Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Rostal (Max)

Violoniste autrichien naturalisé anglais (Teschen 1905 – Berne 1991).

Il est l'élève d'Arnold Rosé à Vienne et de Carl Flesch à Berlin. De 1928 à 1930, il assiste ce dernier à la Musikhochschule, et y enseigne de 1930 à 1933. Il émigre en Angleterre dès l'avènement du nazisme et, de 1944 à 1958, professe à la Guildhall School de Londres, où les membres du Quatuor Amadeus sont ses élèves. De 1957 à 1982, il enseigne à Berne et à Cologne. Il réalise, pour les éditions Schott notamment, tout un répertoire de transcriptions pour l'alto et le violon. En tant que soliste, il donne la première audition anglaise du Second Concerto de Bartók, et crée des œuvres de Benjamin Frankel. En 1981, il publie un livre sur les sonates pour violon et piano de Beethoven.

Rostand (Claude)

Musicologue et critique musical français (Paris 1912 – Villejuif 1970).

Tout en faisant ses études de lettres et de droit, il fut au Conservatoire de Paris élève de Jacques Février, de Norbert Dufourcq, de E. Mignan et de M. Vaubourgoin. Il fut critique musical au Monde et au Figaro littéraire, correspondant des revues Melos et Musical America, conférencier des Jeunesses musicales de France et fit de nombreuses émissions à la radio. Ouvert aux musiques les plus diverses, il s'est particulièrement consacré à l'étude du XIXe et du XXe siècle, et s'est fait l'historiographe de Fauré, de Strauss, de Brahms, de Liszt, de Webern.

   Il a publié également la Musique française contemporaine (1952), Entretiens avec Darius Milhaud (1952) et avec Francis Poulenc (1954), et s'est fait l'exégète de la musique d'avant-garde dans sa série d'émissions Éphémérides de la musique contemporaine, et dans son Dictionnaire de la musique contemporaine (1970), ouvrage aux prises de position parfois percutantes. En 1966, il avait réalisé pour la télévision de Baden-Baden un film sur Erik Satie. Il a participé à plusieurs publications collectives : Histoire de la musique de la Pléiade (1960-1963), Stravinski (ouvrage collectif, 1963), la Musique sérielle d'aujourd'hui (1965-66, dans le cadre d'une enquête dirigée par A. Boucourechliev), Schumann (ouvrage collectif, 1970).

Rostropovitch (Mstislav)

Violoncelliste, pianiste et chef d'orchestre soviétique (Bakou 1927–Moscou 2007).

Né d'un père violoncelliste et d'une mère pianiste, il commença ses études musicales avec son père, pour les poursuivre, à partir de 1943, au conservatoire de Moscou, où il eut comme professeurs Chebaline et Chostakovitch (composition) ainsi que Kozoloupov (violoncelle). Premier prix de concours internationaux à Prague et à Budapest, il entreprit des tournées de concerts dès les années 50, ce qui permit aux auditoires de nombreux pays de découvrir son jeu superbe, son intensité expressive, sa puissance, sa plénitude dans tous les registres.

   Professeur au conservatoire de Moscou de 1949 à 1974, professeur honoraire au conservatoire de Leningrad de 1960 à 1967, lauréat des prix Lenine et Staline, l'artiste est titulaire de nombreuses médailles et distinctions, tant en Union soviétique qu'en de nombreux pays.

   Comme pianiste, il a accompagné la soprano Galina Vichnievskaia, son épouse depuis 1955. Comme chef d'orchestre, il fit ses débuts à Gorki en 1961, et c'est à l'occasion d'une production d'Eugène Onéguine au Bolchoï de Moscou, où son épouse chantait le rôle de Tatiana, qu'il s'affirma dans cette nouvelle fonction (1968). C'est à Paris que la production fut enregistrée sur disques, au cours de la tournée de ce théâtre. Notamment pour avoir hébergé Soljenitsyne, le couple quitta l'Union soviétique en 1974, pour une durée de deux ans, mais fut déchu de sa nationalité le 15 mars 1978, « pour activités portant atteinte au prestige de l'Union soviétique ».

   Dans cette période d'exil, Rostropovitch mena une intense activité de chef d'orchestre, ou de récitaliste avec sa femme, faisant connaître la musique de son pays, et réalisant des enregistrements. Fidèle à une promesse faite lors de ses adieux à Chostakovitch en 1974, il dirigea, en Angleterre, l'enregistrement de Lady Macbeth de Mtsensk dans sa version originale. De 1977 à 1994, il fut comme successeur d'Antal Dorati chef musical de l'Orchestre symphonique national de Washington. Il s'est à nouveau produit dans son pays natal à partir de 1990.

   Le répertoire du violoncelle devait s'enrichir grâce à Rostropovitch puisqu'une cinquantaine de sonates et de concertos ont été conçus pour lui. En 1952, Prokofiev révisa son Concerto pour violoncelle avec sa collaboration, lorsqu'il en fit la Symphonie concertante op. 125. Aidé par Kabalevski, le grand violoncelliste termina en outre le Concertino op. 132 que Prokofiev avait laissé inachevé. Chostakovitch (deux concertos), Britten (six œuvres), Glière, Khatchatourian, Kabalevski, Jolivet, Dutilleux, Sauguet, Auric, Wiener, Ohana, Lutoslawski et Landowski lui ont dédié des compositions.

   En France, Mstislav Rostropovitch a été fait commandeur de l'ordre des Arts et Lettres et officier de la Légion d'honneur et est devenu en 1988 président des Rencontres musicales d'Évian. Aux États-Unis, il a reçu le prix pour la Défense des droits de l'homme.

Roswaenge (Helge)

Ténor danois (Copenhague 1897 – Munich 1972).

Il fit ses débuts en 1921 à Neustrelitz dans le rôle de Don José de Carmen. Après des engagements dans divers théâtres d'Allemagne, il chanta régulièrement à l'Opéra de Berlin entre 1924 et 1925, puis à Vienne à partir de 1936. Entre-temps, il incarna le rôle de Parsifal à Bayreuth et ceux de Tamino dans la Flûte enchantée, de Huon dans Oberon et de Florestan dans Fidelio à Salzbourg. Après la guerre, il retourna à Berlin et à Vienne où sa carrière se prolongea jusque dans les années 60, tant dans le répertoire allemand qu'italien. La beauté de son timbre vocal, son exceptionnelle facilité dans le registre aigu, sa musicalité expressive, firent de Helge Roswaenge le meilleur ténor lyrico-dramatique d'Europe centrale entre les deux guerres.

rota
ou rotta

Nom latin ou italien, dérivé du mot « roue ».

1. Au Moyen Âge, l'un des noms donnés au canon (RONDEAU).

2. Au Moyen Âge, sorte de harpe portative en forme de triangle isocèle montée d'une trentaine de cordes (fr. rote), apparentée au crouth gallois.

3. Du XIVe au XVIe siècle, danse italienne de type rapide, faisant parfois suite à une pièce plus lente (rotta du Lamento di Tristano).