Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
B

Benedicite (lat. ; « bénissez »)

Terme générique désignant, quelle qu'en soit la formule, une prière avant le repas comportant bénédiction, parlée ou chantée, de la table et des mets.

Une telle prière est régulièrement pratiquée dans les monastères, les presbytères et était traditionnelle, autrefois, dans les foyers chrétiens, dont certains la pratiquent encore. L'usage en est très ancien (une bénédiction analogue existe dans les repas juifs rituels), mais il ne s'est jamais dégagé de formule généralisée, et les usages, à cet égard, sont assez divers, allant d'une série assez longue de récitations et d'oraisons à un bref échange d'incipits sans lien grammatical entre eux (Benedicite-Dominus). Toutefois, tous ont en commun une invitation à bénir le repas, d'où le nom conservé. Au XVIe siècle, la Réforme a adopté l'usage du Benedicite dans la vie domestique et favorisé la pratique du chant pour l'exprimer. De nombreux compositeurs, réformés ou non, l'ont ainsi mis en musique à plusieurs voix, soit en latin, soit en langue vulgaire, surtout dans les pays touchés par la Réforme : France, Allemagne, Angleterre, Flandres. Le Benedicite a pour symétrique l'« action de grâces » (ou « grâces » en abrégé) de la fin du repas (dire les grâces).

benedictus

1. Deuxième partie du Sanctus qui forme l'une des parties chantées de l'ordinaire de la messe. C'est une courte formule, Benedictus qui venit in nomine Domini (« Béni celui qui vient au nom du Seigneur », Luc, XIII, 35), suivie, comme la première partie, du refrain Hosanna in excelsis. Alors que le Sanctus est un des chants les plus anciens de la messe, le Benedictus n'apparut qu'au VIe siècle, et on le trouva d'abord en Gaule ; puis il gagna Rome et l'Orient. Vers le XVe siècle, on prit l'habitude, surtout en polyphonie, de scinder le Sanctus en deux et de considérer le Benedictus comme un morceau à part. On le chanta d'abord pendant l'élévation, puis après celle-ci. Au XVIIIe siècle, apparut l'usage de remplacer le Benedictus après l'élévation par un motet, le plus souvent O salutaris, si bien que plusieurs messes de cette époque n'ont pas de Benedictus. Pour le traitement musical de l'Hosanna, l'usage chez les musiciens est resté variable, certaines messes incorporant le refrain au Benedictus, d'autres se contentant d'une reprise de celui du Sanctus. Dans sa messe en ré, Beethoven donne un traitement particulier au Benedictus en concrétisant par un violon solo, descendant des hauteurs, la venue de l'envoyé du Seigneur évoquée par le texte.

2. Il existe aussi dans la liturgie d'autres pièces commençant par le mot Benedictus. La principale est le cantique de Zacharie Benedictus Dominus Deus Israel (Luc, I, 68), qui figure avec le Magnificat et le Nunc dimittis parmi les « cantiques majeurs » de l'Église romaine.

Benet (John)

Compositeur anglais (XVe s.).

Comme Dunstable, à qui il a parfois été identifié, Benet travailla sur le continent, où ses œuvres ont été conservées dans des manuscrits. Ses compositions comprennent une messe cyclique complète mais sans titre, un Gloria, un Sanctus, des fragments de messe et des motets de facture isorythmique. Aux côtés du grand Dunstable, des musiciens tels Power, Bedingham et Benet ont certainement contribué à l'influence de la « contanance angloise » sur les musiciens français de l'époque de la guerre de Cent Ans.

Benevoli (Orazio)

Compositeur italien d'origine lorraine (Rome 1605 – id. 1672).

Il fit ses études musicales avec V. Ugolini, puis devint maître de chapelle à Saint-Louis-des-Français, à Rome, avant de partir pour l'Autriche ; il séjourna à Vienne, à la cour de Léopold-Guillaume, de 1644 à 1646, et il y composa nombre de motets et autres pièces religieuses. De retour à Rome, il obtint le poste de maître de chapelle à Sainte-Marie-Majeure. Il fut longtemps connu surtout pour la messe polyphonique à 53 voix, dite Missa salisburgensis, mais cette œuvre de 1682 lui fut attribuée à tort et est sans doute soit d'Ignaz Biber soit d'Andreas Hofer. Elle ne fut donc pas écrite en 1628 pour la consécration de la cathédrale de Salzbourg. Il existe aujourd'hui une édition des œuvres complètes de Benevoli, où nous trouvons d'autres messes à plusieurs chœurs et à multiples parties réelles, maniées avec habileté dans la tradition palestrinienne.

Benjamin (George)

Compositeur, pianiste et chef d'orchestre anglais (Londres 1960).

Il entreprend ses premières compositions dès l'âge de neuf ans et poursuit sa formation, de 1976 à 1978, au C.N.S.M. de Paris avec Yvonne Loriod (piano) et Olivier Messiaen (composition), puis, entre 1978 et 1982, avec Alexander Goehr au King's College de Cambridge. Sa musique, désinvolte et colorée, témoigne d'un esprit versatile et polyvalent (At First Light pour orchestre de chambre, 1982). Benjamin s'initie à l'informatique musicale, et son travail à l'I.R.C.A.M. à partir de 1984 aboutit à la création d'Antara pour seize instruments et équipement électronique, commande pour le dixième anniversaire du Centre Georges-Pompidou. Dans cette œuvre, le son de la flûte de pan est échantillonné, puis transmis aux claviers électroniques. La musique fait ainsi référence, comme presque toujours chez Benjamin, à la réalité acoustique la plus concrète, et la sonorité nouvelle ne se définit qu'en fonction de cette référence. Il a écrit des pièces pour piano (Sortilèges, 1981), de la musique de chambre (Octuor, 1978), des pièces pour orchestre (dont Ringed by the Flat Horizon, 1979-80, programmé dans le cadre des Promenades-Concerts), de la musique vocale (Upon Silence, pour mezzo-soprano et cinq violes da gamba, 1990). La musique de Benjamin est accessible et garde toujours une certaine complaisance envers les formes et les images convenues (Upon Silence pour mezzo-soprano et 5 violes de gambe, 1990 ; Three Inventions, pour orchestre de chambre, commande du Festival de Salzbourg, 1995).

Bennett (Richard Rodney)

Compositeur anglais (Broadstairs, Kent, 1936).

Il fut l'élève de Lennox Berkeley et de Howard Ferguson à la Royal Academy of Music de Londres (1953-1956) et commença à composer dès cette période. Puis il vint à Paris travailler avec Pierre Boulez (1957-58). De retour à Londres, il entreprit une carrière à la fois de compositeur ­ il se fit connaître, notamment, par des musiques de film ­ et de pédagogue, il enseigna, en particulier, au Peabody Institute de Baltimore. Parmi ses œuvres, outre les nombreuses musiques de film, les compositions pour la radio, la télévision, les musiques de scène, on compte 2 symphonies, 4 quatuors à cordes, un concerto pour piano, diverses œuvres pour ensemble de chambre et pour piano. Dans le domaine de la musique vocale, citons une œuvre pour la chanteuse anglaise de jazz C. Laine, Soliloquy for Cleo Laine (1967), et trois opéras : The Ledge, The Mines of Sulphur (les Mines de soufre, 1963-1965), qui ont été joués avec succès dans de nombreux pays, et A Penny for a Song (1966).

   Compositeur sériel à l'origine, initié par les œuvres de Webern à la musique dodécaphonique, marqué par ses deux années avec Boulez, Bennett a connu une évolution à partir de son retour à Londres. Dans ses œuvres récentes, il semble s'attacher d'abord à la richesse de l'orchestration et aux textures instrumentales (Commedia IV pour cuivres).