Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

chinoise (musique) (suite)

Les instruments

La classification chinoise des instruments repose non pas sur le mode de production du son comme en Occident, mais sur la matière qui les compose. Elle distingue donc huit classes d'instruments : pierre, métal, soie, bambou, bois, cuir, terre et gourde, associant à chacune d'entre elles une saison, un point cardinal et un élément. Par souci de clarté, les instruments sont ici regroupés d'après la tradition occidentale.

Idiophones

On trouve, parmi eux, les instruments les plus anciens, à savoir les lithophones et les cloches, présentés soit individuellement en série de 12 accordés sur les 12 lyu (the king pour les pierres, po-tchong pour les cloches), soit en carillon de 16 (pyen king et pyen tchong). Le fang est un carillon de lames d'acier. Il existe de nombreuses sortes de gongs de bronze, dont les plus courants sont le lo, le kin, le thong tyen, le tcheng et le un lo ou yun ngao (carillon de 10 petits gongs). Les cymbales, po ou thong po et les claquettes de bois (peipan) sont surtout utilisées au théâtre. Certains instruments particuliers ne se trouvent que dans les temples, tel le yu (instrument de bois sculpté en forme de tigre) et le tchou (auge de bois carrée) pour les rites confucianistes, ou le mu-yu (poisson en bois laqué) utilisé par les prêtres bouddhistes et taoïstes.

Membranophones

Ils se présentent sous diverses formes (tambours, tambours de basque, timbales) et nombreux sont ceux d'origine étrangère. parmi les instruments plus traditionnels, on trouve le po fou (petit tambour), le pan-kou (à l'opéra), le kyen kou (grand tambour) et le tchang kou.

   On remarquera, au nombre d'instruments rentrant dans ces deux catégories, l'importance accordée en Chine aux percussions. Leur rôle n'est pas seulement rythmique. Ils sont essentiels dans les cérémonies religieuses, où ils indiquent le début et la fin des chants rituels. On confiera donc souvent à un percussionniste le rôle de chef d'orchestre. C'est, en outre, sur eux que s'accordent les autres instruments.

Aérophones

Ils sont également très anciens, puisque dérivés des tuyaux cylindriques produisant les lyu. Les flûtes sont, de loin, la classe la plus importante et la plus primitive. On trouve des flûtes droites (yo, employée seulement comme accessoire figuratif dans les pantomines), des flûtes de Pan (phai syao) et des flûtes traversières (tchhi). C'est à ce groupe qu'appartient le ti, instrument très répandu et utilisé à de nombreuses occasions. Parmi les instruments à anche, citons les hautbois (so-na, très populaire, et hwan-tseu) et, les trompettes (ta-t'ung-kyo et cha-chaio). L'ocarina chinois, le hyuen, est le seul instrument en terre cuite encore utilisé. On peut aussi inclure dans cette classe un des instruments les plus typiques de la musique chinoise, le cheng ou orgue à bouche, datant environ du XIIe siècle av. J.-C.).

Cordophones

L'instrument le plus typique est le k'in ou cithare à sept cordes, dont l'invention est attribuée à Fou-hi, premier souverain mythique. Sa forme, ses dimensions et les matériaux qui le composent sont tous symboliques. C'était un instrument très apprécié de l'aristocratie et pour lequel il existe une abondante littérature. Toujours parmi les cithares, on trouve le se, à 25 cordes et le tcheng (petit se de 14 cordes). Les luths les plus populaires sont le p'i-p'a (instrument court à 4 cordes), le son hyen (à 3 cordes et au manche très long) et le yueh ch'in (4 cordes et de forme lunaire). Ils accompagnent tous les trois chansons, danses et ballades. Il existe divers genres de violon dont les plus courants sont le kou khin et le erh-hu, à 2 cordes (très populaire). On trouve enfin une harpe à 22 cordes, le k'ung hu, et une sorte de psaltérion, le yang-k'in, qui accompagnent aussi la musique populaire.

Chion (Michel)

Compositeur français (Creil 1947).

De 1971 à 1976, il a travaillé au Groupe de recherches musicales de Paris, comme responsable de diverses activités d'enseignement, de recherche, de radio et de publications. Parallèlement, il a composé plusieurs œuvres électroacoustiques, la plupart axées sur des textes, et d'un style baroque et coloré : la Machine à passer le temps (1972), le Prisonnier du son (1972), Requiem (1973), On n'arrête pas le regret (1975), album nostalgique de « scènes d'enfant », Tu (1977-1981), qui aborde le thème du couple impossible, à travers des textes de Desnos et des scènes de la Flûte enchantée, et Melchisédech (1980). Travaillant, depuis 1976, indépendamment de tout groupe, Michel Chion se consacre de plus en plus à l'image, réalisant des films de court métrage, et enseignant la « mise en scène du son » au cinéma. On lui doit aussi des écrits musicologiques et théoriques, et des ouvrages sur la musique parmi lesquels Pierre Henry (1980), le Poème symphonique et la musique à programme (1993), la Symphonie à l'époque romantique (1994) et la Musique au cinéma (1995).

   Esprit touche-à-tout, Michel Chion s'est trouvé, sans l'avoir voulu, à l'écart d'un mouvement assez général de « restauration » des valeurs musicales traditionnellement « françaises » qui sévit dans la musique électroacoustique récente, à quelques exceptions près (bon goût, discrétion, netteté et poli du matériau, haro sur la musique « dramatique », etc.). Plutôt enclin à pratiquer la musique électroacoustique comme un « cinéma pour l'oreille » à grand spectacle, il se revendique comme un héritier de Fellini, aussi bien que de la musique de Pierre Henry ou du premier Pierre Schaeffer (celui des Orphées et de la Symphonie pour un homme seul). Dans sa production, la critique a surtout remarqué jusqu'ici son Requiem de 1973, souvent rapproché de l'univers de Jérôme Bosch. On peut y trouver en effet un condensé de ses « tendances » : recherche de l'émotion à travers le foisonnement des situations et des voix ; contrastes appuyés et montage dramatisé ; travail de la matière sonore dans ses irrégularités, son grain, son épaisseur, plutôt que pour la rendre lisse et propre ; omniprésence de la « voix humaine », utilisée en dehors des techniques traditionnelles. De 1982 date la Ronde, et de 1984 la Tentation de saint Antoine.