Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
T

tonique

C'est la première note d'une gamme. Une œuvre musicale tonale ou modale se termine toujours avec la tonique à la basse et très souvent aussi à la partie supérieure. C'est la tonique qui donne son nom au mode ou à la tonalité. Par exemple, la gamme du mode de ré est ré-mi-fa-sol-la-si-do ; celle de do majeur est do-ré-mi-fa-sol-la-si ; celle de la mineur est la-si-do-ré-mi-fa (dièse) -sol (dièse). La tonique est la fondamentale principale du mode ou du ton.

tons directs
ou tons homonymes

En harmonie classique, on appelle ainsi des tonalités, l'une majeure et l'autre mineure, établies sur la même tonique (ex. do majeur et do mineur).

Torelli (Giuseppe)

Violoniste et compositeur italien (Vérone 1658 – Bologne 1709).

On sait peu de chose sur ses débuts, sinon qu'il aurait étudié à Vérone avec Giuliano Massaroti. En 1684, il vint à Bologne et fut admis comme violoniste à l'Académie philharmonique. En même temps, il travailla la composition avec Perti, qui fut aussi par la suite le maître de G. Martini. De 1686 à 1696, il fut membre de l'orchestre de la basilique San Petronio, où il joua de la « violette » et de l'alto. De cette période datent les éditions de ses premières sonates en trio et de ses sinfonie à deux, trois ou quatre instruments (1686, 1687, 1692). Il écrivit également de nombreuses œuvres pour la trompette (sinfonie, concertos), cet instrument étant à l'honneur à Bologne.

   En 1696, l'orchestre de San Petronio fut dissous, et Torelli quittant l'Italie séjourna, avec son ami le chanteur castrat Pistocchi, à Berlin, à Ansbach et à Vienne. Ses concertos op. 6 sont dédiés à l'Électrice de Brandebourg. Au cours de son séjour à Vienne il fit jouer son oratorio Adam chassé du paradis terrestre, une de ses rares œuvres vocales. En 1701, il revint à Bologne et reprit son poste à San Petronio, dont l'orchestre venait d'être reconstitué et placé sous la direction de Perti. C'est en 1709, l'année de sa mort, que furent publiés ses concertos op. 8.

   Les termes de sinfonia, concerto ou sonate par lesquels Torelli désigne ses œuvres n'impliquent pas des formes différentes. Les œuvres publiées lors de la première période bolognaise gardent la forme de la sonate d'église (lent, vif, lent, vif), les mouvements vifs étant d'écriture contrapuntique, et souvent, pour le dernier mouvement, de caractère dansant. Dans les œuvres ultérieures, où il s'attache à mettre en valeur les possibilités techniques du violon, Torelli se révèle comme le véritable créateur du concerto de soliste, tandis qu'il partage avec Stradella et Corelli la paternité du concerto grosso, adoptant la forme en trois mouvements (vif, lent, vif) qui deviendra classique.

Torrefranca (Fausto)

Musicologue italien (Monteleone Calabro 1883 – Rome 1955).

Il enseigna à l'université de Rome (1913), au conservatoire de Naples (1914), et dirigea la bibliothèque de cet établissement (1915-1923) ainsi que celle du conservatoire de Milan (1924-1938). En 1941, il devint professeur à l'université de Florence. Dans le Origini italiana del Romanticismo musicale (1930), il s'attacha à montrer que les sources de la musique instrumentale moderne se trouvaient surtout dans la musique italienne du XVIIIe siècle.

Tortelier (Paul)

Violoncelliste français (Paris 1914 – Château de Villarceaux, Val d'Oise, 1990).

Élève au Conservatoire de Feuillard et de Gérard Hekking pour le violoncelle, et de Jean Gallon pour l'harmonie, il obtient à seize ans son premier prix. Engagé à Monte-Carlo (1935-1937), il joue Don Quichotte sous la direction de Richard Strauss, et Koussevitski l'engage, de 1937 à 1939, dans l'Orchestre symphonique de Boston. Premier violoncelle de l'Orchestre du Conservatoire (1946-47), il choisit la carrière de soliste. En 1947, il est une nouvelle fois le soliste à Londres, Beecham dirigeant, du Don Quichotte, ce qui marque le début de sa popularité outre-Manche. Il fait ses débuts américains en 1955, avec l'Orchestre de Boston, dirigé par Munch. La même année, il part vivre dans un kibboutz en Israël, où il compose une Symphonie à la gloire du pays.

   Nommé en 1957 professeur au Conservatoire de Paris, il consacre la majeure partie de son temps à l'enseignement (il donne en 1964 des cours d'interprétation à la BBC) et à la composition.

   Disciple de Casals, il sacrifie en famille à sa passion de la musique de chambre, sa femme étant violoncelliste, et ses enfants Yan-Pascal, Marie de la Pau et Pomona respectivement violoniste (et chef d'orchestre), pianiste et violoncelliste.

Toscanini (Arturo)

Chef d'orchestre italien (Parme 1867 – New York 1957).

Sa précocité lui ouvre à neuf ans les portes du conservatoire de sa ville natale, où il étudie le violoncelle (avec Leandro Carini), le piano et la composition, et obtient, en 1885, son diplôme. Son admiration pour Verdi naît en 1887 à la Scala de Milan où, second violoncelliste, il participe à la création d'Otello, mais leurs gloires se sont croisées dès 1886 à Rio de Janeiro où le violoncelliste a pris la place d'un chef défaillant pour diriger de mémoire Aïda. En Italie, Toscanini se consacre à la défense des musiciens de son temps, les véristes, créant Edmea de Catalani (Turin, 1887), Paillasse de Leoncavallo (Milan, 1892), la Bohème de Puccini (Turin, 1896). Sa réputation grandissante lui permet d'imposer l'œuvre encore méconnue en Italie de son dieu, Wagner, au Teatro Regio de Turin, qui lui confie la direction de la musique et le soin de créer un orchestre. Il y donne en première audition italienne le Crépuscule des dieux (1895) et crée les Quatre Pièces sacrées de Verdi (1898).

   Mais c'est à la Scala de Milan, où il est appelé en 1898, qu'il peut véritablement donner la mesure de son art. Ennemi acharné de la routine et de la médiocrité, il enrichit le répertoire par des créations italiennes (les Maîtres chanteurs, Eugène Onéguine, Pelléas et Mélisande, la Damnation de Faust, Euryanthe) et part en guerre contre les tics des chanteurs et du public (l'abus des bis, notamment). Son exigence en matière artistique n'étant jamais satisfaite, il prend ses distances avec la Scala, de 1903 à 1906, tournant en Italie avec l'Orchestre de Turin et les œuvres nouvelles de Richard Strauss et de Debussy, dirigeant à Bologne et à Buenos Aires, avant d'accepter, de 1908 à 1915, la direction du Metropolitan de New York.

   Là encore, il se heurte à l'inertie administrative et à la mauvaise volonté des chanteurs (aux noms prestigieux : Caruso, Scotti, Farrar, Destinn, Martinelli, etc.). Il y dirige en première américaine Boris Godounov, Armide de Gluck et en création mondiale la Fille du Far West de Puccini (1910).

   Rentré en Italie en 1915, il participe à l'effort de guerre en donnant des concerts pour les soldats, jusque sur le front. Rappelé en 1920 à la direction de la Scala, il réorganise l'orchestre et le chœur, qu'il dirige en tournée en Amérique du Nord, à Vienne et à Berlin. Malgré son apolitisme farouche, son caractère intransigeant, hérité d'un père garibaldien, lui fait refuser toute compromission avec les fascismes naissants. En 1926, il refuse de diriger à la Scala, lors de la création de Turandot, l'hymne mussolinien. Il rompt en 1933 avec le Festival de Bayreuth, après y avoir dirigé, en 1930 et 1931, Tannhäuser, Tristan et Parsifal, puis en 1938, avec le Festival de Salzbourg, où il interprète, de 1934 à 1937, Falstaff, Fidelio, les Maîtres chanteurs et la Flûte enchantée.

   Il accepte de diriger le concert inaugural de l'Orchestre de Palestine (Tel-Aviv, 1936) et de participer aux premiers festivals de Lucerne (1938-39). De 1928 à 1936, il se voit confier la direction de la Société philharmonique de New York, qu'il conduit en Europe en 1930. La chaîne NBC crée à son intention un orchestre de luxe, qu'il dirige de 1937 à 1954, réalisant dans le Studio 8H la plupart de ses enregistrements. Après avoir inauguré la Scala reconstruite et La Fenice, il fait ses adieux au public de New York en 1954.

   Les quelques fragments de répétition connus donnent la mesure du perfectionnisme exacerbé de Toscanini, qui s'exhalait en reproches, voire en injures contre les malheureux musiciens, mais ne disent pas son extrême sévérité pour lui-même, ni l'inaccessible hauteur de son idéal. Au théâtre comme au concert ­ car il fut un des rares chefs italiens de son temps à concilier les deux ­, il s'évertue à décaper le répertoire de toute tradition interprétative, et prône le respect absolu de l'œuvre, de son chant intérieur et de sa structure rythmique. Serviteur fervent de Verdi, Wagner et Beethoven, il a également laissé des interprétations lumineuses de Puccini, Cherubini, Rossini, Mendelssohn, Brahms, Richard Strauss, Debussy, Ravel, Kodály.