Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
D

demi-cadence

Formule tonale caractérisée par un arrêt sur l'accord de dominante, généralement par succession harmonique degré I-degré V, et ayant habituellement une signification suspensive ou interrogative.

On dit aussi cadence (ou repos) à la dominante (CADENCE, 2).

demi-pause

Figure de silence dont la durée est égale à la valeur d'une blanche.

La demi-pause se place sur la troisième ligne de la portée.

demi-soupir

Figure de silence dont la durée est égale à la valeur d'une croche.

demi-ton

Les sept notes qui constituent les gammes, majeures et mineures, du système tonal sont réparties selon des intervalles inégaux. Approximativement, la distance qui, dans la gamme de do majeur, sépare le mi du fa et le si du do est la moitié de celle qui sépare les autres notes. Cette distance est le demi-ton, alors que le do et le ré, par exemple, sont séparés par un ton entier (deux demi-tons). Avant le système dit « à tempérament égal », les demi-tons n'étaient pas tous égaux car ils ne représentaient pas exactement la moitié d'un ton. On distinguait donc entre le demi-ton diatonique, séparant deux notes différentes d'une même gamme (par exemple, si-do en do majeur) et le demi-ton chromatique, séparant deux notes de même nom mais de gammes différentes (par exemple, fa-fa dièse). En revanche, lorsque le tempérament égal est employé, l'octave se trouve divisée en douze demi-tons, tous égaux.

Demus (Jorg)

Pianiste autrichien (Saint Poelten 1928).

Formé à l'Académie musicale de Vienne, il est un interprète autorisé des classiques et des romantiques allemands (Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Schumann, Brahms), mais aussi de Debussy. Depuis les années 60, il s'efforce, par ses conférences illustrées et ses enregistrements, de populariser l'interprétation des compositeurs viennois sur des piano-forte d'époque. Réputé également comme accompagnateur, il a pris la succession de Gerald Moore auprès de Dietrich Fischer-Dieskau.

Demuth (Norman)

Compositeur et musicologue anglais (South Croyden, Surrey, 1898 – Chichester, Sussex, 1968).

Choriste à la chapelle de Windsor, puis élève du Royal College of Music à Londres, soldat volontaire en 1915, grièvement blessé en France, il a exercé de multiples activités. Chef des chœurs, organiste, nommé en 1930 professeur de composition à la Royal Academy of Music, il a écrit quatre symphonies, plusieurs concertos, des ballets, des œuvres lyriques et un Requiem à la mémoire de Claude Delvincourt (1955). En 1950, l'Institut de France l'a élu « Officier d'Académie » en qualité d'associé étranger. Norman Demuth a consacré l'essentiel de ses travaux musicologiques (en langue anglaise) à la France : M. Ravel (1947) ; A. Roussel (1947) ; C. Franck (1949) ; P. Dukas (1949) ; Introduction to the Music of Gounod (1950) ; V. d'Indy (1951) ; French Piano Music (1959).

Denis

Dynastie de facteurs d'instruments et d'organistes, actifs à Paris aux XVIe et XVIIe siècles.

 
Son plus ancien représentant connu est Robert Ier (v. 1520-1589). À partir de 1544, il est mentionné à Paris comme facteur d'orgues et épinettier. Les membres suivants de la famille, dont les liens de parenté ne sont pas toujours établis avec certitude, élargissent cette activité vers la fabrication de toutes sortes d'instruments à cordes (luths, notamment), leur commerce, ainsi que vers la pratique de l'orgue.

 
Le plus réputé est Denis II, petit-fils de Robert Ier (Paris v. 1600 – id. 1672). Élève de Florent Bienvenu, qui l'initie aux théories de Titelouze, il a été organiste à Saint-Barthélemy ; facteur d'épinettes apprécié de Mersenne, il est aussi l'auteur d'un Traité de l'accord de l'espinette avec la comparaison de son clavier avec la musique vocale.

   Les autres membres de la famille, connue jusqu'en 1718, en poursuivent la double vocation, surtout comme facteurs d'épinettes et de clavecins ; ils sont apparentés au facteur d'orgues Thierry et à l'organiste Marchand.

Denis (Didier)

Compositeur français (Paris 1947).

Il a été élève d'Olivier Messiaen, qui l'a influencé dans sa conception du rythme et du déroulement du temps. Pensionnaire de la villa Médicis à Rome de 1971 à 1973, il a reçu le prix de la Fondation de la vocation (1969) et celui de la S. A. C. E. M. en 1973. Passionné par la voix, il a écrit nombre d'œuvres vocales en utilisant le texte plus pour la musique des mots que pour leur signification ­ tantôt chantés, tantôt dits avant ou pendant l'exécution instrumentale. Dans ses œuvres, il sait allier un souci de la forme à une grande fraîcheur dans le coloris orchestral. L'éventail de sa production est large, de la musique de théâtre (Pour « le Marchand de Venise » [1969] pour orchestre), aux pièces instrumentales (Lèvres, Rouge [1974] pour alto et 30 instruments), en passant par les partitions pour voix, dont la plus réussie est peut-être Cinq fois je t'aime (1968, créée à Paris en 1970) pour coloratur, récitant et orchestre.

Denisov (Edison Vassilievitch)

Compositeur soviétique (Tomsk, Sibérie, 1929 - Paris 1996).

À l'instigation de son père, ingénieur, il fait des études scientifiques supérieures à l'université de Tomsk (1946-1951). Il vient à Moscou suivre les cours de composition de V. Chebaline et N. Peiko (1951-1956). Il est actuellement chargé de cours au conservatoire de Moscou.

   Grand admirateur de Chostakovitch, Denisov semble avoir détruit ses premiers essais. Son opus no 1 est une Musique pour 11 instruments à vent et timbales (1961) qui fait se rejoindre la grammaire schönberguienne du Quintette op. 26 et un hommage à Bartók. L'opus no 2, des Variations pour piano, montre dès lors l'influence de Boulez, de Stockhausen et de Nono. Denisov se fait admettre dans le domaine réservé des grands créateurs postweberniens lors de la première de sa cantate, le Soleil des Incas, pour soprano, 10 instruments, 3 voix d'hommes sur des poèmes chiliens de Gabriela Mistral. Tout en jouant d'un pointillisme instrumental emprunté au Marteau sans maître de Boulez, il reste dans la tradition russe pour ce qui est du traitement de la voix. Pendant dix ans (1964-1974), il a poursuivi ses recherches sonores sur diverses formations instrumentales : Crescendo-diminuendo pour clavier et 12 cordes (1965), Ode pour clarinette, piano, percussions (1968), Musique romantique pour hautbois, harpe et trio à cordes (1968), Silhouettes pour flûte, 2 pianos et percussions (1969), 3 Pièces pour violoncelle (1970), Trio avec piano (1971), Sonate pour violoncelle, Sonate pour saxophone (1971), enfin ses Signes en blanche pour piano seul (1974).

   Tout comme Prigojine, Denisov revient aux intonations archaïsantes pour la conduite de la voix humaine : Pleurs pour soprano, piano et percussions sur des textes populaires (1966), Automne pour chœur à 13 voix solistes a cappella sur des paroles de V. Khlebnikov (1968), Chant d'automne pour soprano et grand orchestre (1971). Depuis 1970, il s'adonne également au style concertant, du fait de fréquentes commandes de solistes occidentaux. À retenir le Concerto pour violoncelle (1972), pour piano (1974), pour flûte (1975), pour percussions (1978). Peinture pour grand orchestre (1970) est son œuvre symphonique la plus réussie qui soit parvenue en Occident. L'importance des œuvres de Denisov est encore difficile à apprécier, la vie musicale soviétique les laissant à l'écart. On a pu entendre ses ouvrages à Royan, au Domaine musical, à l'Automne de Varsovie, au concert de clôture de l'exposition Paris-Moscou en 1979, mais il est évident que l'œuvre n'a pas l'audience qu'il mérite. En 1986 a été créé à Paris l'opéra l'Écume des jours, d'après Boris Vian, et, en 1988, une Symphonie. Il a « terminé » l'opéra inachevé de Debussy Rodrigue et Chimène (Lyon, 1993).