Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

Seixas (Carlos)

Compositeur, organiste et claveciniste portugais (Coimbre 1704 – Lisbonne 1742).

II devint de bonne heure un organiste de talent, ayant sans doute travaillé avec son père, auquel il succéda en 1718 à l'orgue de la cathédrale de Coimbre. Deux ans plus tard, il vint s'installer à Lisbonne, où il acquit rapidement une réputation comme virtuose et comme compositeur. Il gagna l'estime de Scarlatti, qui se trouvait à Lisbonne à la même époque. L'essentiel de son œuvre consiste en sonates pour clavecin, écrites pour la plupart en trois ou quatre mouvements, ce qui les différencie de celles de Scarlatti.

seizième de soupir

Silence dont la durée correspond au seizième d'une noire, soit une quadruple croche.

Selle (Thomas)

Compositeur allemand (Zörbig, près de Bitterfeld, 1599 – Hambourg 1663).

Il étudia à l'université de Leipzig, peut-être aussi à la Thomasschule, et occupa divers postes de cantor en Allemagne du Nord, dont le dernier au Johanneum de Hambourg (à partir de 1641). lnfluencé par Schein et par Praetorius, il écrivit de la musique d'église (Concerts sacrés ; Passion selon saint Matthieu, 1636 ; Passion selon saint Jean, 1641, rév. 1643 ; Histoire de la Résurrection) et profane, dans un style assez éclectique, mêlant l'ancien et le nouveau.

Selva (Blanche)

Pianiste française (Brive 1884 – Saint-Amant-Tallende 1942).

Enfant prodige, elle devient en 1895 l'élève de Vincent d'Indy à la Schola cantorum. Son répertoire et sa carrière reflètent les centres d'intérêt du cercle de la Schola : elle devient une interprète de Franck et de d'Indy, participe aux concerts de la Société nationale et, en 1904, joue toute l'œuvre de Bach en dix-sept concerts ­ une première à Paris. Chaque année, de 1906 à 1908, elle crée un des quatre cahiers d'Ibéria d'Albéniz, puis, en 1908, la Sonate de d'Indy. En 1923, elle crée le Treizième Nocturne de Fauré, et en 1925 le Quintette de d'Indy, suivi en 1926 du Thème varié, Fugue et Choral. Elle interprète aussi Roussel, Roger-Ducasse et Déodat de Séverac, avec lequel elle est très liée. De 1901 à 1922, elle enseigne à la Schola cantorum et dans toute l'Europe. On lui doit également un livre sur Séverac (1930) ainsi que d'autres ouvrages.

semi-brève

Dans l'ancienne notation proportionnelle, valeur de note qui, après avoir été d'abord la plus courte au XIIIe siècle (2/3 ou 1/3 d'une « brève » selon les cas), a vu progressivement sa durée augmenter à mesure qu'on lui inventait de nouvelles subdivisions, jusqu'à devenir sans changer de nom l'une des valeurs les plus longues actuelles. Écrite sous la forme d'un losange, d'abord noir, puis évidé, elle a perdu ses angles au XVIIe siècle pour prendre le tracé arrondi qui lui a valu le nom de ronde encore en usage. Bien que devenu archaïque, le terme de semi-brève a continué parfois à être employé jusqu'au XIXe siècle, et s'est maintenu actuellement encore dans plusieurs autres langues.

   Alla semibreve : battue dans laquelle la ronde (semi-brève) prend la valeur d'un temps. Cette convention était usuelle au XVIe siècle ; elle est plus tard devenue exceptionnelle, entraînant un aspect visuel d'apparence lente en contradiction avec l'exécution rapide. Il en est de même, et plus encore, dans l'alla breve où c'est théoriquement l'ancienne brève (= 2 ou même 3 rondes) qui est prise comme unité de battue.

Sénéchal (Michel)

Ténor français (Taverny 1927).

Il fait ses études au Conservatoire de Paris, dans la classe de Gabriel Paulet, y obtenant en 1950 son premier prix, et se voit engagé à Bruxelles, au théâtre de la Monnaie (1950-1952). Il est le premier chanteur français, en 1952, à remporter le grand prix du concours de Genève. Ayant approfondi le style baroque français, il surmonte les délicats problèmes d'ornement et de tessiture du Platée de Rameau, qu'il recrée en 1956 au festival d'Aix-en-Provence (sous la direction de H. Rosbaud), avant de le jouer en Hollande, à Bruxelles et à l'Opéra-Comique (1977).

   Ses qualités innées de comédien ajoutées à son bagage technique lui valent d'être invité régulièrement par Karajan à Salzbourg et de compter parmi les valeurs sûres de l'Opéra de Paris, où il a participé à la création française d'œuvres de Britten (notamment Peter Grimes en 1981), et incarné Gonzalve de l'Heure espagnole de Ravel, Basile des Noces de Figaro, l'Innocent de Boris Godounov, etc. Il a également incarné avec truculence les personnages d'Offenbach. Il a dirigé jusqu'en 1992 l'école d'art lyrique de l'Opéra de Paris.

Senesino (Francesco Bernardi, dit)

Castrat italien (Sienne v. 1680 – id. ? 1759).

Son pseudonyme lui vint de sa ville natale. Il chanta en Italie, puis à Dresde (1717-1720), où Haendel, l'ayant entendu en 1719, le recruta pour la seconde saison (1720-21) de sa Royal Academy londonienne. Très admiré pour ses dons d'acteur et son art du récitatif, il resta attaché à cette compagnie jusqu'à sa dissolution en 1728. Il retourna ensuite durant deux saisons en Italie, puis revint à Londres, où il passa trois saisons avec la nouvelle Royal Academy de Haendel avant de rejoindre l'Opera of the Nobility de Rolli et Porpora. Il regagna définitivement l'Italie en 1736.

Senfl (Ludwig)

Compositeur suisse (Bâle ? 1486 ? – Munich 1542 ou 1543).

Sur les gravures 25 et 26 du Triomphe de Maximilien Ier, de Hans Burgkmair, figure aux côtés de Georf Slatkonia, le directeur de la chapelle, Ludwig Senfl. Ce dernier fut, en effet, l'un des compositeurs attitrés de la cour itinérante de l'empereur. Membre de la chapelle impériale d'Augsbourg jusqu'à sa dissolution, il gagna alors Vienne (avec 13 autres chanteurs et interprètes) et devint l'élève (et le transcripteur) d'Isaac avant de le remplacer après son départ pour Florence (1512). Après le licenciement de la chapelle par Charles Quint (1520), il se consacra au Liber selectarum cantionum (1520), recueil de chants renfermant le répertoire complet des motets de la cour, et acheva le Choralis constantinus d'Isaac ainsi que le Livre d'Odes d'Horace d'Ofhaimer. En 1523, il fut appelé à la cour de Munich comme « intonator », et malgré ses sympathies pour la Réforme, demeura à Munich jusqu'à sa mort.

   Très appréciée et admirée, passant pour la plus importante de l'Allemagne à son époque, son œuvre comporte des messes ou fragments pour l'ordinaire ou le propre, des motets, des psaumes, mais aussi des lieder, qui lui valurent une part importante de sa célébrité. Le cantus firmus est à la base de ses compositions polyphoniques, qui, parfois, empruntent à la technique de la parodie ou de l'ostinato. Le premier, il a proposé de traiter polyphoniquement le choral (il fut vers 1530 en relation avec Luther, qui le pria d'écrire un motet sur l'antienne In pace). Senfl est le maître incontesté du contrepoint dans l'Allemagne de la première moitié du XVIe siècle.