Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
I
I

iambe

En métrique grecque, pied formé d'une brève et d'une longue, le levé correspondant à la brève et le frappé à la longue. En musique, ce rythme exprime aisément la gaieté, comme dans certains menuets (symphonies no 36, dite Linz, de Mozart ou no 91 de Haydn) ou scherzos (symphonie no 1 de Beethoven) plus ou moins dominés par la formule rythmique suivante :

ou encore l'agressivité (motif conducteur de Job de Vaughan Williams).

Ibarrondo (Félix)

Compositeur espagnol (Onate, Guipúzcoa, 1943).

Il a fait ses premières études musicales avec son père (solfège et harmonie), puis travaillé la philosophie et la théologie ainsi que la composition avec Juan Cordero Castanos, obtenant ses diplômes de piano et de composition aux conservatoires de Bilbao et de San Sebastián. À Paris, où il réside depuis 1969, il a été l'élève de Max Deutsch, d'Henri Dutilleux et de Maurice Ohana. Il a obtenu le prix Lili-Boulanger en 1972. Il a écrit notamment Aitaren Extea pour ténor, 2 pianos, violon et percussion (1971), Vague de fond pour grand orchestre, commande du ministère des Affaires culturelles (1972), Et la vie était là… pour quatuor à cordes (1973), Sous l'emprise d'une ombre pour ensemble instrumental (1976), Musique pour la messe (Avignon, 1977), Izengabekoa pour ensemble instrumental (Saintes, 1978), Amairuk pour 12 cordes et guitare (1979), Brisas pour 9 instruments (1980), Cibillak pour soprano, ténor, baryton, 2 clarinettes et 3 violoncelles (Avignon, 1981), Abyssal pour 2 guitares et orchestre (1982), Phalène pour trio à cordes (1983), Erys pour orchestre (Radio France 1986), Irrintz pour orchestre (Radio France 1988), Nerezko Aiak, concerto pour violoncelle (Radio France 1991).

Ibert (Jacques)

Compositeur français (Paris 1890 – id. 1962).

Bien qu'ayant été très tôt attiré par la musique et ayant bénéficié des conseils d'une mère excellente pianiste, Ibert, pour complaire à son père, fit un court séjour dans l'entreprise familiale avant d'entrer, à vingt ans, au Conservatoire, où il suivit les cours de Pessard (harmonie), de Gédalge (contrepoint) qui fut pour lui « un conseiller, un confident et un ami admirable », et de P. Vidal (composition). Au retour de la Grande Guerre, où il s'était engagé, il remporta le premier grand prix de Rome (1919). Dès lors, il ne cessa de composer, et dans tous les domaines, oscillant moins du côté du dramatisme ­ encore qu'une de ses premières œuvres, la Ballade de la geôle de Reading, d'après O. Wilde (1920), en soit empreinte ­ que du divertissement. Ses admirations témoignent de ses tendances ; elles vont, chez les anciens, à Mozart, à Scarlatti, à Couperin, à Rameau et, chez les modernes, à Chabrier, à Bizet, à Debussy, à Ravel, à Stravinski, à Roussel. Chez ces maîtres aimés comme dans sa propre musique, qui se situe dans leur perspective, s'épanouit une certaine tradition de l'art français, à laquelle son initiation, dès sa jeunesse, à la peinture impressionniste et à la poésie d'un Verlaine, d'un Mallarmé, d'un Ch. Cros n'a sans doute pas été non plus étrangère, un art où la fantaisie est sensible, où l'esprit est tendre, où l'humour se rit de l'éloquence. La distinction, l'élégance d'Ibert cachent un métier d'une impeccable sûreté. L'artisan, chez lui, est exemplaire, et sa plaisante et modeste remarque sur l'inspiration, qui n'est rien sans 99 p. 100 de transpiration, en témoigne.

   Le théâtre, qui, dès sa jeunesse, l'avait attiré ­ n'avait-il pas envisagé une carrière de comédien ? ­, lui inspira un opéra, Persée et Andromède (1921, création 1929), une farce, Angélique (1926, création 1927), dont le spirituel livret de son ami Nino, qui avait déjà collaboré à celui de Persée et Andromède, favorisa le succès. Si l'on excepte l'Aiglon (1937) ­ écrit en collaboration avec Honegger, avec qui il était lié depuis le Conservatoire ­, c'est vers le genre « léger » que, plus volontiers, s'est tourné Ibert avec l'opéra-comique le Roi d'Yvetot (1928, création 1930), l'opéra bouffe Gonzague (1930) et l'opérette les Petites Cardinal (1938, création 1939), pour laquelle il collaborait de nouveau avec Honegger. Ressortissent encore du genre théâtral ses nombreuses musiques de scène, dont plusieurs sont devenues des pièces d'orchestre, comme le Jardinier de Samos (1924), le Divertissement pour orchestre de chambre d'après Un chapeau de paille d'Italie (1929), la Suite symphonique Paris 32 d'après Donogoo (1930) et la Suite élisabéthaine d'après le Songe d'une nuit d'été (1942).

   Attiré par le cinéma depuis ses improvisations pianistiques au temps du « muet », Ibert a signé plus de 60 partitions cinématographiques. Le ballet l'a également beaucoup requis. Entre sa collaboration à l'Éventail de Jeanne (1927) et le Cercle fantastique (1958), resté inédit, Ibert a composé Diane de Poitiers (1933-34), le Chevalier errant (1935), les Amours de Jupiter (1945) et le Triomphe de la Pureté (1950). L'attrait qu'il a éprouvé pour le « spectacle » est évident, puisque, dans son œuvre symphonique, tout naturellement, certaines partitions ont inspiré des ballets, tels la Ballade de la geôle de Reading, Escales (1922) et Louisville-Concert (1953).

   Dans sa musique de chambre, ses concertos, on remarque une tendance à privilégier les vents et la harpe, son quatuor à cordes (1937-1942) étant une éloquente exception. Relevons, parmi les pièces confiées aux vents, ses Deux Mouvements pour deux flûtes, clarinette et basson (1922), ses Trois Pièces brèves pour quintette à vent (1930), ses Cinq Pièces en trio pour hautbois, clarinette, basson (1935), son Concerto pour flûte et orchestre (1934), son Concertino da camera pour saxophone alto et onze instruments (1935), son Capriccio pour dix instruments (1937) voire son Concerto pour violoncelle (1925), qui dialogue avec les seuls vents, et surtout sa Symphonie concertante pour hautbois et orchestre à cordes (1948-49), l'œuvre qu'avec son quatuor il a « le plus longuement méditée ». On lui doit également des pièces pour piano ­ dont les populaires Histoires ­ et des mélodies composées essentiellement entre 1919 et 1931.