Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Hoffmeister (Franz Anton)

Compositeur et éditeur allemand (Rothenburg 1754 – Vienne 1812).

Il commença ses activités d'éditeur à Vienne en 1784 et les poursuivit avec des hauts et des bas jusqu'en 1806, non sans avoir fondé en 1800 avec Ambrosius Kühnel le Bureau de musique à Leipzig, dont il se retira en 1805. Ce Bureau de musique devait devenir en 1813 la firme C. F. Peters. Chez Hoffmeister parurent notamment les premières éditions du quatuor K. 499 de Mozart et de la sonate op. 13 (Pathétique) de Beethoven. Comme compositeur, Hoffmeister laissa une production très abondante ­ symphonies, symphonies concertantes, concertos, dont 25 pour flûte, musique de chambre, opéras, dont Der Königssohn aus Ithaka (Vienne, 1795) ­, mais sans grande originalité.

Hoffnung (Gerard)

Dessinateur et humoriste anglais d'origine allemande (Berlin 1925 – Londres 1959).

Peintre de formation, il illustre des publications de l'Enfant et les sortilèges, la Flûte enchantée et Lilliput. Vers 1940-1945, il devient humoriste, collabore à Punch et débute une série d'albums consacrés aux musiciens. Évitant le grotesque, ses croquis sont des chefs-d'œuvre d'équilibre entre la cruauté du regard, la tendresse et surtout la pertinence musicale qui ne peut naître que d'un « œil musicien » ! Ses silhouettes de maestros enfiévrés, de percussionnistes bricoleurs ou de harpistes divas sont mondialement célèbres. Tubiste amateur mais virtuose de l'ocarina, grand collectionneur de partitions introuvables, il organise en 1956 et 1958 deux « Hoffnung Concerts » gravés sur disque. Plusieurs compositeurs de ses amis s'y adonnent à des plagiats ou des plaisanteries musicales souvent talentueuses. Citons entre autres Francis Baines, Malcolm Arnold, The Barber of Darmstadt d'Humphrey Searle et Let's fake an opera !, parodie d'un titre célèbre de Britten.

Hoffstetter (Roman)

Compositeur allemand (Laudenbach, près de Bad Mergentheim, 1742 – Miltenberg-sur-le-Main 1815).

Entré comme novice à l'abbaye bénédictine d'Armorbach (actuellement en Bavière) en 1763, il y devint prêtre en 1766, puis prieur et y resta jusqu'à la dissolution de la communauté en 1803. Il fut très lié avec son quasi-compatriote Joseph Martin Kraus et se montra grand admirateur de Haydn. Il a écrit de la musique religieuse, dont plusieurs messes, trois concertos pour alto (v. 1785) et quatorze quatuors à cordes, dont les six de l'opus 1 (v. 1770) et les six de l'opus 2 (v. 1780). En 1964, H. C. Robbins Landon et Alan Tyson l'ont proposé non sans vraisemblance comme le véritable auteur (d'où le regain d'intérêt à son égard) des deux premiers au moins des six quatuors à cordes publiés vers 1777 à Paris par Bailleux sous le nom de Haydn comme « opus 26 » et passés à la postérité comme « opus 3 » de Haydn : la célèbre sérénade de l'opus 3 no 5 compte parmi ces pages qu'il faut retirer à Haydn. Le frère jumeau de Roman, Johann Urban Alois, mort en 1808 ou après, fonctionnaire et compositeur, a laissé notamment sept symphonies.

Hofhaimer (Paul)

Organiste et compositeur autrichien (Radstadt 1459 – Salzbourg 1537).

L'un des plus grands musiciens de son temps, il descendait d'une lignée de musiciens et apprit la musique avec son père et avec l'organiste Jakob von Graz. Il passa sa vie comme organiste auprès de divers seigneurs : Frédéric III à Graz, l'archiduc Sigismond à Innsbruck, puis l'empereur Maximilien Ier, de 1490 à la mort de ce dernier en 1519, tout en occupant d'autres postes au cours de ses voyages en Europe centrale. Personnage illustre (il figure sur les planches du Triomphe de Maximilien de Burgkmair), il était lié avec les princes et les érudits de son temps. Ses connaissances en matière de technique d'exécution et de facture d'orgues le firent appeler en de nombreux pays, comme professeur et comme expert. Mais son importance de compositeur ne fut pas moindre. On connaît de lui quelques pièces pour orgue, quatre motets et surtout de nombreux lieder polyphoniques, genre très prisé à la fin du XVe siècle et dont il fut l'un des plus grands maîtres.

Hofmann (Leopold)

Compositeur et organiste autrichien (Vienne 1738 – id. 1793).

Il fut l'élève de Wagenseil, à qui il succéda en 1769 comme professeur de clavecin à la cour. Auteur de nombreuses œuvres religieuses, il succéda en 1774 à Georg Reutter le Jeune comme maître de chapelle à la cathédrale Saint-Étienne. Célèbre également comme violoniste, il joua un rôle important dans la genèse de la musique instrumentale viennoise classique. Le concerto pour flûte en majeur longtemps attribué à Haydn est en réalité de lui. Il fut le premier à Vienne, vers 1760, à utiliser régulièrement dans ses symphonies la structure qui devait largement s'imposer : vif (avec introduction lente) – lent – menuet – vif.

Hofmann (Michel Rotislav)

Journaliste et musicographe français d'origine russe (Petrograd 1915 – Paris 1975).

Il émigra à Paris en 1923 et y suivit des études de lettres, de piano et de chant. Ses écrits concernent avant tout la musique russe, et plus particulièrement la musique vocale ; Hofmann s'est intéressé également à la danse. Parmi ses publications, on relève des biographies de Chostakovitch, de Moussorgski, de Rimski-Korsakov, de Prokofiev, de Schubert et de Wagner. Conseiller musical aux Jeunesses musicales de France, puis, à partir de 1968, rédacteur en chef de la revue Diapason, Hofmann réalisa plusieurs séries d'émissions radiophoniques. En U.R.S.S., il donna des conférences sur la musique française qui lui valurent d'être nommé membre d'honneur de l'Union des compositeurs soviétiques.

Hofmannsthal (Hugovon)

Poète, prosateur essayiste et auteur dramatique autrichien (Vienne 1874 – Rodaun 1929).

Lorsqu'il rencontre Richard Strauss à Paris en 1900, Hofmannsthal est déjà un écrivain consacré ; mais cet enfant prodige, devenu adulte, traverse une crise profonde, dont la Lettre à lord Chandos porte témoignage. La Vienne qui l'a vu naître, décadente, emportée dans un tourbillon devenu trop mécanique, immoraliste, nourrie de D'Annunzio et de Stefan George, lui fait peur : elle abrite un médecin qui prétend réussir à débusquer l'âme, Sigmund Freud. Or Hofmannsthal, écrivain, se sent désormais impuissant à tenir sur quelque sujet que ce soit un discours rendant compte de son sentiment profond : plus les mots se font précis, imagés, nombreux, plus le sens se dérobe, devient flou, artificiel. Comment parler la langue de l'Inconnu ? Hofmannsthal, qui vient d'adapter l'Antigone et l'Électre de Sophocle, se tourne alors, sans pour autant abandonner sa production solitaire, vers la musique. Celle de Strauss, et pas une autre. Leur collaboration, jusqu'à la mort du librettiste, sera exemplaire, sans pourtant s'accompagner de relations très intimes. Chez le poète, Strauss trouve une langue extrêmement raffinée, apte à exciter sa propre création, une panoplie d'images tour à tour baroques, antiques, orientales et viennoises, toutes animées par une élégance noble, pétillante et mélancolique, auxquelles il insufflera sa simplicité, sa bonté, sa soif d'humain, son sens du théâtre. Comment perpétuer Mozart et le XVIIIe siècle ? En créant le festival de Salzbourg, sans doute (1917). Mais, surtout, poète et musicien, également touchés par la fuite du temps, la dispersion du moi, vont reprendre à leur compte la réflexion frivole-amère, masquée derrière les conventions sociales ou théâtrales, que leur aîné a menée sur le couple et la relation amoureuse. Ils bâtiront ensemble un théâtre du monde et de la femme où chacun vit dans la prescience de sa mort et en tire la nécessité de la vie, de l'abandon à ces instants précieux « qui déposent en l'homme un miel lourd et le relient, au-delà du temps et de l'espace, à l'humanité entière » (sic). Après Elektra (1909), le Chevalier à la rose (1911) et Ariane à Naxos (1912) seront des chefs-d'œuvre auprès desquels la Femme sans ombre (1919), trop nourrie de signes, mais surtout Hélène d'Égypte (1928) et Arabella (1933) apparaîtront comme l'utilisation encore brillante d'une formule essoufflée. Il faut dire que Hofmannsthal, dans les dernières années de sa vie, était plus inquiet de l'évolution d'un monde industriel et violent qu'il ne reconnaissait plus que de l'évolution de son langage. Portant le deuil de l'ancienne Autriche-Hongrie, il cherchait à maintenir vivantes les valeurs intellectuelles héritées d'une Europe des esprits rassemblant hellénisme et christianisme, Beethoven et Napoléon, puritanisme et orientalisme. Pareil combat put paraître anachronique à une époque hantée par le saut dans l'inconnu des crises qui se préparaient : il n'était pas vraiment celui de Strauss, dont l'attrait pour le baroque quittait peu à peu le domaine idéologique pour s'ancrer presque uniquement dans celui de la musique.