Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

coulisse

Partie mobile du tube, en forme d'« U », que l'on rencontre dans certains instruments à vent, en particulier le trombone, et qui, s'actionnant d'avant en arrière, détermine un allongement ou un raccourcissement de la colonne d'air et, par là même, une variation de la hauteur du son.

coup d'archet

Il indique, dans le jeu des instruments à cordes frottées, les différentes manières de mouvoir l'archet sur la corde, à l'endroit correct, dans la direction et à la vitesse prescrites, et avec la pression nécessaire.

Le mouvement d'archet qui va du talon à la pointe est appelé « tiré » (que l'on note par le signe U) et celui qui va de la pointe au talon « poussé » (V). Les principaux coups d'archet sont le détaché, le legato, le martelé, le sautillé, le spiccato, le staccato, le staccato à ricochet, le staccato volant, etc. Lorsqu'une partition ne porte pas d'indications assez précises, les instrumentistes à cordes d'un orchestre de chambre ou d'un orchestre symphonique doivent se mettre d'accord sur les coups d'archet, pour obtenir une interprétation homogène.

coup de glotte

En technique vocale, geste physiologique qui provoque l'expulsion de l'air et la naissance du son par l'écartement des cordes vocales et l'ouverture de la glotte.

Il était, en général, recommandé par les maîtres italiens et français et il est parfaitement analysé et décrit dans les traités de Garcia et de Faure au XIXe siècle. Ce geste doit naturellement s'exécuter avec souplesse et sans donner à l'auditeur l'impression que la voyelle est précédée d'un « H ». C'est seulement dans le cas de cette exagération (ce que les maîtres anciens appelaient hoquet, ou coup de poitrine) qu'il a pu acquérir une nuance péjorative sous la plume de certains théoriciens, qui commettent ainsi une transgression de vocabulaire sans remettre en cause ce principe physiologique.

coup de langue

Procédé d'émission commun à tous les instruments à vent occidentaux, les « bois » comme les « cuivres ».

La langue de l'exécutant, poussée vers l'avant de manière à obturer hermétiquement l'ouverture des lèvres, est brusquement retirée vers l'arrière, selon une comparaison couramment utilisée, comme pour recracher un bout de fil, libérant l'air sous pression fourni par les poumons. Le coup de langue est utilisé pour le jeu staccato.

Couperin (dynastie des)

Famille de musiciens français.

Elle a souvent été comparée à la dynastie allemande des Bach. Le rapprochement est d'autant plus séduisant que le plus ancien musicien connu du nom de Couperin, Mathurin, fut contemporain de Veit Bach († 1619), le meunier mélomane, arrière-arrière-grand-père de Jean-Sébastien, tandis que Céleste Couperin, organiste et professeur de piano, s'éteignit en 1860, quinze ans après la mort de Wilhelm Friedrich Ernst Bach. Les deux dynasties ont la même durée, la même ascension et culminent presque au même moment.

   La musique remonte beaucoup plus loin chez les Couperin qu'on ne le croyait encore récemment. Mathurin Couperin (1569-1640), « laboureur » et « procureur » à Beauvoir, petit village de la Brie, possédait le titre de « maître joueur d'instruments », qui allait passer à son fils Charles. L'inventaire après décès de celui-ci montre, chez un simple « tailleur d'habits » à Chaumes-en-Brie, de nombreux instruments de musique : violons, violes, flûtes, hautbois, qui laissent supposer une pratique musicale de quelque importance. Des mariages attestent tout un réseau d'alliances avec des musiciens, et une vie artistique étonnamment intense dans ce milieu de paysans, artisans et hommes de loi à l'échelle d'une bourgade de province.

   Trois fils de Charles I Couperin, Louis, François I et Charles II, découverts par le claveciniste de la Cour Jacques Champion de Chambonnières, opèrent la « mutation » et adoptent l'état de musiciens professionnels.

 
Louis Couperin (Chaumes-en-Brie 1626 – Paris 1661). Installé à Paris vers 1650 à la suite de Chambonnières, il est nommé violiste de la Chambre du roi et titulaire de l'orgue de Saint-Gervais en 1653 (cet instrument restera dans la famille jusqu'en 1830). Pressenti pour occuper la charge de claveciniste de la Chambre, il se récuse pour ne pas porter tort à son bienfaiteur Chambonnières, et est nommé ordinaire de la Chambre pour la viole, et comme tel accompagne les ballets de cour. À sa connaissance du style français, L. Couperin joint très vite celle de la manière italienne, qu'il a acquise, semble-t-il, au contact de Froberger (à Paris en 1652). Auteur de 130 pièces de clavecin et de quelque 70 pièces d'orgue découvertes en 1957 et enfin entièrement livrées au public, de Fantaisies pour les violes, de 3 Fantaisies en trio, il a écrit une musique d'une grande audace harmonique et d'un lyrisme contenu. Les pièces d'orgues découvertes ont révolutionné l'histoire de cet instrument en France, et font de Louis Couperin le trait d'union qui manquait entre Titelouze et Nivers. Préludes non mesurés à la manière des luthistes français côtoient des pièces à la manière de Frescobaldi, des pièces de danse pour le clavecin, des fugues et fantaisies pour l'orgue, qui témoignent, avant son neveu François II Couperin, du souci d'allier les « goûts » français et italien. Il meurt en 1661, à trente-cinq ans.

 
François I Couperin (Chaumes-en-Brie 1630 – Paris 1701). Frère du précédent, bon pédagogue, il ne semble pas avoir laissé de compositions, et a été écarté de la succession à l'orgue de Saint-Gervais.

 
Charles II Couperin (Chaumes-en-Brie 1638 – Paris 1679). Frère des précédents, il semble avoir rejoint son frère et avoir eu très tôt une charge à la Cour (il est violiste dans le Ballet de la raillerie en 1659). À la mort de Louis, il lui succède à l'orgue de Saint-Gervais (1661) et meurt en 1679 sans laisser de compositions. Il est le premier Couperin à s'être fait appeler « sieur de Crouilly », du nom d'une terre familiale près de Beauvoir, titre que reprend son fils François II.

 
Marc-Roger Normand (1663-1734), cousin des précédents, organiste à Turin.

 
La génération suivante est représentée, outre François II Couperin, dit le Grand (1668-1733), par le fils de François I.

   Nicolas Couperin (1680-1748). Musicien du comte de Toulouse, il prend la succession de François II, son cousin, à l'orgue de Saint-Gervais.

   Sa sœur aînée, Marguerite-Louise Couperin (1676-1728), a été une chanteuse réputée, à laquelle son cousin François II dédie une partie de ses motets pour la chapelle de Versailles.

 
La troisième génération des Couperin musiciens comprend :

   Armand-Louis Couperin (1727-1789), fils du précédent, organiste de Saint-Gervais et de plusieurs autres églises de Paris, dont Notre-Dame pour un quartier. Il laisse des pièces pour clavecin avec accompagnement de violon, des sonates en trio, des motets, une cantate. Il a épousé la fille du facteur de clavecins Blanchet.

   Des quatre enfants de François II, la fille aînée, Marie-Madeleine Couperin (1690-1742), a été religieuse et organiste de l'abbaye de Maubuisson, et la cadette, Marguerite-Antoinette Couperin (1705-1778), claveciniste de la Cour et maître de clavecin des Enfants de France (les filles de Louis XV en particulier). On louait beaucoup son jeu « savant et brillant ». Les deux fils, l'un mort en bas âge et l'autre ayant rompu ses attaches avec sa famille (François-Laurent, encore vivant à Montauban en 1740), joints aux deux filles célibataires, laissent s'éteindre la filiation de François Couperin le Grand.

 
La cinquième génération est donc constituée de la seule filiation d'Armand-Louis Couperin : Pierre-Louis Couperin (v. 1755-1789), organiste, qui succède à son père, et Gervais-François Couperin (1759-1826), qui tient à son tour l'orgue de Saint-Gervais. Il laisse une symphonie, des pièces pour le clavecin et le piano, des romances.

 
La dernière génération est représentée par Céleste Couperin (1793-1860), fille du précédent, qui tient l'orgue de ses ancêtres jusqu'en 1830 et meurt dans la misère.