Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

Cros (Charles)

Poète et inventeur français (Fabrezan, Aude, 1842 – Paris 1888).

Ami de Verlaine et de Villiers de l'Isle-Adam, familier de la bohème littéraire, aux environs de 1870, il eut son heure de gloire au club des Hydropathes et au cabaret du Chat-Noir, tout en s'adonnant à d'ingénieuses recherches dans le domaine de l'électricité, de la photographie et de l'acoustique. Son nom est surtout lié à l'invention du phonographe, qu'il appelait « paléophone ». C'est en avril 1877 qu'il adressa à l'Académie des sciences une communication contenant « la description d'un procédé d'enregistrement et de reproduction des phénomènes de l'ouïe », précédant de huit mois le dépôt du brevet du phonographe d'Edison.

   L'Académie Charles-Cros, fondée en 1948, décerne chaque année un certain nombre de grands prix du disque.

Crosse (Gordon)

Compositeur anglais (Bury 1937).

Diplômé d'Oxford, puis élève de Goffredo Petrassi à Rome, il est l'auteur de quelques opéras dont un Purgatory, d'après Yeats, et de diverses pièces pour orchestre, mais il s'est surtout spécialisé dans la composition d'œuvres éducatives pour enfants et petits ensembles instrumentaux, telles que Meet my Folks ! et Ahmet the Woodseller.

crotales

Instrument à percussion de la famille des idiophones.

Provenant de la Grèce antique, il s'agit en général de deux morceaux de bois qui s'entrechoquent à l'aide d'une charnière. L'instrument est employé, notamment, pour rythmer la danse, comme les castagnettes auxquelles les crotales ressemblent.

Crüger (Johann)

Compositeur, organiste et théoricien allemand (Grossbreesen 1598 – Berlin 1662).

Il fait ses études à Guben, Olomouc, en Tchécoslovaquie, et à Ratisbonne. En 1615, il se rend à Berlin où il est précepteur dans une famille jusqu'en 1620. Il étudie ensuite la théologie à Wittenberg. De 1622 à sa mort, il est cantor de Saint-Nicolas à Berlin. Il a composé un grand nombre de chorals dont certains ont été repris par J. S. Bach : Nun danket alle Gott, Jesu meine Zuversicht, Jesu meine Freude, Schmücke, o liebe Seele. Ils ont été publiés sous le titre de Praxis pietatis melica (Berlin, 1647) et réédités de nombreuses fois. Il a également écrit des motets (Meditationum musicarum paradisus primus, Berlin, 1622, et secundus, Berlin, 1626). Comme théoricien, Johann Crüger est l'auteur de plusieurs ouvrages dont : Praecepta musicae practicae figuralis (Berlin, 1625) et Musicae practicae praecepta (ibid., 1660).

Crumb (George)

Compositeur américain (Charleston, Virginie occidentale, 1929).

Il a fait ses études à l'université de l'Illinois, à l'université du Michigan avec Ross Lee Finney (1954), au Berkshire Music Center, puis à Berlin avec Boris Blacher (1955-56). Professeur à l'université du Colorado de 1959 à 1964, puis à l'université de Pennsylvanie à partir de 1965, il a reçu le prix Pulitzer 1968 pour Echoes of Time and the River pour orchestre (1967). Sa musique, souvent d'une concision et d'une austérité issues tout droit de Webern, marquée aussi par l'influence de Debussy et des traditions orientales, doit sa forte originalité à ses sonorités, ses aspects rituel et mystique, et témoigne d'une intense sensibilité poétique.

   Plusieurs des œuvres de Crumb sont basées sur des poèmes espagnols de Federico García Lorca, tels les quatre livres de Madrigals pour soprano, percussion, flûte, harpe et contrebasse (I et II 1965, III et IV 1969), deux des sept volets de Night Music I pour soprano, piano, célesta et percussion (1963), Songs, Drones and Refrains of Death pour baryton, guitare, contrebasse et piano électriques et deux percussionnistes (1968), Night of the Four Moons (1969), et Ancient Voices of Children pour mezzo-soprano, soprano garçon, hautbois, mandoline, harpe, piano électrique et percussion (1970).

   Pour réaliser ses subtils effets de timbre, reflets de son désir de « contempler les choses éternelles », Crumb a élaboré de nouvelles techniques d'exécution et fait appel à de nombreux instruments des musiques populaires et traditionnelles. Son style de maturité s'est manifesté pour la première fois dans les Cinq Pièces pour piano (1962). On lui doit aussi Night

   Music II pour violon et piano (1964), Eleven Echoes of Autumn pour flûte alto, clarinette, piano et violon (1965), Black Angels pour quatuor à cordes électriques (1970, in tempore belli), reflet de la guerre du Viêt-nam, Vox balaenae pour flûte, violoncelle et piano amplifiés (1973), Makrokosmos I pour piano, II pour piano amplifié, III pour piano et percussion (1972-1974), et IV (Celestial Mechanics), Star Child pour soprano et orchestre (1977), œuvre dirigée par quatre chefs donnant chacun un tempo différent, Apparition pour mezzo-soprano et piano (1979), Gnomic Variations pour piano (1981), A Haunted Landscape pour orchestre (1984), The Sleeper pour soprano et piano (1984), Zeitgeist pour deux pianos amplifiés (1987).

Crusell (Bernhardt Henrik)

Compositeur, clarinettiste et chef d'orchestre finlandais (Uusikaupunki 1775 – Stockholm 1838).

Il commence sa carrière à treize ans comme musicien militaire à Viapori (1788-1791), puis il est première clarinette dans l'orchestre de la cour de Stockholm (1793). Il fait ses études à Berlin avec F. Tausch (1798). Il voyage à Saint-Pétersbourg (1er concerto pour clarinette opus 11, dédié au tsar Alexandre Ier), puis, en 1803, à Paris, où il travaille la clarinette avec Lefèvre et la composition avec Gossec. De 1803 à 1812, il vit à Stockholm et, de 1812 à 1819, il reprend sa carrière de virtuose et de chef d'orchestre. Malade, il se consacre de nouveau à la composition à partir de 1820.

   Crusell appartient à la lignée des grands virtuoses cosmopolites qui apparaît avec le XIXe siècle. Contemporain de Beethoven, aîné de Schubert, il met son talent de compositeur à la disposition des interprètes et surtout le consacre aux instruments à vent qu'il apprécie et connaît. Auteur d'une musique plaisante qui ne tombe jamais dans les défauts du genre, il est un esprit cultivé qui, à défaut de génie, maîtrise au plus haut point le langage et la forme. Il n'y a jamais chez lui de maladresse technique et il possède un sens de la mélodie qui, souvent, le rapproche de Schubert. Son unique opéra, Lilla Slafvinnan (la Petite Esclave, 1824), utilise des thèmes populaires et ses trois concertos pour clarinette ­ opus 11 (v. 1807), opus 1 (1810) et opus 5 (v. 1815) ­ font regretter qu'il n'ait pas consacré plus de temps à la composition.