Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Riegger (Wallingford)

Compositeur américain (Albany 1885 – New York 1961).

Il fit ses études à New York, puis à Berlin avec Max Bruch. Chef d'orchestre du théâtre de Würzburg et de l'orchestre Blüthner de Berlin, il fut, à son retour aux États-Unis, violoncelliste à l'orchestre de Saint Paul, puis professeur à l'Institut musical de New York et au conservatoire d'Ithaca. Il fut l'un des premiers compositeurs américains de naissance à employer le système dodécaphonique, découvert par lui en 1927.

   Après des pages néoromantiques (musique de chambre et notamment un trio pour piano, 1920) et néo-impressionnistes (la Belle Dame sans mercy pour 4 voix et 8 instrumentistes, 1923), c'est une conception toute nouvelle de l'harmonie qu'il proposa avec Study in Sonority pour 10 violons ou n'importe quel multiple de 10 (1927), ou Dichotomy pour orchestre de chambre (1931-32), qui substitue aux traditionnels accords de tonique et de dominante deux autres accords jouant le même rôle, et utilise deux séries de 11 et 13 notes dans un ensemble dominé par la « séquence cumulative » (qui consiste à conserver le motif original et à y ajouter une séquence au-dessus ou au-dessous).

   Toutes ses œuvres exploitèrent désormais les découvertes des années 1930, jusqu'à une période plus récente où la musique électronique retint son attention.

   Ses quinze dernières années ont été particulièrement riches en partitions de tous genres, et l'importance des précédentes fut enfin reconnue, vers 1948, lors de la création de sa 3e Symphonie. Signalons sa passion pour les chants d'oiseaux, qui le conduisit à en noter plusieurs centaines. On lui doit notamment quatre symphonies, dont la dernière écrite en 1957.

Riemann (Hugo)

Musicologue et théoricien allemand (Grossmehlra, près de Sondershausen, 1849 – Leipzig 1919).

Après de premières études musicales auprès de son père Robert, il se fixa en 1871 à Leipzig, où il étudia au conservatoire avec E. Fr. Richter et C. Reinecke, et à l'université avec O. Paul. Sa thèse Über das musikalische Hören ayant été refusée à Leipzig, il la soutint à Göttingen où il obtint, en 1873, un doctorat de philosophie. Il fut à partir de 1876 chef d'orchestre et professeur de piano à Bielefeld, et reçut en 1878 son diplôme d'habilitation de l'université de Leipzig en présentant ses Studien zur Geschichte der Notenschrift. Réinstallé définitivement dans cette ville en 1895, il y fut d'abord nommé maître assistant à l'université puis, à partir de 1901, professeur, et devint en outre directeur du Collegium musicum de l'université (fondé par lui) en 1908 et du Forschungsinstitut für Musikwissenschaft en 1914.

   L'importance considérable de ce chercheur est attestée par les traductions et rééditions multiples dont ses écrits ont été l'objet. Ses principes d'analyse ont été adoptés dans tous les pays germaniques et son Musiklexikon (dont la 12e édition est parue en 1959) est encore, à l'heure actuelle, un des ouvrages de référence. Il fut aussi le premier à attirer l'attention sur l'école de Mannheim, mais en surestimant son rôle dans la formation du style de Haydn. Son influence fut sensible à la fois chez les compositeurs (citons, parmi ses élèves, M. Reger et Pfitzner) et chez les musicologues. Par son approche systématique et méthodique du phénomène musical, qu'il considère sous un aspect global et universel, il a donné de nouvelles perspectives à la musicologie et a sans doute été le dernier à avoir eu une vision encyclopédique de la musique.

Riepp (Karl Joseph)

Facteur d'orgues français d'origine allemande (Eldern 1710 – Dijon 1775).

Naturalisé en 1747, il s'établit à Dijon. Peu nombreux, ses instruments sont des chefs-d'œuvre de la facture classique. Ce sont surtout ceux de la collégiale de Dole et les deux orgues du chœur de l'abbaye d'Ottobeuren, en Souabe (1766).

Ries

Famille de musiciens allemands.

 
Franz Anton, violoniste (Bonn 1755 – Godesberg 1846). Fils d'un trompettiste et violoniste de l'orchestre du prince électeur de Cologne à Bonn, il donna des leçons à Beethoven, et assista en 1845 à l'inauguration de la statue de ce dernier à Bonn.

 
Ferdinand, pianiste, copiste et compositeur, (Bonn 1784 – Francfort 1838). Fils aîné du précédent, il vécut à Vienne de 1801 à 1805 et en 1808-1809, et, lors de son premier séjour, servit de secrétaire à Beethoven, dont il reçut aussi des leçons de piano. Il effectua ensuite des tournées en Europe, et de 1813 à 1824 vécut à Londres. Comme compositeur, on lui doit beaucoup d'œuvres pour piano (sonates, pièces diverses, musique de chambre avec piano, concertos) ainsi que des ouvrages pour orchestre et des pages vocales. Il publia avec Wegeler les Biographische Notizen über Ludwig van Beethoven (Coblence, 1838), ouvrage largement basé sur ses propres souvenirs et qui constitue une des premières biographies importantes de l'auteur de Fidelio. Il eut quatre frères également musiciens.

rigaudon

Danse très animée, plus rapide que la gavotte, généralement notée à deux temps et commençant sur une anacrouse.

À l'origine danse populaire de la Provence, du Dauphiné et du Languedoc, le rigaudon se dansait en cercle. Au XVIIe siècle, il gagna Paris et devint une danse de cour stylisée mais garda son ambitus modal et, le plus souvent, sa tonalité majeure. On inventa le mot « rigaudonner » pour évoquer un badinage gai, léger et enjoué. Le rigaudon s'intégra quelquefois dans la suite instrumentale chez les clavecinistes (Fr. Couperin, E. Jacquet de la Guerre, Rameau) et figura dans les opéras de l'époque. S'il n'existe que deux exemples, d'ailleurs non précisés, dans l'œuvre de Lully, ses successeurs, et particulièrement Rameau, semblent l'avoir aimé davantage.

   Exemple : Marc-Antoine Charpentier, David et Jonathan, acte IV :

   On trouve le rigaudon également à la même époque en Allemagne et en Angleterre. Depuis le XVIIIe siècle, il est tombé en désuétude, mais réapparaît parfois dans certaines œuvres (Grieg : Holberg Suite ; Ravel : le Tombeau de Couperin).

Rigel
ou Riegel

Famille de musiciens français d'origine allemande.

 
Henri-Joseph (Wertheim, Franconie, 1741 – Paris 1799). Il se fixa à Paris en 1767, vivant de leçons de musique, puis de concerts. Sa production des années 1770, essentiellement instrumentale, s'inscrit dans la tradition de Schobert. Il faut y ajouter deux oratorios : la Sortie d'Égypte (1774) et la Destruction de Jéricho (1778), joués au Concert spirituel, dont Rigel devint chef d'orchestre en 1783. À partir de 1778, il se consacra à l'art lyrique, et produisit quatorze ouvrages, opéras-comiques pour la plupart. Nommé en 1784 maître de solfège à l'École royale de musique, il s'y maintint après la Révolution, lorsque l'École fut réorganisée en Conservatoire, et y fut professeur de piano.

 
Anton, frère cadet du précédent (Wertheim v.1745 – Mannheim ? apr. 1807). Il arriva à Paris en 1776, s'y imposa comme professeur de flûte et de piano, se fit applaudir au Concert spirituel, et s'occupa de l'édition des œuvres de son frère. Son œuvre, d'importance secondaire, est uniquement instrumentale. En 1787 il retourna en Allemagne.

 
Henri-Jean, fils cadet de Henri-Joseph (Paris 1772 – Abbeville 1852). Entré à l'École royale de chant, il fit montre d'une telle précocité qu'il fut nommé à l'âge de treize ans sous-maître de solfège. En 1787, il fit ses débuts au Concert spirituel avec une cantate. Nommé en 1795 professeur au Conservatoire, il quitta ce poste en 1798 pour suivre Bonaparte en Égypte, où il devint membre de l'Institut égyptien des sciences et des arts et fut nommé directeur du Théâtre français du Caire. Deux ans plus tard, revenu en France, il devint professeur de piano renommé. En 1804, Napoléon le nomma pianiste de sa Musique particulière. En 1825, il fut élu président de la Société académique des enfants d'Apollon, où il fit exécuter des œuvres de son père et les siennes propres.