Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
K

Kozlowski (Ossip, Josip, Joseph)

Compositeur russe d'origine polonaise (Varsovie 1757 – Saint-Pétersbourg 1831).

Il donna des leçons de musique au fils du prince Oginski, avant de partir pour la Russie, où il participa à la guerre contre les Turcs. Il fut ensuite, pendant plusieurs années, le musicien attitré du prince Potemkine. À la mort de ce dernier, il fut nommé directeur des Théâtres impériaux. Son œuvre est partagée entre la musique de scène de style sérieux, où il se montra le continuateur de Fomine, et la musique d'apparat, profane ou religieuse, pleine d'éclat et de solennité. Il a composé la musique pour les pièces Œdipe et Fingal de Oserov (1804, 1805), l'opéra Esther sur un livret de Kapnist, un Requiem pour la mort du roi de Pologne Stanislas August (1798), un Te Deum pour le couronnement du tsar Nicolas Ier et de nombreuses polonaises avec chœur et orchestre. L'une d'entre elles, Retentis, tonnerre de la victoire, sur un texte de Derjavine, écrite en 1791 pour la victoire des Russes sur les Turcs, fut exécutée au palais de Potemkine en présence de Catherine II et conserva jusqu'en 1833 la valeur d'hymne national ; Tchaïkovski l'a introduite dans son opéra la Dame de pique. Kozlowski a également joué un rôle important dans la formation de la romance russe, sentimentale et teintée d'intonations populaires.

Kraft

Famille de musiciens autrichiens.

 
Anton, violoncelliste et compositeur (Rokycany, Bohême, 1749 – Vienne 1820). Engagé comme premier violoncelliste par le prince Nicolas Esterházy en 1778, il reste à Esterháza jusqu'à la mort du prince en 1790, recevant de Haydn quelques leçons de composition. Il fut ensuite violoncelliste dans l'orchestre du prince Grassalkovics à Presbourg, puis dans celui du prince Joseph Lobkowitz à Vienne (1796). En 1802, il faillit être réengagé par les Esterházy avec son fils Nikolaus, mais ce projet n'aboutit pas, Kraft ayant formulé sur le plan financier de trop fortes exigences. Il fit, seul ou avec son fils, de nombreuses tournées, et, l'année de sa mort, il fut nommé premier professeur de violoncelle au conservatoire de la Société des amis de la musique à Vienne. Le concerto pour violoncelle en majeur Hob. VIIb.2 de Haydn (1783), composé pour lui, a parfois été considéré comme de sa propre plume. Il créa la partie de violoncelle du triple concerto opus 56 de Beethoven. Très grand interprète, il composa pour son instrument des sonates, des pièces diverses et un concerto. On lui doit aussi des trios pour deux barytons et violoncelle, destinés au prince Esterházy.

 
Nikolaus, violoncelliste et compositeur (Esterháza 1778 – Cheb, Bohême, 1853). Formé par son père, il entra avec lui dans l'orchestre du prince Lobkowitz, et fut plus tard membre du Quatuor Schuppanzigh. Il s'imposa comme un des plus grands violoncellistes du début du XIXe siècle. Ce fut lui qui, le premier, fit courir la légende selon laquelle son père Anton était le véritable auteur du concerto en de Haydn.

Kraus (Alfredo)

Ténor espagnol (îles Canaries 1927 – Madrid 1999).

Élève de Mercedès Llopart, il débute au Teatro Carignano de Turin dans le rôle d'Alfredo (la Traviata, Verdi, 1956). Sa voix chaude, brillante, son style rigoureux, son registre étendu (il atteint aisément le aigu), le font considérer comme l'un des meilleurs ténors légers, lyriques, de sa génération. Son élégance raffinée, alliée à une vibrante expression et une belle prestance, en fait l'interprète idéal des rôles aristocratiques tels Don Ottavio, le comte Almaviva, le duc de Mantoue, des Grieux, Werther, etc.

Kraus (Joseph Martin)

Compositeur allemand (Miltenberg am Main, Allemagne, 1756 – Stockholm 1792).

Il étudia à Mayence, Erfurt et Göttingen, notamment avec l'abbé Vogler, puis s'installa en Suède en 1778. Second chef de l'opéra (1781), il fut nommé maître de chapelle de la cour de Gustaf III en 1788, puis directeur de l'Opéra royal, postes qu'il devait conserver jusqu'à sa mort, ce qui ne l'empêcha pas de voyager en France, Italie, Angleterre et Allemagne. À Vienne, en 1783, il rencontra Haydn et Gluck.La musique de Kraus est d'une très grande intensité expressive et, même si l'on y retrouve maints traits qui l'apparentent au style de Mozart, Haydn ou surtout Gluck, elle annonce souvent le XIXe siècle et plus précisément Schubert, voire Beethoven. Son œuvre est d'une haute tenue. De ses symphonies (au moins 12), il faut surtout retenir celle en ut mineur, écrite à Vienne en 1783 et dédiée à Haydn. Kraus a également composé de nombreuses œuvres instrumentales, trios, quatuors, quintettes, 2 sonates pour piano (mi bémol majeur et mi majeur), 4 sonates pour violon et piano ; pour le théâtre, des partitions de ballet (Fiskarena, 1789), des musiques de scène (intermèdes et divertissements pour l'Amphitryon de Molière, 1784), des opéras (Proserpina, 1781 ; Sollman den andre, 1789 ; Aeneas i Carthago, posthume, 1799) et des airs. Enfin, compositeur de musique religieuse, il a laissé 1 Requiem (1776), 2 Te Deum (1776, 1783), des motets et 3 cantates, dont l'étonnante Cantate funèbre pour la mort de Gustaf III, qui, en 1792, devait être son ultime ouvrage.

Kraus (Lili)

Pianiste américaine d'origine hongroise (Budapest 1905 – Asheville, Caroline du Nord, 1986).

Après avoir étudié à l'Académie royale de musique de sa ville natale, sous la direction de Bartók et de Kodály, et suivi les leçons d'Arthur Schnabel, elle obtient, en 1926, le diplôme supérieur du conservatoire de Vienne, où elle enseigne à son tour, deux ans plus tard. Elle entreprend une brillante carrière, principalement consacrée à l'œuvre de Mozart et de Schubert. Après l'interruption de la guerre ­ elle est internée dans un camp de concentration japonais ­, elle grave les premières intégrales des sonates pour piano et de celles pour piano et violon (avec W. Boskowski). En 1966, elle donne à New York l'intégrale des concertos pour piano de Mozart, et crée la Fantaisie Graz de Schubert, nouvellement découverte. On lui doit également l'édition des cadences originales de Mozart pour ses concertos. Avec le temps, son jeu, qui recèle à la perfection le charme mozartien, s'est dépouillé des afféteries pour privilégier le classicisme d'une conception qui n'a rien perdu de son enthousiasme.