Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Rheinberger (Joseph)

Compositeur, organiste, chef d'orchestre et pédagogue allemand (Vaduz 1839 – Munich 1901).

Enfant prodige, il étudia au conservatoire de Munich, et mena toute sa carrière dans cette ville (professeur au conservatoire, directeur de la musique de la cour). Il a composé dans tous les genres, laissant en particulier 20 sonates pour orgue.

Rhené-Baton (René Baton, dit)

Compositeur et chef d'orchestre français (Courseulles-sur-Mer, Calvados, 1879-Le Mans 1940).

Il fut l'élève de Bloch et de Gédalge au Conservatoire de Paris. Il commença à composer des pièces pour piano et des mélodies, mais s'orienta rapidement vers la direction d'orchestre. En 1907, il fut nommé chef des chœurs à l'Opéra-Comique. Il fut ensuite directeur de la Société populaire des concerts d'Angers et de la Société Sainte-Cécile de Bordeaux. En 1918, il prit la tête des concerts Pasdeloup, qui venaient de reprendre vie après une longue interruption. Il en conserva la direction jusqu'en 1932 et se montra un défenseur actif de la musique française. Dans ses œuvres, Rhené-Baton a chanté la Bretagne avec goût et un réel sens des couleurs (le Pardon de Rumengol pour piano, Pièce symphonique pour les funérailles d'un marin breton).

rhythm'n'blues

Variété de musique syncopée, apparentée au jazz populaire, très prisée aux États-Unis, particulièrement dans le grand public noir.

À ses débuts, dans l'immédiat après-guerre, le rhythm'n'blues, qui fait une place prépondérante aux thèmes de blues, ne se distingue du jazz que par la grossièreté des effets (afterbeat exagéré, jeu et attitude exhibitionnistes des saxophonistes, vocaux chantés sans grand souci de musicalité). Par la suite, sous l'influence de la pop music anglo-saxonne, les groupes de rhythm'n'blues ont adopté la rythmique binaire (ROCK'N'ROLL), se séparant ainsi du jazz.

Ricci (Rich Wilson, dit Ruggiero)

Violoniste américain (San Francisco 1918).

Né dans une famille de musiciens, il est l'élève de Louis Persinger dès l'âge de cinq ans. En 1929, il joue le Concerto de Mendelssohn au Carnegie Hall devant Fritz Kreisler, qui admire ses dons prodigieux. En 1932, il effectue une première tournée européenne, jouant sous la direction de chefs tels que Paul Paray, Georges Szell ou Ernst von Dohnanyi. Sa virtuosité subjugue les foules, et l'on n'hésite pas à le comparer à Paganini. Il réalise d'ailleurs le premier enregistrement intégral des 24 Caprices du maître italien. De 1940 à 1945, il sert dans l'armée de l'air américaine, mais dès 1946 reprend ses tournées mondiales. Il est le premier violoniste américain à se rendre en U.R.S.S. lors de trois voyages en 1961, 1963 et 1969. À partir de 1975, il enseigne à la Juilliard School de New York. En 1962, il a créé le Concerto d'Alexander Goehr, celui de Ginastera en 1963, et de Gottfried von Einem en 1970.

ricercare
ou ricercar

Mot italien dérivé de « recherche » et qui a longtemps désigné les premières manifestations de musique instrumentale en dehors des danses, conçues sans le secours de paroles exprimées ou non.

On trouve le même mot, avec diverses variantes, en Espagne et en Allemagne. En France, on préfère le mot « fantaisie » qu'adopte également l'Angleterre (« fantasy », « fancy »), et en Espagne on emploie souvent le mot « tiento ».

   D'abord employé dans le sens général de « pièce instrumentale » sans idée de forme particulière, le terme s'est peu à peu cristallisé autour de l'idée de développement contrapuntique à partir d'un thème librement inventé, en prenant pour modèle le motet polyphonique dont il conserve la gravité et adopte les aspects formels. Né à la fin du XVIe siècle chez les Franco-Flamands de Venise (Willaert), il se développe rapidement et ses transformations le mèneront jusqu'à la fugue, avec laquelle il se confondra quelque temps (ricercari de l'Offrande musicale de J.-S. Bach) avant de disparaître vers le milieu du XVIe siècle.

   Si l'on excepte les deux périodes extrêmes, le ricercare peut être considéré comme une fugue dont il diffère surtout par deux points :

– Il n'est pas obligatoirement bâti sur un sujet unique, mais le plus souvent divisé en sections développant chacune un sujet différent, ce qui correspond aux phrases successives d'un motet développées l'une après l'autre ;

– L'exposition du sujet en entrées successives selon les principes de la fugue n'est obligatoire qu'au début de la première section, et n'y requiert pas toujours la même rigueur que dans la fugue : l'ordre des entrées en alternance tonique-dominante (sujet-réponse) y est moins strict, et les entrées en strette y sont fréquentes comme dans le motet. C'est principalement quand disparaîtront ces deux particularités (unification du sujet, intangibilité de l'exposition sans strette) que le ricercare deviendra la fugue classique.

Richard Ier Cœur de Lion

Poète et compositeur (Oxford 1157 – Châlus, près de Limoges, 1199).

Fils d'Henri Il Plantagenêt et d'Aliénor d'Aquitaine, et arrière-petit-fils de Guillaume IX d'Aquitaine, le « premier troubadour », il devint comte de Poitou en 1169, duc d'Aquitaine en 1171 et roi d'Angleterre en 1189. Au retour de la croisade, il fut fait prisonnier par le duc Léopold d'Autriche, et on prétend que c'est une chanson qui permit à son ménestrel, Blondel de Nesle, de découvrir son lieu de captivité et de le délivrer en 1194. Cette légende, sur laquelle est basé le Richard Cœur de Lion de Grétry (1784), est fausse, mais le rôle musical de Richard Ier n'en demeure pas moins réel, surtout par la protection qu'il accorda aux troubadours et trouvères de son entourage. Il ne reste que deux pièces de sa composition : un sirventès, Dalfin je us voill desrenier, et une complainte écrite apparemment pendant sa captivité, Ja nus hons pris, qui constitue l'un des premiers exemples de rotrouenge.

Richter (Franz Xaver)

Compositeur allemand d'origine tchèque (Holešov, Moravie, 1709 – Strasbourg 1789).

Il se forma avec le Gradus ad Parnassum de Fux, peut-être directement avec ce dernier, et après un voyage en Italie, entra au service du prince-abbé Anselm von Reichlin-Meldegg à Kempten (1740). En 1747, à la mort du prince-abbé, il fut appelé, d'abord comme chanteur puis comme violoniste, chef d'orchestre et compositeur, à la cour du prince électeur de Mannheim, et, avec Johann Stamitz, domina la première génération de compositeurs de l'école à laquelle cette ville devait donner son nom. Il composa alors la plus grande partie de sa production instrumentale (symphonies, concertos, quatuors, sonates de chambre). Dans ces œuvres, il sut éviter les pièges de la galanterie, et eut souvent recours à l'écriture fuguée. Ses six quatuors à cordes op. 5, en trois mouvements et publiés en 1768, remontent à quelques années auparavant.

   De 1769 à sa mort, il fut maître de chapelle à la cathédrale de Strasbourg, où il eut comme assistant et successeur Ignaz Pleyel, et se consacra beaucoup à la musique religieuse. Deux seulement de ses nombreuses messes datent de la période de Mannheim. Il compta parmi ses élèves Johann Martin Kraus et Carl Stamitz, et laissa également un des rares ouvrages théoriques produits à Mannheim (Harmonische Belehrungen, manuscrit, éd. fr. Paris, 1804).