Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

Arrieta y Corera (Emilio)

Compositeur espagnol (Puente la Reina 1823 – Madrid 1894).

Orphelin dès l'enfance, il poursuivit à Milan, grâce à la protection d'un noble italien, des études musicales commencées à Madrid. Son premier opéra, Ildegonda (1846), obtint le prix de la Scala.

   De retour dans sa patrie, protégé par la reine Isabelle II, devenu professeur de composition au conservatoire de Madrid (1857), puis directeur à la mort d'Eslava (1868), il composa encore trois opéras, la Conquista de Granada, San Francisco de Sena, et Marina (1871, d'après une première version, en forme zarzuela, de 1855), qui demeura longtemps populaire en Espagne et en Amérique latine. Mais il se tourna de plus en plus vers la zarzuela et en écrivit plus de cinquante, où l'italianisme le dispute au style de Barbieri, et qui lui assurèrent une vogue considérable.

Arrieu (Claude)

Femme compositeur française (Paris 1903 – id. 1990).

Elle a fait ses études classiques à Paris, puis ses études musicales au Conservatoire, dans les classes de Dukas, Roger-Ducasse, G. Caussade et N. Gallon, et a obtenu un premier prix de composition en 1932. Jusqu'en 1946, elle a occupé des fonctions à la Radiodiffusion nationale (metteur en ondes, chef adjoint du service des illustrations musicales). En 1949, la première attribution du prix Italia de musique a été décernée, à Venise, à son œuvre Frédéric général. Bien qu'elle ait été l'un des premiers compositeurs à participer aux recherches de P. Schaeffer, Claude Arrieu écrit une musique sans audaces, claire, élégante, d'un ton personnel, d'une très belle facture. Elle a composé pour le théâtre (Noé, texte d'A. Obey ; la Princesse de Babylone, texte de P. Dominique d'après Voltaire ; Cymbeline, d'après Shakespeare, Un clavier pour un autre, texte de J. Tardieu), pour l'orchestre (ballets, concertos pour divers instruments), pour le piano et pour des formations de chambre. Elle a écrit aussi des œuvres vocales telles que la Cantate des sept poèmes d'amour en guerre (poème d'Eluard, 1946), des mélodies, des pièces chorales, de la musique de film et des œuvres radiophoniques, dont la Coquille à planètes (texte de P. Schaeffer).

Arrigo (Girolamo)

Compositeur italien (Palerme 1930).

Dans sa ville natale, il étudie le cor, puis la composition avec Turi Belfiore. Il vient travailler à Paris avec Max Deutsch (1954-1958) et retient l'attention des auditeurs de son trio à cordes. Tre Occasioni obtient le prix de la Biennale de Paris en 1965. Plusieurs autres de ses œuvres sont données en France : à Paris, Thumos ; à Avignon, l'opéra Orden (livret de Pierre Bourgeade, 1969) ; à Paris encore, son deuxième opéra, Addio Garibaldi (1972). Ces derniers titres, auxquels il faut ajouter Cantate pour Urbinek (1969) ou encore Solarium pour orchestre (1976), cernent un paysage et une angoisse qui sont caractéristiques d'Arrigo. Comme plusieurs Italiens (ses aînés Nono et Dallapiccola), le compositeur est obsédé par la liberté, dont il fait chanter la voix en prenant appui sur des textes beaux et denses. Son Addio Garibaldi est tout empli de Verdi, autre amoureux de la liberté. Une couleur italienne est d'ailleurs toujours perceptible, dominante même chez Arrigo. Son style vocal est souvent proche de celui des madrigalistes et, pour ses Épigrammes, pour ses 3 Madrigaux, il fait appel à des sonnets de Michel-Ange. Des poètes modernes tels que Montale l'attirent aussi. Des « sons cris », des « sons lamentos » apparaissent dans des œuvres vocales comme Episodi (monodrame sur des textes de poètes grecs anciens, 1963). Une prédilection pour les combinaisons instrumentales, peu habituelles, se fait jour dans la Cantate pour Urbinek (6 joueurs d'harmonica) et Addio Garibaldi (24 flûtes à bec). Ces deux dernières œuvres, avec Orden, sont sans doute les plus originales, par leur thème comme par le témoignage de l'artiste qui regarde son temps, le vit, le retransmet. Actuellement directeur du Teatro Massimo de Palerme, Arrigo demeure un passionné, farouchement indépendant et même solitaire. « Je suis musicien, dit-il, par ma condition… Je n'ai qu'une possibilité : écrire de la musique. »

Ars antiqua

Terme appliqué à la musique allant des débuts de la polyphonie (fin du IXe s.) à 1320 environ, mais en particulier à celle du XIIe et du XIIIe siècle.

L'Ars antiqua atteignit son apogée sous les règnes de Philippe Auguste et de Saint Louis. Cet art a cinq formes principales.

L'organum

Il est d'abord écrit à deux voix évoluant de façon parallèle : une voix chante la teneur (ou vox principalis), qui est une mélodie grégorienne, et l'autre donne la même mélodie à la quarte supérieure ou à la quinte inférieure ; c'est l'organum parallèle. Au début du XIIIe siècle, Pérotin compose des organa à 4 voix, beaucoup plus élaborés.

Le déchant

C'est une écriture essentiellement syllabique (note contre note), formée de la voix principale avec, au-dessus, la voix organale qui évolue par mouvement contraire avec des consonances d'unisson ou d'octave, de quarte ou de quinte. Cette technique, pratiquée vers les XIe et XIIe siècles, est employée également au XIVe siècle et une grande part d'improvisation est laissée aux « déchanteurs ».

Le motet

Il commence à se développer, pendant la seconde moitié du XIIIe siècle, aux dépens de l'organum. La forme est généralement à 3 voix :

   ­ la première voix, ou teneur, est écrite en valeurs longues sur un texte liturgique ou profane ;

   ­ la deuxième voix, ou duplum (motetus), évolue parallèlement en langue vulgaire, sur un texte différent ;

   ­ la troisième voix, ou triplum, chante un troisième texte. Ce mélange de textes, liturgiques ou profanes, va caractériser également le motet à l'époque de Guillaume de Machaut.

Le conduit (conductus)

Cette forme semble avoir été créée par l'école de Notre-Dame de Paris pour accompagner des processions. La teneur n'est plus une mélodie grégorienne, mais elle est librement inventée. Le conduit peut être à 1, 2 ou 3 voix, mais se caractérise par un style d'écriture plus syllabique que celui de l'organum.

Le rondeau

Il est écrit comme un conduit à 3 voix et se singularise par sa forme, qui obéit à la forme littéraire du même nom comprenant plusieurs couplets et un refrain qui revient entre chacun des couplets. C'est dans cette forme que le contrepoint s'emploie avec le plus de liberté (Adam de la Halle).

   Ces différentes formes, développées, ouvrent la voie aux compositeurs du siècle suivant : ceux de l'Ars nova.