Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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POIRIER (Manuel)

cinéaste français (Lima, Pérou, 1954).

Cinéaste autodidacte, il réalise plusieurs courts métrages à partir de 1984, dont la Lettre à Dédé (1985), qui est l'esquisse d'un long métrage ultérieur – du moins de ses premières séquences... À la campagne. Bien que peu diffusé, son premier long métrage, la Petite Amie d'Antonio (1992), est remarqué pour son ancrage social et un ton relativement nouveau dans le cinéma français. Son style personnel s'affirme avec force dans ... À la campagne (1994), où le psychologique et le social sont remarquablement imbriqués sans la moindre surcharge ni discours démonstratif. Marion (1996) séduit plus encore par la délicatesse avec laquelle sont décrits les liens familiaux réels ou rêvés et un respect de la personnalité enfantine inhabituel au cinéma. Western (1997), une sorte de road movie fécond en digressions, tourné sur un tout petit périmètre en Bretagne, s'éloigne en apparence de l'univers des précédents films de l'auteur ; cette narration vagabonde en cinémascope qui, en outre, témoigne d'un certain humour, respecte pourtant fondamentalement ses thèmes privilégiés tels que l'isolement affectif et le besoin de contacts, ou la redéfinition des relations de couple ou de famille. Il a réalisé plusieurs téléfilms et, en 2000, il revient en Amérique latine, où il est né, pour tourner Te quiero.

POITIER (Sidney)

acteur et cinéaste américain (Miami, Fla., 1924).

Élevé dans les Bahamas, il fait divers petits métiers, sert dans l'armée avant de rejoindre l'American Negro Theater et de débuter en 1946 à Broadway dans une version de Lysistrata (d'après Aristophane) entièrement interprétée par des Noirs. Dès son premier long métrage de fiction, La porte s'ouvre (J. Mankiewicz, 1950), il apparaît en vedette à Hollywood et s'impose peu à peu comme le leader incontesté (à cette époque) des acteurs de couleur. Richard Brooks (Graine de violence, 1955 ; le Carnaval des dieux, 1956) et Raoul Walsh (l'Esclave libre, 1957) lui offrent des rôles ; Stanley Kramer (la Chaîne, 1958) et Otto Preminger (Porgy and Bess, 1959) lui apportent une renommée internationale. Sidney Poitier connaît alors une période faste, tourne plusieurs œuvres où il reste prisonnier de son image de marque : Un raisin au soleil (A Raisin in the Sun, Daniel Petrie, 1960), Paris Blues (M. Ritt, 1961), Pressure Point (H. Cornfield, 1962), le Lys des champs (R. Nelson, 1963, qui lui vaut un Oscar), Aux postes de combat (James B. Harris, 1965), Trente Minutes de sursis (S. Pollack, id.), A Patch of Blue (G. Green, id.), la Bataille de la vallée du Diable (Nelson, 1966), les Anges aux poings serrés (To Sir, With Love, J. Clavell, 1967), Dans la chaleur de la nuit (N. Jewison, id.), Devine qui vient dîner (S. Kramer, id.), l'Homme perdu (R. A. Aurthur, 1969), Appelez-moi Monsieur Tibbs (G. Douglas, 1970). Au début des années 70, il se trouve quelque peu dépassé par les mouvements revendicatifs qu'il a pourtant largement contribué à faire admettre. Il se consacre alors davantage à la production, et se lance sans grande réussite dans la mise en scène : Buck and the Preacher (1972), A Warm December (1973), Uptown Saturday Night (1974), Let's Do It Again (1975), A Piece of the Action (1977), Faut s'faire la malle (Stir Crazy, 1980), Hanky Panky (1982), Fast Forward (1985), Ghost Dad (1990). Après dix ans d'absence comme acteur, il revient dans Randonnée pour un tueur (Shoot to Kill / Deadly Pursuit, Roger Spottiswoode, 1988), Sneakers (Phil Alden Robinson, 1992).

POJAR (Břetislav)

cinéaste tchèque (Sušice 1923).

Venu par hasard au cinéma d'animation, il fait partie, au lendemain de la guerre, du studio dirigé par Jiří Trnka et participe notamment de 1946 à 1959 à divers films de ce dernier : l'Année tchèque, le Rossignol de l'empereur de Chine, Prince Bayaya, et Songe d'une nuit d'été. En 1952, il écrit et dirige son premier film Une chaumière de pain d'épices (Perníková chalupka, film de marionnettes), qui est suivi par Un verre de trop (O skleničku víc, 1953). En 1955, il écrit et dirige un long métrage de fiction avec acteurs, qui est devenu un classique du cinéma pour enfants : les Aventures dans la baie d'or (Dobrodružství na zlaté zátoce), puis anime à l'écran les personnages du théâtre de marionnettes de son pays : Špejbl sur la piste (Špejbl na stopě, 1956), et réalise coup sur coup trois œuvres qui seront connues dans le monde entier : le Petit Parapluie (Paraplíčko, 1957, marionnettes animées), Bombomanie (Bombomania, id., dessin animé) et surtout le Lion et la Chanson (Lev a písnička, 1959, marionnettes animées). En 1965-1967, il réalise six films de marionnettes, connus sous le titre général les Oursons, qui obtiennent un vif succès auprès des jeunes (mais aussi des intellectuels) tchécoslovaques. En 1968, il est au Canada, où il réalise pour l'ONF un dessin animé ironique et didactique : Psychocratie (Psychocracy, or To See or Not to See). Revenu dans son pays, il travaille régulièrement pour la télévision et pour le cinéma, avec notamment : Anti-Darwin, ou Le ver de terre n'en savait rien (Co žížala netušila, 1969), et la Jeune Fille au pommier (Jabloňová panna, 1974). Il a l'occasion de faire un autre dessin animé au Canada : Balablok (id., 1973). En 1987, il signe une coproduction tchéco-canadienne Une romance qui vient des ténèbres.

POLA (Maria Luisa di Montesano, dite Isa)

actrice italienne (Bologne 1909 - Milan 1984).

Après avoir tenu des rôles de second plan dès 1926, Isa Pola fait ses débuts de protagoniste dans la comédie de Nunzio Malasomma La telefonista (1932). Dotée d'un tempérament très souple qui lui permet de s'adapter à des rôles très divers (Acciaio, W. Ruttmann, 1933 ; Ragazzo, I. Perilli, id. [non distribué] ; Le scarpe al sole / Grimpeurs du diable, Marco Elter, 1935 ; L'anonima Roylott, R. Matarazzo, 1936 ; Sono stato io !, id., 1937 ; La vedova, G. Alessandrini, Cavalleria rusticana, A. Palermi, id.), Isa Pola connaît le sommet de sa carrière en interprétant sous la direction de Vittorio De Sica le rôle délicat de la femme adultère de I bambini ci guardano (Les enfants nous regardent, 1944). Après la guerre, elle ne tourne plus guère (citons Histoires interdites, A. Genina, 1952) et se retire définitivement en 1957.