Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

anticipation

Procédé musical consistant en l'émission d'une note qui est étrangère à l'harmonie et qui appartient à l'accord suivant.

Cette anticipation crée une dissonance, parfois chargée d'un grand pouvoir expressif, comme chez Monteverdi.

   Exemple : J. S. Bach, choral Ermunt're dich, mein schwachen Geist.

antienne (grec latinisé antiphona ; « voix en réponse »)

Chant destiné primitivement à encadrer la psalmodie, c'est-à-dire la récitation modulée des psaumes.

Le fait que cette récitation était pratiquée en « antiphonie » ­ par demi-chœurs alternés (ALTERNANCE) ­ a donné naissance à ce terme impropre, car l'antienne ne semble jamais avoir été chantée elle-même en antiphonie. Les antiennes sont parmi les éléments les plus anciens de la liturgie. Les antiennes primitives, ambrosiennes, puis grégoriennes, étaient simples, syllabiques et courtes, souvent calquées sur un timbre stéréotypé et adapté au ton de la psalmodie ; beaucoup portent la trace d'un pentatonisme archaïque très accusé. Plus tard, les antiennes se développèrent, devinrent de plus en plus longues et relativement mélismatiques ; certaines antiennes tardives (Salve Regina) sont de véritables compositions, développées et isolées de leur contexte d'encadrement. Les introïts sont d'anciennes antiennes dont le psaume a été raccourci ; d'autres pièces (offertoire, communion) sont d'anciennes antiennes dont le psaume a ultérieurement disparu.

antiphonaire

Au sens ancien strict, ce terme désignait le livre liturgique contenant les antiennes (liber antiphonarius) pour l'office et celles pour la messe (introït, offertoire, communion). Ces pièces étaient chantées par le chœur, en alternance avec les répons, contenus dans un autre livre, le cantatorium, réservé aux solistes et plus tard appelé le graduel (liber gradualis) [trait, graduel, alleluia]. Plus tard, les répons furent insérés dans l'antiphonaire.

Antoniou (Theodor)

Compositeur grec naturalisé américain (Athènes 1935).

De 1945 à 1958, il étudie le violon, le chant et, avec M. Kalomiris, au conservatoire d'Athènes, la composition. Il travaille de 1958 à 1961 avec Y. Papaioannou, de 1961 à 1965 avec G. Bialas à Munich et, de 1964 à 1966, au studio de musique électronique de la radio bavaroise. En 1969, il obtient une chaire de composition à l'université de San Francisco. Malgré ses passages dans les studios d'électroacoustique, Antoniou compose avec des moyens traditionnels. Sa production comprend des œuvres pour chœur, pour voix et instruments (Meli, pour chant et orchestre, 1963 ; Épilogue, pour mezzo-soprano, hautbois, guitare, cor, piano, contrebasse et percussion, 1963 ; Kontakion, pour solistes, chœur mixte et cordes, 1965 ; Klytemnestra, pour une actrice, ballet et orchestre, etc.), pour divers ensembles instrumentaux et pour orchestre, ces dernières œuvres incluant des musiques de scène, de film et de la musique radiophonique.

Antunes (Jorge)

Compositeur brésilien (Rio de Janeiro 1942).

Il fait ses études à l'université du Brésil (master de violon et de composition) et passe son doctorat à Paris (Sorbonne, 1977). Il enseigne à l'université de Brasilia, dont il dirige aussi le département de musique. Pionnier de l'électroacoustique dans son pays, il fonde, à Rio de Janeiro, un centre de recherches « chromo-musicales » (1962), avant de travailler au studio de l'Institut Torcuato di Tella à Buenos Aires ainsi que dans différents studios européens, notamment à Utrecht et à Paris (GRM). On lui doit en particulier Catastrophe ultra-violette (1974), Simfonia das Directas (1984), la série des Meninos pour jeune violoniste et bande (1986-87). Il a fondé un groupe de musique expérimentale, le GeMUnB, et publié un livre sur la notation dans la musique contemporaine (1988).

Aperghis (Georges)

Compositeur grec (Athènes 1945).

Venu à Paris en 1963, il y entreprend des études musicales et y suit des cours de direction d'orchestre (avec Pierre Dervaux) et de percussion. En 1967, sont créés Antistixis pour trois quatuors à cordes et Anakroussis I. Suivent notamment Symplexis pour orchestre symphonique et vingt-deux solistes de jazz et Kryptogramma pour percussions (1970). Frappé par Sur scène de Kagel, il s'oriente de plus en plus vers le théâtre musical : « Ce que je veux ? Répartir des scènes dans l'espace, accomplir un travail critique : il ne faut donc pas une pièce déjà existante ou des situations déjà imaginées par quelqu'un. »

   Le festival d'Avignon révèle en 1971 l'originalité d'Aperghis avec la Tragique Histoire du nécromancier Hieronimo et de son miroir pour voix de femme chantée, voix de femme parlée, luth et violoncelle. Puis sont créés Oraison funèbre (pour 2 barytons, une actrice et 10 instruments, Paris, 1972), Hommage à Jules Verne (Royan, 1972), Concerto grosso (pour chanteurs-acteurs, instruments et bande, Paris, 1972), les opéras Pandemonium (pour 4 voix de femmes, 4 barytons, 4 acteurs et 7 instrumentistes, Avignon, 1973), Jacques le Fataliste d'après Diderot (Lyon 1974) et Histoires de Loups (pour 5 voix de femmes, voix d'hommes et 9 musiciens, Avignon 1976), Je vous dis que je suis mort (Paris, 1979), Liebestod (Metz, 1982), œuvres nourries d'autres disciplines artistiques. Les préoccupations sociales d'Aperghis apparaissent notamment dans la Bouteille à la mer (1976). Depuis 1976, le compositeur est animateur de l'A. T. E. M. (Atelier théâtre et musique) de Bagnolet. De l'action menée par l'A. T. E. M. avec les habitants de Bagnolet, sont nés divers spectacles, dont la Pièce perdue (1979). Le festival de La Rochelle de 1980 a vu la création de Quatre Récitations pour violoncelle seul. Citons encore l'Adieu pour orchestre (Paris, 1988), l'opéra Jojo (Strasbourg, 1990).

Apostel (Hans Erich)

Compositeur autrichien d'origine allemande (Karlsruhe 1901 – Vienne 1972).

Il fit ses études au conservatoire Munz à Karlsruhe, puis travailla à Vienne avec Schönberg (1921) et Berg (1925). Il fut chef d'orchestre au Landestheater de Karlsruhe, puis professeur de piano et de composition à Vienne, et lecteur aux Éditions Universal. Il écrivit de la musique d'orchestre, des œuvres pour piano, deux quatuors à cordes, des lieder sur des poèmes de Rilke, Hölderlin, Stefan George, et un Requiem.

   Appartenant à la seconde école de Vienne, ses œuvres relèvent de la technique sérielle, qu'Apostel utilisa avec beaucoup de maîtrise et un rien d'académisme.