Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Bertrand (Antoinede)

Compositeur français (Fontanges, Auvergne, v. 1530 – Toulouse 1581).

À Toulouse, il se lia d'amitié avec le dramaturge Robert Garnier et appartint au cercle humaniste gravitant autour du cardinal Georges d'Armagnac, un milieu constitué de magistrats et de nobles. Vers 1570, il reçut la protection de Charles de Bourbon, mais, malgré la défense de cette puissante famille, son catholicisme militant lui valut d'être assassiné par les huguenots en 1581. Son œuvre maîtresse reste les Amours de Ronsard (Premier Livre, 1576 ; Second Livre, 1578 ; Tiers Livre, qui ne comporte que trois pièces de Ronsard, 1578). Avec celle de Claude Le Jeune (Chansons de Ronsard), la réussite d'Antoine de Bertrand illumine la tentative d'union de la poésie et de la musique, inaugurée par le supplément musical à l'édition des Amours de Ronsard en 1552.

   Remarquable polyphoniste, Bertrand se réfère parfois à Lassus ou même à Josquin Des Prés par des voix groupées en duos, par des imitations (Ce ris plus doux ; le Cœur loyal) ; il tente les audaces harmoniques les plus grandes : quarts de ton (Je suis tellement amoureux), chromatismes chers aux madrigalistes italiens, mais adaptés pour ne pas choquer l'oreille française, modulations surprenantes (Ces deux yeux bruns ; Nature ornant la dame) ; comme Le Jeune, il hésite souvent entre le climat modal et tonal. Mais toute son inspiration est mise au service des vers de Ronsard. Il a pris la peine de préciser en préface que la musique ne doit pas « être enclose dans la subtilité des démonstrations mathémathiques », mais au contraire « recevoir le jugement du vulgaire » et « contenter l'oreille ».

Berwald (Franz Adolf)

Compositeur suédois (Stockholm 1796 – id. 1868).

Il apprit le violon avec son père, d'origine allemande, qui était violoniste de l'orchestre de la cour. Mais son éducation musicale fut par ailleurs assez négligée et il ne reçut aucune instruction pour la composition et l'harmonie. Il commença cependant très tôt à donner des concerts et à composer et, en 1812, il devint violoniste de la chapelle royale. Il conserva cette fonction jusqu'à son départ pour Berlin (1829). Dans cette ville, il se lia d'amitié avec Mendelssohn et Zelter. En 1841, il se rendit à Vienne, où plusieurs de ses compositions furent données avec succès. Il y composa un opéra, Estrella de Soria, créé plus tard à Stockholm en 1862. Après d'autres voyages au cours desquels il visita Paris, Salzbourg, Vienne, Berwald rentra définitivement en Suède (1849). Quelques années plus tard, il devint membre de l'Académie royale de musique (1864) et professeur de composition au conservatoire de Stockholm (1867).

   L'œuvre de Berwald, quoique peu abondante et peu estimée en Suède de son vivant, est d'une originalité certaine. Né un an avant Schubert, mort un an avant Berlioz, le compositeur rappelle tantôt ce dernier, tantôt Schumann, avec une écriture d'un grand pouvoir évocateur, mais aussi avec une concision, voire un côté abrupt qui lui sont très particuliers. Il s'y mêle enfin un certain classicisme et des traits sinon nationaux, du moins scandinaves. Berwald a écrit une symphonie de jeunesse détruite et quatre de maturité (dont une Symphonie sérieuse, une Symphonie capricieuse et une Symphonie singulière, etc.), 5 poèmes symphoniques (Jeu d'elfes, Souvenir des Alpes norvégiennes, etc.) tous composés en 1841 et 1842, avant ceux de Liszt, des ouvertures, de la musique de chambre (trios avec piano, quatuors à cordes, quintettes), quelques concertos (piano, violon) et deux opéras : Estrella de Soria (1841) et la Reine de Golconde, représenté seulement en 1968 pour le centenaire de sa mort.

Bésard (Jean-Baptiste)

Luthiste et compositeur français (Besançon v. 1567 – Augsbourg v. 1625).

Il est surtout connu pour avoir publié une des premières grandes anthologies de musique pour luth, le Thesaurus harrnonicus (1603), qui comprend plus de quatre cents pièces, empruntées aussi bien aux musiciens les plus célèbres du temps qu'à certains qui ne figurent dans aucun autre recueil et seraient restés inconnus sans celui-ci. Docteur en droit, très érudit, grand voyageur, Bésard contribua dans une large mesure, par son inlassable curiosité et sa vaste culture, au développement du luth en France. On lui doit d'autre part, outre plusieurs compositions pour luth seul ou concertant, un important ouvrage pédagogique, Isagoge in artem testudinariam (Augsbourg, 1617).

Bessel (Vassili Vassiliévitch)

Éditeur russe (Saint-Pétersbourg 1843 – Zurich 1907).

En 1869, il créa à Saint-Pétersbourg sa maison d'édition et fut aussi le rédacteur des revues Mouzykalny listok (« le Feuillet musical ») et Mouzykalnoié obozrenié (« l'Observation musicale »). Il publia et contribua à faire connaître les œuvres de Dargomyjski, de Tchaïkovski et, surtout, des compositeurs du groupe des Cinq. C'est lui qui publia, en 1874, la partition pour piano et chant de Boris Godounov.

Besseler (Heinrich)

Musicologue allemand (Dortmund-Hörde 1900 – Leipzig 1969).

Il fit des études de musicologie à Fribourg avec Willibald Gurlitt, puis à Vienne avec Guido Adler, Wilhelm Fischer et Hans Gal, et à Göttingen avec Friedrich Ludwig. Il fut nommé professeur successivement à Heidelberg (1928), Iéna (1949) et à l'université de Leipzig (1956). Il est l'auteur de très nombreux livres et articles d'une extrême importance sur la musique du Moyen Âge et sur Johann Sebastian Bach. Il a, d'autre part, édité une grande quantité d'œuvres musicales, et a contribué à la publication des œuvres complètes de Guillaume Dufay.

Beuchet-Debierre

Maison spécialisée dans la facture d'orgues depuis 1862 et établie à Nantes.

Son activité s'est étendue à l'ouest de la France et à la région parisienne, avec les orgues de Saint-Louis-des-Invalides (Paris) et de la cathédrale d'Angoulême.

Beydts (Louis)

Compositeur français (Bordeaux 1895 – Caudéran, Gironde, 1953).

Il étudia la composition et la direction d'orchestre à Bordeaux. Venu à Paris en 1924, il travailla avec Messager et se fit connaître par ses mélodies. Il s'imposa en 1931 avec l'opérette Moineau. Dans celle-ci, dans ses quatre autres opérettes ou comédies musicales, ses musiques de scène et de film (la Kermesse héroïque) et ses nombreuses mélodies, il a maintenu la tradition de Messager et de Reynaldo Hahn, celle d'une musique claire et mélodique, soutenue par une subtile orchestration.