Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
R

RATOFF (Gregory)

acteur et cinéaste américain d'origine russe (Saint-Pétersbourg, Russie, 1897 - Soleure, Suisse, 1960).

Ancien soldat du tsar, il émigre aux États-Unis, où il s'impose dans le théâtre yiddish. Il arrive à Hollywood au début du parlant et n'a aucun mal à imposer son invraisemblable accent dont on a du mal à croire qu'il est vrai. Gregory Ratoff est remarquable en producteur inculte dans What Price Hollywood ? (G. Cukor, 1932), rôle qu'il transpose avec quelques aménagements dans Ève (J. L. Mankiewicz, 1950), où il est à nouveau irrésistible. Entre deux compositions (le chauffeur de taxi de La lune était bleue, 1953, d'Otto Preminger), il réussit aussi à mener une honorable carrière de réalisateur, principalement à la Twentieth Century Fox. Il ne sort guère de la belle ouvrage impersonnelle, mais, indéniablement, la Rose de Broadway (Rose of Washington Square, 1939), la Rançon du bonheur (Intermezzo, id. ; premier film hollywoodien d'Ingrid Bergman), The Corsican Brothers (1941), la Rose du crime (Moss Rose, 1947) ou Cagliostro (Black Magic, 1949) ont du charme et de l'allure. Sa dernière réalisation est Oscar Wilde (id., GB, 1960).

RATTIGAN (sir Terence)

scénariste et auteur dramatique britannique (Londres 1911 - archipel des Bermudes 1977).

Sa pièce la plus célèbre, The Sleeping Prince, est adaptée à l'écran par Laurence Olivier sous le titre The Prince and the Showgirl (le Prince et la Danseuse, 1957). Mais Terence Rattigan collabore surtout avec Anthony Asquith, qui filme quatre de ses pièces (l'Écurie Watson, 1939 ; Erreurs amoureuses, 1947 ; Winslow contre le roi, 1948 ; l'Ombre d'un homme, 1951) et trois de ses scénarios (le Chemin des étoiles, 1945 ; The VIPS, 1963 ; la Rolls Royce jaune, 1964). Terence Rattigan est également le scénariste de la Grande Aventure (J. Boulting, 1945), le Mur du son (D. Lean, 1952), l'Homme qui aimait les rousses (H. French, 1955), Good Bye, Mr. Chips (H. Ross, 1968, d'après le roman de James Hilton). L'adaptation de sa pièce Separate Tables (Tables séparées, Delbert Mann, 1958) vaut un Oscar d'interprétation à l'acteur David Niven. Il est anobli en 1971.

RAY (Aldo Dare, dit Aldo)

acteur américain (Pen Argyl, Penn., 1926 - San Francisco, Ca., 1991).

Athlète complet, promis à une carrière de footballeur, le hasard l'oriente vers le métier de comédien. Sa carrure massive, sa voix rauque le vouent aux emplois de baroudeur, dont il fait sa spécialité. Après une brève incursion dans la comédie : Je retourne chez maman (G. Cukor, 1952), Mademoiselle Gagne-Tout (id., id.), il tourne dans trois films de guerre marquants : le Cri de la victoire (R. Walsh, 1955), Cote 465 (A. Mann, 1957) et les Nus et les Morts (Walsh, 1958). Il entreprend ensuite une modeste carrière de « vedette internationale » en Angleterre et en Italie, puis revient aux rôles de composition, et tourne aux côtés de James Coburn (Qu'as-tu fait à la guerre, papa ?, B. Edwards, 1966), John Wayne (les Bérets verts, J. Wayne, 1968) et Jean-Louis Trintignant (la Course du lièvre à travers les champs, R. Clément, 1973), avant de sombrer dans la série B et, accessoirement, le porno (Sweet Savage, Ann Perry, 1980).

RAY (Charles)

acteur et cinéaste américain (Jacksonville, Ill., 1891 - Los Angeles, Ca., 1943).

Il est découvert par Thomas H. Ince, qui lui offre quelques petits rôles (The Favorite Son, Francis Ford, 1913 ; The City of Darkness, R. Barker, 1914), lui fait partager la vedette avec William S. Hart (The Conversion of Frosty Blake, prod. Ince, 1915) avant de le lancer définitivement avec le Lâche (Barker, id.). Il connaît alors une forte popularité (The Painted Souls, Scott Sidney, id. ; The Dividend, Walter Edwards, 1916 ; The Deserter, id., id.). Par le naturel de son jeu, par son physique juvénile, il impose sur les écrans un personnage de jeune campagnard, d'« homme timide et amoureux aussi comique qu'émouvant qui n'a jamais été ressuscité depuis la disparition de son créateur » (R. Clair). Ince l'entraîne à la Paramount en 1917. Il y tourne une douzaine de films dirigés notamment par Victor Schertzinger, dont Fleur des champs (The Hired Man, 1918) et Pour venger son père (The Sheriff's Son, 1919), et par Jerome Storm (The Busher, 1919), puis fonde sa propre compagnie en 1920. Il se laisse alors diriger essentiellement par Jerome Storm (Peaceful Valley, 1920) et Joseph De Grasse (The Old Swimmin‘ Hole, 1921 ; A Tailor-Made Man, 1922 ; The Girl I Loved, 1923) mais s'aventure également lui-même derrière la caméra (A Midnight Bell, 1921 ; Gas, Oil and Water, 1922 ; The Deuce of Spades, id. ; Smudge, id. ; Allias Julius Caesar, id.). Les années 20 s'écoulant, un décalage apparaît bientôt entre l'acteur et son époque. The Courtship of Myles Standish (Frederic Sullivan, 1923) est un échec qui conduit sa société à la faillite. Il tente de renouveler son image dans Dynamite Smith (Ralph Ince, 1924), Percy (R. William Neill, 1925) ou The Fire Brigade (William Nigh, 1927) ; il tourne son dernier film muet (The Garden of Eden) sous la direction de Lewis Milestone en 1928. Le parlant le confine dans de très petits emplois jusqu'à sa mort.

RAY (Emmanuel Rudnitsky, dit Man)

peintre, photographe et cinéaste américain (Philadelphie, Pa., 1890 - Paris, France, 1976).

Étudiant, il abandonne, vers 1910, ses études d'architecture pour des expériences de peinture abstraite. Il rencontre Marcel Duchamp à New York, en 1915, puis Picabia. Il découvre la photographie et organise sa première exposition en 1918. C'est en tant que photographe professionnel qu'il s'établit à Paris en 1921. Il fait partie des groupes dadaïstes et surréalistes, et réalise en 1923 un film de cinq minutes, Retour à la raison, qui est l'équivalent cinématographique de ses photogrammes et « rayographes » élaborés dans son laboratoire photographique. En 1925, il collabore au film de Duchamp Anemic Cinema. C'est ensuite, dans la même veine que son premier film, Emak Bakia (17 min, 1927), puis l'Étoile de mer (15 min, 1928), d'après un poème de Robert Desnos. En 1929, sur commande du vicomte de Noailles, et dans une villa construite pour ce dernier par Mallet-Stevens, il tourne le Mystère du château de dés (15 min), dont le point de départ est la phrase de Mallarmé « Un coup de dés jamais n'abolira le hasard ».