Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PATHÉ (Charles) (suite)

Charles Pathé meurt le jour de Noël 1957, l'âme en paix et son prestige intact. À cet homme industrieux et, au fond, pas si naïf, qui sut presque toujours retomber sur ses pieds, on doit bien d'autres initiatives : ainsi le coloriage des films au pochoir, dès les premières années du siècle (système Pathécolor) ; le lancement de formats substandards, qui témoigne d'une véritable politique de décentralisation de l'industrie filmique (Pathé-Kok, Pathé-Baby, Pathé-Rural) ; l'édification des studios de Joinville (1925) et de nombreuses salles, à Paris et en province (la plupart fonctionnent encore) ; l'extension du secteur phonographique (Pathé-Marconi) ; enfin, une « étude sur l'évolution de l'industrie cinématographique destinée aux auteurs, scénaristes, metteurs en scène, opérateurs et artistes », publiée sous sa direction en 1918 et qui révèle une singulière largeur de vues chez cet autodidacte. En bref, une parfaite connaissance du cinéma, art autant qu'industrie. On ne peut que souscrire au jugement d'Henri Langlois, selon lequel « ce grand pionnier ne fut pas seulement un bâtisseur de salles, un stratège financier, mais sut prendre part aux côtés de Zecca à la politique artistique qui nous mène de l'Histoire d'un crime à Cœur fidèle ».

PATIL (Smita)

actrice indienne (Poona, Maharashtra, 1955 - Bombay 1986).

Fille de l'homme politique Shivajirao Patil, elle travaille pour la TV quand elle est découverte par le cinéaste Shyam Benegal qui lui offre un rôle dans son film pour enfants Charandas Chor (1975), puis des prestations de plus en plus remarquées dans ‘ l'Aube ’ (1975), ‘ le Barattage ’ (1976), ‘ le Talisman ’ (1977) et surtout ‘ le Rôle ’ (1976). Elle se partage entre les films d'auteurs : ‘ Cercle vicieux ’ (Chakra, Rabindra Dharmaraj, 1980), À la recherche de la famine (M. Sen, id.), ‘ Un conte populaire ’ (K. Mehta, id.), Aakrosh (Govind Nihalani, id.), Sadgati (S. Ray, 1981), ‘ le Seuil ’ (Umbartha Subah, Jabbar Patel, 1982), Ardh Satya (G. Nihalani, 1984), Tarang (K. Shahani, id.), Mandi (S. Benegal, id.), Chidambaram (Aravindan, 1985) et les films à vocation populaire : Shakti (Ramesh Sippy, 1982), Namak Halal (Prakash Mehra, id.), Arth (Mahesh Bhatt, 1982, id.), Mirch Masala (K. Mehta, 1985), Debshishu (Utpalendu Chakraborty, id.). Elle meurt prématurément en 1986.

PATINO (Basilio Martin)

cinéaste espagnol (Lumbrales, Salamanque, 1930).

Fondateur du ciné-club qui publie la revue Cinema universitario (1953) et convoque les Conversations cinématographiques de Salamanque (1955), il est l'un des membres les plus talentueux de la génération du nuevo cine et l'un des moins consentants aux compromissions. Nueve cartas a Berta (1965) est une évocation brillante et inventive de l'atmosphère universitaire. Sa deuxième incursion dans la fiction, Del amor y otras soledades (1969), est moins réussie. Canciones para después de una guerra, réalisé en 1971, est l'objet de longues tracasseries de la part des autorités et ne sort en salle que cinq ans plus tard ; ce montage de documents, de matériel graphique et de chansons de l'après-guerre révèle une réalité misérable derrière les images et les discours optimistes. Queridísimos verdugos (1973) est un sobre réquisitoire contre la peine de mort et une exploration du quotidien des derniers bourreaux en activité. Caudillo (1975), nouveau film de montage, centré cette fois sur Franco, recueille des avis partagés, à cause d'une certaine ambiguïté, à laquelle n'échappait pourtant pas, déjà, le passionnant Canciones... Il signe en 1985 Los paraísos perdidos et en 1987 Madrid.

PATRICK (Nigel Dennis Wemyss, dit Nigel)

acteur et réalisateur britannique (Londres 1913 - id. 1981).

Venu du théâtre, il est une des vedettes les plus populaires dans son pays au cours des années 50, dans des rôles très divers : le professeur de sciences de l'Ombre d'un homme (A. Asquith, 1951), le pilote d'essai héroïque du Mur du son (D. Lean, 1952), le professeur frivole de l'Arbre de vie (E. Dmytryk, 1957), l'inspecteur sans scrupules d'Opération Scotland Yard (B. Dearden, 1959), le militaire dévoyé d'Hold-up à Londres (id., 1960). Nigel Patrick, que l'on a également vu dans le Procès d'Oscar Wilde (K. Hughes, id.), la Bataille d'Angleterre (G. Hamilton, 1969) et le Piège (J. Huston, 1973), s'est lui-même dirigé dans deux réalisations : Comment tuer un oncle à héritage (How to Murder a Rich Uncle, 1957) et Johnny Nobody (1961).

PATRONI GRIFFI (Giuseppe)

scénariste et cinéaste italien (Naples 1921).

Il écrit des émissions pour la radio et crée ensuite des pièces théâtrales à succès. Il devient scénariste, en 1952, en collaborant à Canzoni di mezzo secolo (D. Paolella). Ses collaborations successives sont toutes remarquables : I magliari (F. Rosi, 1959), la Novice (A. Lattuada, 1960), la Fille à la valise (V. Zurlini, 1961), Anima nera (R. Rossellini [1962], d'après la pièce de Patroni Griffi), l'épisode La strega bruciata viva (L. Visconti) des Sorcières (1967), la Belle et le Cavalier (Rosi, 1967), D'amore si muore (Carlo Carunchio [1972], d'après la pièce de Patroni Griffi). Il débute en 1962 dans la mise en scène avec un étrange drame psychologique : Il mare, et obtient un grand succès commercial avec son deuxième film, Disons, un soir à dîner (Metti, una sera a cena, 1969), adaptation de sa propre pièce. Esthète, amoureux des ambiances troubles et décadentes, il dirige ensuite trois films très proches de sa carrière théâtrale parallèle : Dommage qu'elle soit une putain (Addio fratello crudele, 1971), Identikit (1974), Divina creatura (1975).

PAUL (Bernard)

cinéaste français (Paris 1930 - id. 1980).

Auteur de films de fiction sur la vie ouvrière contemporaine, il ne parvient cependant pas à dépasser la description terre à terre de la vie quotidienne. Ainsi, son œuvre, qui débute avec le Temps de vivre (1968) et se poursuit jusqu'à Dernière Sortie avant Roissy (1977), ne remporte guère l'adhésion de la critique ni du public, malgré des analyses souvent justes et une évidente sincérité. Après Beau Masque (1972), il avait signé son film le plus documentaire, Histoire d'aller plus loin (1974).