Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
K

Kuhnau (Johann)

Compositeur et organiste allemand (Geising 1660 – Leipzig 1722).

Il fut élève de la Kreuzschule à Dresde, où, distingué pour sa belle voix, il servit comme Ratsdiskantist. Formé par Jakob Beutel, cantor de la Kreuzkirche, il obtint à titre provisoire le poste de maître de chapelle à Zittau (1680), avant d'aller étudier le droit à Leipzig. Dans cette ville, il fut organiste à la Thomaskirche tout en exerçant la charge d'avocat. En 1701, il succéda à Johann Schelle comme cantor de Saint-Thomas et, en même temps, fut nommé directeur de la musique de l'université de Leipzig. À sa mort, Jean-Sébastien Bach lui succéda à Saint-Thomas.

   Fondateur du fameux Collegium musicum de Leipzig (1688), Kühnau était un homme d'une grande culture. Comme claveciniste, il subit l'influence de Johann Krieger, et sa place est assez comparable à celle de Pachelbel pour l'orgue (dans l'Allemagne centrale et méridionale). Bien que d'un tempérament conservateur à bien des égards, il innova, au plan formel, en faisant précéder ses suites pour clavier d'une sorte de prélude-toccata. Il transcrivit également pour clavecin la sonate d'église à l'italienne et, dans ses sonates à programme ­ les fameuses Histoires bibliques ­, il parvint non sans difficulté à concilier la structure du genre avec les exigences descriptives de la musique.

   Au plan religieux, Kühnau écrivit des motets latins et de nombreuses cantates (dont une vingtaine ont été conservées), qui, bien que de qualité inégale, jettent un pont intéressant entre le passé et le nouveau style qui allait prévaloir à l'époque de Bach. Auteur d'une Passion selon saint Marc, Kühnau fut un compositeur souvent émouvant et personnel

Kuijken

Famille de musiciens belges.

 
Wieland, violoncelliste et gambiste (Dilbeek, près de Bruxelles, 1938). Il étudia aux conservatoires de Bruges (à partir de 1952) et de Bruxelles (1957-1962), se tournant, à partir de 1956, vers la viole de gambe aussi bien que vers le violoncelle. Il joua à la fois dans le groupe d'avant-garde Musiques nouvelles et dans l'ensemble Alarius (1959-1972), spécialisé dans le répertoire baroque français. Depuis 1970, il enseigne aux conservatoires de Bruxelles et de La Haye. Il est actuellement, en ce qui concerne la viole de gambe, l'interprète le plus recherché (soliste et continuo).

 
Sigiswald, violoniste et joueur de viole, frère du précédent (Dilbeek 1944). Il a fait ses études aux conservatoires de Bruges et de Bruxelles (1960-1964) et joué dans le groupe Musiques nouvelles et dans l'ensemble Alarius. Depuis 1971, il enseigne le violon baroque (qu'il a lui-même appris en autodidacte) au conservatoire de La Haye. En 1972, il a fondé l'orchestre d'instruments baroques la Petite Bande, dans lequel jouent également ses deux frères, et avec lequel il a réalisé de remarquables enregistrements (Parthénope de Haendel, pages orchestrales et danses d'Hippolyte et Aricie de Rameau, symphonies de Haydn).

 
Barthold, flûtiste et joueur de flûte à bec, frère des précédents (Dilbeek 1949). Il a étudié aux conservatoires de Bruges, de Bruxelles et de La Haye, en particulier avec Frans Brüggen, et enseigne à ceux de Bruxelles et de La Haye. Il a enregistré beaucoup d'œuvres de l'époque baroque, mais aussi de Mozart et Haydn, en particulier (avec ses deux frères) les six trios pour flûte, violon et violoncelle Hob. IV6-11 de ce dernier.

Kulenkampff (Georg)

Violoniste allemand (Brême 1898 – Schaffhouse 1948).

Après avoir suivi l'enseignement de E. Wadel dans sa ville natale, il poursuit ses études (1912-1915) à la Berliner Hochschule für Musik avec W. Hess, qui fut l'élève de Joachim. Nommé premier violon solo de la Philharmonie de Brême, il entame une carrière de soliste, qui le conduit à Berlin en 1919. Sans négliger l'enseignement, qu'il donne de 1923 à 1926, puis en 1931, à la Hochschule de Berlin, ni la musique de chambre, il forme en particulier un trio exemplaire avec E. Fischer et E. Mainardi. Fixé en Suisse à partir de 1943, il succède à C. Flesch au conservatoire de Lucerne. À la fois grand pédagogue et musicien exigeant, Georg Kulenkampff a laissé le souvenir d'un art fait d'intériorité et de pureté sonore. Seules la guerre et une fin brutale l'ont empêché de devenir, à l'égal d'un Adolf Busch, le plus grand violoniste allemand de ce siècle. Il fut le créateur de nombreuses partitions, dont le Concerto pour violon de Schumann (retrouvé au bout de quatre-vingt-cinq ans) et du Concerto de W. Kempff. Il a laissé des Mémoires, Geigerische Betrachtungen (1952).

Kunstlied (all. ; « chanson savante »)

Terme désignant dans les pays de culture germanique des chansons profanes ou spirituelles d'époques et de structures très différentes, qui se caractérisent par la singularité de leur élaboration musicale et s'opposent ainsi plus généralement au Volkslied.

Les monodies du Minnesang, qui apparaît vers 1150, en sont la première manifestation. À partir du XIVe siècle, le Meistersang prend le relais de cette tradition. La chanson polyphonique, apparue vers la fin de ce même siècle, culmine à l'époque de l'Humanisme et de la Renaissance, sous la forme du Tenorlied. L'abandon du cantus firmus ténoral et les influences romanes donnent naissance vers la fin du XVIe siècle à des types proches du madrigal ou de la villanelle. La chanson soliste se développe à partir de 1630 sous l'influence de la monodie italienne et subit progressivement l'ascendant de l'air d'opéra. L'école de Berlin (1750-1770) marque un retour à une certaine simplicité et prône l'égalité de la poésie et de la musique. Par-delà la mélodie classique (Mozart, Beethoven), le lied romantique illustré par Schubert, Brahms et Wolf est l'une des figures les plus originales du Kunstlied.

Kunz (Erich)

Baryton autrichien (Vienne 1909 – id. 1995).

Il débuta comme basse dans le rôle d'Osmin de l'Enlèvement au sérail à Opava en 1933, puis chanta des petits rôles au festival de Glyndebourne à partir de 1935. Engagé en 1940 à l'opéra de Vienne, il s'y affirma dans les rôles de baryton mozartien (Leporello, Figaro, Papageno, Guglielmo). Il développa, grâce à sa personnalité, une énorme popularité dans toute l'Europe. Sa voix n'avait rien d'exceptionnel, mais ses interprétations ne furent guère surpassées tant du point de vue musical que scénique. En 1951, il chanta, à Bayreuth, Beckmesser dans les Maîtres chanteurs sous la direction de Karajan.