Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CALIGARISME.

Esthétique cinématographique fondée sur la prééminence du décor comme élément déterminant, née des recherches allemandes d'avant-garde dans les milieux du théâtre. Le Cabinet du Dr Caligari (R. Wiene, 1919) est à l'origine de cette tendance, qui est une des composantes de l'expressionnisme. Parmi les réussites les plus remarquables, on doit notamment citer, outre ce film, Genuine (1920) et Raskolnikov (1923) du même Robert Wiene, le Cabinet des figures de cire (P. Leni, 1924), Faust (F. W. Murnau, 1926). Une place particulière doit être faite au Golem (1920) de Paul Wegener et Carl Boese, le décorateur Hans Poelzig ayant conféré aux décors une ampleur architecturale qui abandonne l'aplat des conceptions précédentes et annonce dès 1920 une voie différente, plus riche, et spatialement cinématographique.

CALLEIA (Joseph Spurin-Calleja, dit Joseph)

acteur américain (Rabat, Malte, 1897 - id. 1975).

Il débute à l'écran en 1931 et joue d'abord les personnages un peu rastaquouères, mystérieux, à l'aspect menaçant. À la fois bandit masqué et propriétaire de saloon, entre Mae West qu'il aime et W. C. Fields qu'il roule, mais sauve de la corde, il parodie cet emploi dans Mon petit poussin chéri (E. Cline, 1940). Puis son allure fatiguée, son masque ravagé lui permettent des rôles empreints de plus d'humanité : le barman de Gilda (Ch. Vidor, 1946), le chef gitan de l'Ardente Gitane (N. Ray, 1956), le policier minable, à demi corrompu, de la Soif du mal (O. Welles, 1958), le maire de la bourgade de Alamo (J. Wayne, 1960) sont ainsi pétris d'un attachant mélange de faiblesse et de dignité. Il se retire de l'écran après la Revanche du Sicilien (W. Asher, 1963).

CALLES (Guillermo, dit « El Indio »)

acteur et cinéaste mexicain (Chihuahua 1893 - Mexico 1958).

Il fait carrière à Hollywood, dans des rôles d'Indien de western. Passé à la mise en scène, il exalte la dignité indienne, à une époque où le cinéma mexicain n'avait pas encore de véritable structure industrielle : De raza azteca (CO Miguel Contreras Torres, 1921), El indio yaqui (1926). C'est l'un des pionniers du parlant, avec Dios y ley (1929).

CALMETTES (André)

cinéaste et acteur français (Paris 1861 - id. 1942).

Acteur de théâtre pendant une vingtaine d'années, il devient, en 1908, directeur artistique et réalisateur du Film d'Art fondé par les frères Laffitte. À ce titre, il dirige en collaboration avec Le Bargy l'Assassinat du duc de Guise (1908). En trois ans (1909-1912), il fait évoluer à l'écran (dans un style outrageusement théâtral) des acteurs célèbres sur les planches : Sarah Bernhardt, Réjane, Mounet-Sully, dans des adaptations (Oliver Twist, Carmen, Athalie, Hamlet, Macbeth, la Tosca, Madame Sans-Gêne, Résurrection, la Dame aux camélias). À partir de 1913, il se consacre à nouveau au théâtre et n'apparaît plus au cinéma que comme acteur, notamment dans le Petit Chose (André Hugon, 1923).

CALOPRESTI (Mimmo)

cinéaste et acteur italien (Polistena, prov. de Reggio di Calabria, 1955).

Originaire de Calabre mais ayant émigré dans le Nord avec ses parents lorsqu'il était enfant, Mimmo Calopresti a longtemps vécu à Turin où il a fait ses études avant de réaliser de nombreux documentaires sur les luttes ouvrières et les conditions de travail dans les usines Fiat. Tenté par la fiction, il écrit un scénario qui, avant même qu'il soit couronné par le prix Solinas, retient l'attention de Nanni Moretti dont il a fait la connaissance lors du tournage de La cosa. C'est donc la Sacher Film de Moretti qui produit La seconda volta (1995), film mettant en scène l'affrontement douloureux entre un professeur victime d'un attentat terroriste et la jeune femme qui a commis ce crime. Après cette interrogation sur les responsabilités historiques des Brigades rouges, Calopresti poursuit sa carrière avec Mots d'amour (La parola amore esiste, 1998), où il dirige à nouveau Valeria Bruni Tedeschi dans un rôle de jeune femme névrosée, lui-même se donnant un petit rôle de psychanalyste. En 2000, Je préfère le bruit de la mer (Preferisco il rumore del mare) confirme l'acuité du regard de Calopresti qui met en scène un conflit entre deux adolescents dans le cadre d'une ville de Turin partagée entre les riches bourgeois et les jeunes en mal d'insertion. Mimmo Calopresti y tient le rôle d'un prêtre qui dirige une institution pour jeunes délinquants : il souligne ainsi la force de son engagement socioculturel. On retrouve le cinéaste comme acteur dans Le parole di mio padre (2001) de Francesca Comencini.

CALVI (Grégoire Krettly, dit Gérard)

compositeur français (Paris 1922).

Issu d'une famille de musiciens, il suit les cours du Conservatoire (qui le conduiront à un grand prix de Rome de composition en 1945) lorsqu'il se lie avec de jeunes acteurs parmi lesquels Robert Dhéry. Il participe avec eux à la création des Branquignols et accompagne musicalement leurs activités théâtrales et cinématographiques. C'est ainsi qu'il collabore aux films de Dhéry, des Branquignols (1949, où il est aussi acteur) à Vos gueules les mouettes (1974). Il s'illustre dans de nombreux films comiques, où son sens du gag musical, du rythme et du pastiche, son goût pour le burlesque et les effets sonores sont appréciés. On trouve donc son nom au générique de films d'Yves Robert (la Famille Fenouillard), de Jean-Pierre Mocky (la Cité de l'indicible peur), de restaurations de films de Max Linder et des films de Maud Linder, ainsi que de dessins animés (les premiers Astérix). Il est associé aux films de Pierre Tchernia et aux interventions de ce dernier à la télévision. Il a par ailleurs composé de la musique de chambre, des pièces pour orchestre et des ballets.

CALVO (Pablo, dit Pablito)

acteur espagnol (Madrid 1946 - Alicante 2000).

Il devient, à huit ans, la vedette d'un des sommets du film religieux, typique de l'époque « national-catholique » du franquisme : Marcelino, pain et vin (Marcelino, pan y vino, Ladislao Vajda, 1954), histoire morbide d'un enfant qui demande au Christ de mourir pour rejoindre sa mère au paradis. Avec le même metteur en scène, il tourne encore Mi tío Jacinto (1956) et Un ángel pasó por Brooklyn (1957). Il est bientôt rejoint par d'autres enfants prodiges et bénisseurs typiques du cinéma espagnol, prêchant comme lui les bons sentiments, tels que Joselito et Marisol.