Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GÖRBE (János)

acteur hongrois (Jászárokszállos 1912 - Budapest 1968).

Il est, avec Alice Szellay, le protagoniste principal des Hommes de la Montagne d'István Szóts en 1942. Il retrouve la même partenaire et le même metteur en scène cinq ans plus tard dans la Chanson des champs de blé. Acteur solide et expressif, il impose sa présence dans plusieurs films marquants comme La mer se lève (Föltámadott a tenger, K. Nádasdy, M. Szemes, L. Ranódy, 1953), Quatorze Vies en danger (Életjel, Z. Fabri, 1954), la Maison au pied du roc (K. Makk, 1958), Vingt Heures (Z. Fabri, 1964), les Sans-Espoir (M. Jancsó, 1965 ; où il interprète le rôle du traître tourmenté), Jours de fête (Ünnepnapok, Ferenc Kardos, 1967), Dix Mille Soleils (F. Kosa, id.) et Devant Dieu et les hommes (K. Makk, 1968).

GORDINE (Sacha)

producteur français (Paris 1910 - id. 1968).

Après diverses activités et parallèlement à des compétitions d'automobiles et à la construction de voitures de courses, il fonde la Société des films Sacha Gordine en 1945 et produit quelques films de prestige : l'Idiot (G. Lampin, 1946), Dédée d'Anvers (Y. Allégret, 1948), la Marie du port (M. Carné, 1950), la Ronde (M. Ophuls, id.), le Traqué (Frank Tuttle et Borys Lewin, id.), Juliette ou la Clé des songes (M. Carné, 1951), Les miracles n'ont lieu qu'une fois (Y. Allégret, id.), Orfeu Negro (Marcel Camus, 1959).

GORDON (Bert I.)

cinéaste américain (Kenosha, Wis., 1922).

Formé à la télévision par la publicité et la supervision de feuilletons, il produit avec sa femme et met en scène, à partir de 1955 (King Dinosaurs), des films essentiellement fondés sur des trucages qu'il réalise lui-même. Quelques-uns relèvent du merveilleux, tel l'Épée enchantée (The Magic Sword, 1962), les meilleurs de la science-fiction : le Fantastique Homme colosse (The Amazing Colossal Man, 1957) ; Soudain... les monstres (Food of the Gods, 1976), dont l'esprit bon enfant ne nuit pas à la fable tirée de Wells. Le Détraqué (The Mad Bomber, 1972) permet aussi de lui attribuer un certain talent dans le genre du film policier.

GORDON (Michael)

cinéaste américain (Baltimore, Md., 1909 - Century City, Ca., 1993).

Ancien acteur qui a commencé dans la réalisation au début des années 40 dans de petits films policiers, Michael Gordon a été un instant touché par l'ambition. Mais il faut reconnaître que Cyrano de Bergerac (1950), avec José Ferrer dans le rôle-titre, soutient assez mal l'épreuve du temps. Il n'en est pas de même d'un bon et classique suspense comme l'Araignée (Woman in Hiding, 1950), réalisé la même année, où Ida Lupino était excellente. Placé sur la Liste noire, il dut interrompre pendant plusieurs années sa carrière, avant de revenir à Hollywood. On oubliera volontiers ses comédies avec Doris Day, sauf peut-être Confidences sur l'oreiller (Pillow Talk, 1959), et l'on regardera peut-être, d'un œil amusé, Lana Turner dans un bizarre mélange de policier et de mélo, Meurtre sans faire-part (Portrait in Black, 1960), ou Alain Delon face à Dean Martin à l'occasion d'un western sans éclat, Texas, nous voilà ! (Texas Across the River, 1966).

GORDON (Ruth Jones, dite Ruth)

actrice et scénariste américaine (Wollaston, Mass., 1896 - Edgartown, Mass., 1985).

D'abord actrice, puis scénariste, puis à nouveau actrice, cette petite femme nerveuse et trapue a honoré beaucoup de bons films, grâce aux deux cordes de son arc. De la scénariste, on retiendra, avec le sourire, ses collaborations avec Garson Kanin, son mari, à une superbe série de comédies auxquelles Spencer Tracy, Katharine Hepburn et George Cukor donnèrent de leur talent (Madame porte la culotte, 1949 ; Mademoiselle Gagne-Tout, 1952). Continuant à travailler avec George Cukor, le couple fut l'artisan des grandes réussites de Judy Holiday (Je retourne chez maman, 1952 ; Une femme qui s'affiche, 1954). Qu'admirer le plus ? Les dialogues vifs et pointus, l'art du balancement entre le rire et les larmes, ou la subtile et ironique analyse de l'éternelle guerre des sexes, qui semble être l'apport personnel de Ruth Gordon à l'entreprise ? Seule, elle fournira à Cukor le scénario autobiographique de The Actress (1953), une merveille d'émotion et de justesse : Jean Simmons, radieuse, y incarnait la jeune et ambitieuse Ruth.

Par ailleurs, Ruth Gordon joua, à ses débuts d'actrice de cinéma, les quadragénaires compréhensives, un rien en retrait, auxquelles son physique la prédisposait : l'amie de Greta Garbo dans la Femme aux deux visages (Cukor, 1941) ou l'épouse de Lincoln (Abe Lincoln in Illinois, J. Cromwell, 1940). La consécration lui vint lorsque, plus que sexagénaire, Robert Mulligan fit d'elle la mère déboussolée de Natalie Wood dans Daisy Clover (1966) : quelques minutes suffisaient à Ruth Gordon pour planter son personnage avec un art consommé de la composition. Depuis, elle a été, dans un cocktail de charme et d'agacement très séduisant, la sorcière d'en face dans Rosemary's Baby (R. Polanski, 1968), la vieille, gâteuse et impossible, de Where's Poppa ? (C. Reiner, 1970) et l'octogénaire philosophe qui révélait l'amour à un adolescent blasé dans Harold et Maude (H. Ashby, 1971), sa création la plus populaire. Depuis, ses rôles ont été des variations de celui-là. C'est dommage, mais le talent et l'esprit de Ruth Gordon ne sont pas en cause.

GÖREN (Şerif)

cinéaste turc (Iskeçe 1944).

Il débute au cinéma comme monteur, puis assistant ; il travaille avec Atıf Yılmaz, Osman Seden et surtout Yılmaz Güney. Son premier film est d'ailleurs une œuvre que Güney n'a pu achever en 1974 : l'Inquiétude (Endişe). Malgré ce premier essai réussi, les nombreux films qu'il a réalisés par la suite dans le cadre du cinéma commercial, n'ont pas répondu aux espoirs placés en lui. Son plus grand succès fut une autre collaboration avec Yılmaz Güney, Yol, Palme d'or à Cannes en 1982. Depuis, ce réalisateur très prolifique dans les années 80, mais en retrait dès le début des années 90 mis à part quelques collaborations à la télévision, n'a pas réussi à égaler, encore moins à surpasser sa performance d'alors. Parmi ses meilleurs films, on peut citer Derman (1983), l'Évasion (Firar, 1984), les Grenouilles (Kurbaǧalar, 1985), le Sang (Kan, 1984), la Vengeance des serpents (Yılanların Ö, 1985), Dix Femmes (On Kadın, 1987), Polizei (1988), 1 film étrange (Abuk Sabuk 1 film, 1990) et l'Américain (Amerikalı, 1993).