Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

militaire (musique)

La présence de la musique dans les armées remonte à la plus haute Antiquité. Vocalement, d'abord sous forme de chœurs martiaux martelant les marches et les assauts, puis avec l'appui d'instruments du genre tambour et trompette. Il s'agissait ­ il s'agit toujours ­ d'apporter un stimulant au courage du guerrier, de coordonner ses mouvements, d'enrichir ses parades, de meubler ses moments de détente. Le roi David s'accompagnait au combat d'une harpe, et ce furent les sonneries de trompes qui permirent aux Hébreux de vaincre Jéricho. Dans l'Antiquité, les soldats se battaient au son des tubas et des buccins. Les Grecs adoptèrent la syrinx, les Germains préférèrent les tambours importés de Chine.

   La musique militaire s'appuie essentiellement sur le rythme, et elle exige, pour être entendue, de larges sonorités. Aussi abandonna-t-elle très vite les harpes, les cithares et les divers instruments à cordes tellement en honneur au début de l'ère chrétienne. À la fin du Moyen Âge, elle utilisait les cors, les cornets, les trompes, les tambours, les trompettes, les timbales. C'est sous François Ier que le fifre apparut dans les armées françaises. Peu à peu, la musique militaire s'enrichit d'instruments nouveaux au fur et à mesure de l'évolution de la facture. Les hautbois apparurent sous Louis XIII, et Louis XIV ajouta les violons pour les grandes solennités, celles qui étaient assurées en plein air par la Grande Écurie. Au demeurant, les musiques militaires se développaient, et chaque régiment eut à cœur d'en posséder une, aussi bien en France qu'à l'étranger où l'on découvrit la cornemuse chez les Écossais, le basson chez les Russes et le flageolet chez les Turcs.

   La première institution régulière d'orchestres militaires eut lieu en France en 1762 dans les régiments de gardes françaises et de gardes suisses. Mais ce n'est qu'au lendemain de la Révolution qu'elles prirent peu à peu leur physionomie actuelle. La musique de la garde nationale étant devenue en 1795 l'amorce de notre Conservatoire, il fut possible de former les instrumentistes nécessaires aux phalanges régimentaires. En 1875, la musique militaire française fut réorganisée par une loi : dans l'infanterie et le génie, une musique par régiment ; dans la cavalerie, une par brigade ; et, couronnant le tout, la musique de la garde républicaine, qui recrutait ses membres par concours, aussi bien parmi les soldats que parmi les artistes civils. Les musiques d'infanterie, elles, comprenaient 1 chef, 1 sous-chef et 38 musiciens : 1 petite flûte, 1 grande flûte en ut, 1 hautbois en ut, 2 petites clarinettes en mi bémol et 6 grandes en si bémol, 1 saxophone soprano en si bémol, 2 saxophones altos en mi bémol, 2 saxophones ténors en si bémol, 2 saxophones barytons en mi bémol, 1 trompette à pistons en ut, 2 cornets à pistons, 1 trombone alto en mi bémol, 2 trombones en ut, 1 saxhorn soprano en mi bémol, 2 saxhorns contralto en si bémol, 3 saxhorns alto en mi bémol, 1 saxhorn baryton en si bémol, 4 saxhorns basse en si bémol, 1 contrebasse en mi bémol, 1 contrebasse en si bémol, 1 caisse claire plus 1 grosse caisse et une paire de cymbales. Dans les bataillons de chasseurs à pied et les régiments de cavalerie, il n'existait que des fanfares.

   Considérées souvent comme un art mineur, les œuvres musicales militaires doivent cependant répondre à certaines obligations. Devant être interprétées parfois par des profanes, leurs qualités principales seront la clarté, la simplicité. Elles seront des cris de guerre, des chants patriotiques, des hymnes. Elles devront rythmer le pas des combattants, transmettre les ordres, les signaux de manœuvre, entretenir enfin psychologiquement les énergies. Leurs airs, d'abord spontanément issus des chansons populaires, durent être véritablement composés lorsqu'il s'est agi de réaliser des marches, des pas redoublés, des charges et, comme en Allemagne, des lieder patriotiques. Ce furent d'abord des maîtres de chapelle attachés à des princes qui s'en chargèrent. Ainsi Lully composa-t-il de nombreuses marches militaires qui furent réunies en un recueil en 1705. Mais le répertoire des musiques militaires devait bientôt s'enrichir de polkas, de mazurkas, de galops, de quadrilles, voire de grandes œuvres symphoniques réservées aux concerts de galas. Ce furent évidemment les chefs de musique qui les composèrent le plus souvent, mais dès la Révolution de grands musiciens les secondèrent : Catel, Gossec, Berton, Spontini, Cherubini écrivirent après Rouget de l'Isle maintes pages d'esprit guerrier. Le Chant du départ est de Méhul, le Régiment de Sambre-et-Meuse de Planquette, la Marche lorraine de Louis Ganne. Aujourd'hui, cependant, les musiques militaires ont pratiquement disparu en France, où ont été néanmoins conservées les solides phalanges que sont la musique de la garde républicaine, celle de la flotte nationale, celle de l'armée de l'air et celle de la Légion étrangère.

Millöcker (Karl)

Chef d'orchestre et compositeur autrichien (Vienne 1842 – Baden, près de Vienne, 1899).

Après avoir fait ses études au conservatoire de Vienne, il débute comme flûtiste au théâtre in der Josephstadt. Il est ensuite chef d'orchestre au Landestheater de Graz (1864), au théâtre allemand de Budapest (1867), au théâtre an der Wien de Vienne (1869-1883). Il est l'un des principaux représentants de l'opérette viennoise, après J. Strauss Jr et Fr. von Suppé.

Milner (Anthony)

Compositeur britannique (Bristol 1925 – Alicante 2002).

Il a étudié au Royal College of Music de Londres ainsi qu'en privé avec Matyas Seiber, et enseigné d'abord à Morley College (1947), puis à l'université de Londres (1954) et au Royal College of Music. Son œuvre est le reflet aussi bien de sa foi catholique que de sa connaissance approfondie de la musique médiévale. Parmi ses œuvres instrumentales, des Variations pour orchestre (1958), 1 Divertimento pour cordes (1961), 1 Quintette à vents (1964), 1 Quatuor à cordes (1975) et 2 symphonies (no 1 commencée en 1964 et créée en 1973, no 2 écrite en 1977-78). Dans le domaine vocal, il a écrit notamment 1 messe (1951), The City of Desolation pour soprano, orchestre et chœur (1955), Motet for Peace pour 2 ténors, 2 basses et 9 cuivres (1973) et Cantata for Christmas « Emanuel » pour voix et orchestre de chambre (1974-75).