Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Sauer (Emilvon)

Pianiste et compositeur allemand (Hambourg 1862 – Vienne 1942).

Il fut élève de N. Rubinstein au conservatoire de Moscou. Après une tournée en Espagne et en Italie, il étudia pendant quelques mois avec Liszt à Weimar, en 1884-85. En 1886, il reprit ses activités de concertiste. De 1901 à 1907 et de 1914 à 1922, il donna des cours de perfectionnement à Vienne. À la fois brillant virtuose et poète sensible, Sauer possédait un toucher d'une beauté remarquable. Il a laissé une trentaine d'enregistrements. Il a aussi composé deux concertos pour piano, deux sonates, des études et autres pièces pour piano et des lieder.

Sauguet (Henri)

Compositeur français (Bordeaux 1901 – Paris 1989).

Dès l'enfance, Henri Sauguet est initié à la musique ; il apprend le piano et chante à la maîtrise de sa paroisse. La Première Guerre mondiale l'empêche de se présenter au conservatoire de Bordeaux ; son père étant mobilisé, il doit gagner sa vie au lieu de poursuivre ses études. Sa vocation s'affirme. Henri Sauguet découvre avec ferveur l'œuvre de Debussy, et, en 1918, employé à la préfecture de Montauban, étudie la composition sous la direction de Joseph Canteloube.

   En 1919, il envoie à Darius Milhaud ses premières compositions et fonde à Bordeaux, avec J.-M. Lizotte et Louis Emié, un « groupe des Trois » qui donne un concert d'avant-garde. Darius Milhaud l'invite à Paris en 1921. Henri Sauguet quitte alors définitivement Bordeaux, trouve un gagne-pain dans la capitale, et reçoit des leçons de Charles Kœchlin. En 1922, il est présenté à Erik Satie qui, l'année suivante, patronne l'« école d'Arcueil », constituée de Henri Cliquet-Pleyel, Roger Desormière, Maxime Jacob et Henri Sauguet. Il débute au théâtre en 1924 avec un opéra bouffe : le Plumet du colonel, et un ballet, les Roses. Les Ballets russes de Diaghilev créent à Monte-Carlo, en 1927, son second ballet, la Chatte.

   Dès 1926, Henri Sauguet projette d'écrire un opéra sur la Chartreuse de Parme de Stendhal. Cette œuvre, achevée en 1936, sera créée à l'Opéra de Paris en 1939. Transposant le romantisme italien dans son propre style, Henri Sauguet a fait ici une œuvre originale dont le langage, qui est celui du XXe siècle, ne fait pas obstacle à une certaine nostalgie du passé. Cette couleur mélancolique que l'on retrouvera dans d'autres œuvres « romantiques », telles que les Caprices de Marianne (1954), la Dame aux camélias (1959), est, d'une manière plus générale, un des attraits et une des caractéristiques de la musique de Sauguet.

   En 1945, dû à la collaboration de Boris Kochno, Christian Bérard, Roland Petit et Henri Sauguet, le ballet les Forains, dédié à la mémoire d'Erik Satie, devint très vite populaire. De là à enfermer Sauguet dans la spécialité de compositeur de ballets, il n'y aurait qu'un pas. Mais, en 1948, un remarquable Quatuor à cordes et un recueil de mélodies sur des poèmes de Max Jacob, Visions infernales, démontrent l'universalité du compositeur, qui écrit, l'année suivante, une Symphonie allégorique : les Saisons. Entre 1950 et 1964, Henri Sauguet compose de nombreuses œuvres dont les plus importantes, le Cornette, sur des poèmes de Rilke, les Caprices de Marianne, opéra d'après Alfred de Musset, la Dame aux camélias, ballet d'après Alexandre Dumas fils, L'oiseau a vu tout cela, sur un poème de Jean Cayrol, Mélodie concertante pour violoncelle et orchestre, indiquent l'étendue du « registre poétique » du musicien.

sautereau

Pièce essentielle du mécanisme des instruments à clavier et à cordes pincées (épinette, clavecin).

Il consiste en une courte règle de bois dur, munie d'une languette mobile portant un bec de plume ou de cuir de buffle, et d'une pièce de feutre faisant fonction d'étouffoir. Quand l'enfoncement de la touche correspondante soulève le sautereau, le bec accroche la corde au passage et la met en vibration ; la touche une fois lâchée, le sautereau retombe, bec effacé, et le feutre arrête les vibrations de la corde. Les facteurs modernes n'ont rien changé à cet ingénieux dispositif, mais ont souvent recours aux résines synthétiques pour remplacer tout ou partie des matériaux traditionnels.

Savall (Jordi)

Violiste espagnol (Igualada, près de Barcelone, 1941).

Après avoir obtenu en 1966 son diplôme de violoncelle au conservatoire de Barcelone, attiré par la musique ancienne, il se met à travailler seul la viole de gambe, qu'il contribue à faire renaître, en ajoutant aux efforts des pionniers Nikolaus Harnoncourt et Wieland Kuijken un esprit de fantaisie novateur. Diplômé en 1970 de la Schola cantorum basiliensis, il y enseigne depuis la viole de gambe, et prolonge son activité pédagogique par de nombreux stages et concerts, seul ou au sein de l'ensemble Hesperion XX, qu'il fonde en 1974 avec la soprano Montserrat Figueras, sa femme, le luthiste Hopkinson Smith et le flûtiste-percussionniste Lorenzo Alpert. Il revendique, aussi bien pour son instrument que pour son ensemble, le recours à l'improvisation, conçue comme un moyen de retrouver les vertus expressives de la musique ancienne. On lui doit la renaissance d'un répertoire oublié, maîtres espagnols du XVIe siècle (tel Diego Ortiz) et français du XVIIe (Forqueray, Marin Marais, Caix d'Hervelois). Il a composé la musique du film de Jacques Rivette Jeanne la Pucelle (1993), et fondé à Barcelone la Capella Reial de Catalunya (1987) et le Concert des Nations (1989).

Savonlinna

Ville du sud-est de la Finlande où se déroule chaque année un festival d'opéra, la plupart des représentations ayant lieu dans la forteresse d'Olavinlinna, construite à partir de la fin du XVe siècle comme lieu de défense contre la Russie.

Fondé par la soprano Aino Ackté, le festival fut inauguré en 1912 avec Aino d'Erkki Melartin, ainsi que par des récitals et concerts, et se poursuivit en 1913 (la Mort d'Elina d'Oskar Merikanto), 1914 (la Chasse du roi Charles de F. Pacius et la Fille du Nord de O. Merikanto) et 1916 (Faust de Gounod). Des difficultés financières mirent fin à l'entreprise, ressuscitée par Aino Ackté pour la seule saison 1930 (les Ostrobothniens de L. Madetoja). Le festival renaquit pour de bon en 1967 (Fidelio de Beethoven), et a lieu depuis lors chaque année, avec notamment comme directeurs artistiques Martti Talvela, Walton Grönroos et Jorma Hynninen. Y ont été créés le Cavalier (1975), Le roi partira pour la France (1984) et le Palais (1995) de Sallinen, ainsi que le Couteau de Heininen (1989). En 1997 doit avoir lieu la création d'Aleksis Kivi de E. Rautavaara. Depuis un quart de siècle, le Festival de Savonlinna à très largement contribué à la découverte et à la popularité de l'opéra en Finlande.