser s'exprimer librement les créateurs qui travaillent pour lui. En témoignent notamment : Sylvia Scarlett (G. Cukor, 1935), Pension d'artistes (G. La Cava, 1937), Graine de violence (R. Brooks, 1955), la Croisée des destins (Cukor, 1956), Doux Oiseau de jeunesse (R. Brooks, 1962).

BERNARD (Armand)

acteur français (Paris 1893 - id. 1968).

Sa solide formation classique le fait débuter au cinéma en 1917. La faveur du public lui est acquise et il triomphe en 1921 avec son interprétation de Planchet, le valet de d'Artagnan (les Trois Mousquetaires d'Henri Diamant-Berger). Le succès va s'accroître avec le parlant, où sa voix grave et ses mines compassées le cantonnent dans un comique funèbre : Tumultes (R. Siodmak, 1932), Les dieux s'amusent (R. Schünzel, 1935), Michel Strogoff (J. de Baroncelli, 1936), les Disparus de Saint-Agil (Christian-Jaque, 1938), Raphaël le Tatoué (id., 1939), Souvenirs perdus (id., 1950).

BERNARD (Guy)

musicien français (Chauny 1907 - Vallauris 1979).

L'un des plus prolifiques parmi les compositeurs français de musique de film, il s'est surtout illustré, au lendemain de la guerre, dans le court métrage. On lui doit la célèbre partition imitant le galop d'un cheval de Naissance du cinéma de Roger Leenhardt (1946). Suivront entre autres, pour le même cinéaste : Du charbon et des hommes (1951), Victor Hugo (id.), François Mauriac (1954), Corot (1965), Monsieur Ingres (1966) et, en long métrage, les Dernières Vacances (1948). Guy Bernard a travaillé aussi pour Georges Rouquier (le Sel de la terre, 1950), Alain Resnais (Guernica, id.), Margot Benaceraf (Reveron, 1958 ; Araya, 1959), Marc Allégret (Julietta, 1953), etc. Il est l'auteur d'un ballet : Algues.

BERNARD (Paul)

acteur français (Villeneuve-sur-Lot 1898 - Paris 1958).

Le théâtre, abordé en 1920, lui offre des rôles d'adolescents écrits par Bataille, Guitry ou Deval. Sur les écrans du muet (les Mystères de Paris, Charles Burguet, 1922), il ne trouve guère de rôles à sa mesure, non plus que dans la première décennie du cinéma parlant. Pour un rôle remarquable (Pension Mimosas, J. Feyder, 1935), ou un personnage plaisant (Mon père avait raison, S. Guitry, 1936), il doit s'acquitter de beaucoup de besognes alimentaires. 1940, l'exode, son séjour dans le Midi vont jouer pour lui. Grémillon lui confie le rôle du châtelain de Lumière d'été (1943), et il trace de cet homme au passé trouble et aux passions perverses un portrait saisissant qui va le cantonner dans des personnages qui ne seront pas toujours aussi nuancés. Gangster de Voyage sans espoir (Christian-Jaque, 1943), il est aussi le traître classique dans le Bossu (J. Delannoy, 1944) et Roger la Honte (A. Cayatte, 1946) ou l'espion d'Un ami viendra ce soir (R. Bernard, 1946). Il assassine dans Panique (J. Duvivier, 1947), Fort de la solitude (R. Vernay, 1948), L'échafaud peut attendre (A. Valentin, 1949) ; il trahit dans les Maudits (R. Clément, 1947) et il combine de louches activités dans Sombre Dimanche (J. Audry, 1948) et Prélude à la gloire (G. Lacombe, 1950). Grémillon lui fait rencontrer un autre châtelain inquiétant (Pattes blanches, 1949) après que Bresson lui eut confié le rôle masculin des Dames du bois de Boulogne (1945) dont il a su doser le mélange de politesse glacée, de muflerie élégante et d'amour passionné. La maladie l'oblige à restreindre son activité ; on le voit une dernière fois en lord anglais sadique dans Rue des Bouches peintes (R. Vernay, 1955).

BERNARD (Raymond)

cinéaste français (Paris 1891 - id. 1977).

Fils de l'écrivain Tristan Bernard, il débute dans le spectacle comme acteur en 1915, jouant aux côtés de Sarah Bernhardt Jeanne Doré, écrit par son père. Il entre chez Gaumont, devient l'assistant de Feyder pour le Ravin sans fond (1917) sur un scénario de Tristan Bernard. Jusqu'en 1924, il continue à travailler sur les comédies paternelles (le Petit Café avec M. Linder, 1919). Le succès d'estime et de fréquentation couronne le Miracle des loups (1924). Le Joueur d'échecs (1927), Tarakanova (1929) exploitent cette veine du drame historique. En 1930, Pathé-Natan l'engage et lui fait tourner ses œuvres les plus populaires : Faubourg Montmartre (1931), Tartarin de Tarascon (1934), surtout les Croix de bois (1932) et l'épopée hugolienne des Misérables (1934), composée en triptyque. Il hésite ensuite entre drames et comédies, entre le Coupable (1937) et J'étais une aventurière (1938), entre Amants et Voleurs (1935) et Marthe Richard (1937). Peu avant la guerre, il tourne Cavalcade d'amour et les Otages (1939). Il interrompt ses activités pendant l'Occupation et retrouve le chemin des studios en 1946 (Un ami viendra ce soir) sans retrouver le succès passé.