Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Durr (Alfred)

Musicologue allemand (Berlin 1918).

Consacrant ses recherches principalement à l'œuvre de J.-S. Bach, dont il est devenu l'un des plus éminents spécialistes, Alfred Durr est, depuis 1962, directeur adjoint de l'Institut Bach de Göttingen. En 1951, il publie ses Studien über die frühen Kantaten J.S. Bachs (« Études sur les premières cantates de J.-S. Bach ») à Leipzig. Il signe également un ouvrage sur la chronologie de la musique vocale de Bach à Leipzig (Zur Chronologie der Leipziger Vocalmusik J.-S. Bachs, Bach Jahrbuch, 1957). Avec W. Neumann, il travaille sur une nouvelle édition des œuvres complètes de J.-S. Bach (Neue Ausgabe sämtlicher Werke). Trente volumes de cet ouvrage appelé la Neue Bach Ausgabe (N. B. A.) ont paru entre 1954 et 1968.

Duruflé (Maurice)

Organiste et compositeur français (Louviers 1902 – Louveciennes 1986).

Il a d'abord été l'élève de Haelling, à la cathédrale de Rouen, avant d'être au Conservatoire de Paris celui de Gigout (orgue), de Gallon (harmonie), de Caussade (contrepoint et fugue) et de Dukas (composition), et de travailler l'orgue avec Vierne et Tournemire. Titulaire de l'orgue de Saint-Étienne-du-Mont à Paris depuis 1930, il a été le suppléant de Vierne à Notre-Dame (1929-1931) et celui de Dupré au Conservatoire. De 1943 à 1973, il a été chargé d'une classe d'harmonie au Conservatoire. À l'exemple de son maître Dukas, Duruflé écrit peu et soigne à l'extrême l'expression de sa pensée. Ses œuvres principales sont Prélude, adagio et choral varié sur le Veni Creator pour orgue (1930), Trois Danses pour orchestre (1937), Prélude et fugue sur le nom d'Alain pour orgue (1943), Requiem pour solos, chœur, orchestre et orgue (1947), Messe « cum jubilo » pour baryton solo, chœur et orchestre ou orgue (1966).

Dusapin (Pascal)

Compositeur français (Nancy 1955).

Après des études secondaires puis universitaires, il travaille la composition avec Iannis Xenakis et Franco Donatoni. En 1977, il reçoit le prix de la Fondation de la vocation. En 1981, il devient boursier de la villa Médicis à Rome (période 1981-1983). Compositeur remarquablement original, Pascal Dusapin est aujourd'hui considéré comme un des plus sérieux espoirs au sein de la jeune musique française, ainsi que dans l'avant-garde internationale. Son univers sonore se situe en partie dans la descendance de Yannis Xenakis mais s'en distingue déjà très nettement. Son langage, qui utilise largement le total chromatique et les micro-intervalles, fait preuve d'une invention renouvelée, voire d'une certaine brillance expressive, et frappe par la rigueur de construction et la radicalité parfois très violente des procédés d'écriture : hauteurs en perpétuel glissement, jeu de timbres brutalement antagonistes, austérité et complexité du contrepoint rythmique, sens aigu de la polyphonie et des grandes densités dynamiques. Dusapin s'est révélé soudain, et avec beaucoup d'acuité, en 1977, par des œuvres instrumentales, telles que Souvenir du silence (1976) pour treize cordes solistes, ou instrumentales-vocales, telles que Igitur (1977) pour voix de femmes, sept cuivres et six violoncelles (sur un texte de Lucrèce), et Lumen (1977, rev. 1980) pour voix de femmes, trois cuivres et quatre cordes. Depuis 1977, Pascal Dusapin a composé Timée (1978) pour grand orchestre, l'Homme aux liens (1978) pour deux sopranos et trois violons (texte de Lucrèce), le Bal pour quinze instruments (1979), la Rivière (1979-80) pour grand orchestre, Musique fugitive (1980) pour trio à cordes, Musique captive (1980) pour neuf instruments à vent, Inside pour alto seul (1980), où se confirme son attirance pour une écriture serrée conciliant violents contrastes et remarquables qualités expressives. Suivirent, en 1982, l'Aven pour flûte et orchestre, Tre Scalini pour orchestre, Fist pour 8 instruments, Invisa pour violoncelle solo, Niobé pour voix et vents, en 1983, un Quatuor à cordes, en 1984, Hop. En 1985 ont été créés Assai pour grand orchestre, et, en 1989, à Avignon, l'opéra Roméo et Juliette. De la même année est daté Times Zones pour quatuor à cordes. Suivirent l'operatorio La Melancholia (1990), les opéras Medeamatérial (1991) et To be sung d'après Gertrude Stein (1992-1993), Time Zone, quatuor à cordes no 2 (1989), Quatuor à cordes no 3 (1993), Khôra pour orchestre à cordes (1993).

Dušek (František Xaver)

Pianiste et compositeur tchèque (Choteborky 1731 – Prague 1799).

Après un séjour de formation à Vienne, où il fut l'élève, pour le clavier, de Georg Christoph Wagenseil, il se fixa à Prague comme professeur de piano. C'est surtout son amitié avec Mozart qui a lié son nom et celui de sa femme Josepha (Prague 1754-id. 1824), pianiste et chanteuse, à l'histoire de la musique. C'est dans la maison de campagne des Dušek, la villa Bertramka, que Mozart termina Don Giovanni en 1787 et la Clémence de Titus en 1791. Pour Josepha, qu'il avait déjà rencontrée à Salzbourg en 1777, Mozart écrivit l'air de concert Bella mia fiamma K. 528 (3 nov. 1787, juste après la première de Don Giovanni), et ce fut elle qui, en 1796, créa à Prague le fameux Ah ! perfido de Beethoven.

Dussek
ou Dusik

Famille de musiciens tchèques.

 
Jan Josef, organiste et compositeur (Mlazovice 1738 – Caslav 1818). Professeur de musique à Chlumencz, puis cantor de la ville de Caslav, il écrivit surtout pour l'orgue et l'église.

 
Jan Ladislav, pianiste et compositeur (Caslav 1760 – Saint-Germain-en-Laye 1812). Fils du précédent, il fit ses études aux collèges de Jihlava et de Kutna Hora, et obtint un diplôme de l'université Charles-IV de Prague. Il séjourna à Malines en 1779, y fut organiste ainsi qu'à Berg-op-Zoom, et, vers 1782, entreprit une tournée à travers l'Europe, travaillant à Hambourg avec Carl Philipp Emanuel Bach, passant deux ans chez le prince Radziwill en Lituanie. Remarqué par Marie-Antoinette en 1786, il s'établit à Paris après un voyage en Italie pour voir son frère. En 1790, fuyant la Révolution, il s'installa à Londres, où il participa comme pianiste aux mêmes concerts que Haydn et où, en 1792, il épousa la chanteuse Sophia Corri (1775-1847). Il entra dans la maison d'édition de son beau-père Domenico Corri (1746-1825), mais celle-ci ayant fait faillite, Dussek dut quitter précipitamment l'Angleterre en 1800 pour échapper à la prison pour dettes, laissant derrière lui sa femme et sa fille. Il se rendit à Hambourg, fut ensuite le maître de chapelle et l'ami du prince Louis Ferdinand de Prusse (1803-1806), et termina sa vie au service de Talleyrand.

   Virtuose incomparable qui arrachait des cris d'admiration à ses auditeurs, célèbre aussi par le moelleux de son toucher, il a laissé plus d'une centaine de compositions (sonates, variations, pièces d'occasion, musique de chambre, concertos) pour son instrument, ainsi que des ouvrages divers dont six sonatines pour harpe. Ses œuvres les plus connues ­ la Consolation, sonatines op. 20 (à l'origine avec flûte) ­ ne sont pas nécessairement les plus significatives. Mais de grandes sonates comme l'opus 35 no 3 (C. 151) en ut mineur (1797), l'Adieu op. 44 (C. 178) en mi bémol (1800), l'Élégie harmonique sur la mort de Louis Ferdinand de Prusse op. 61 (C. 211) en fa dièse mineur (1807), le Retour à Paris ou Plus ultra op. 70 (C. 221) en la bémol (1807) ou l'Invocation op. 77 (C. 259) en fa mineur (1812), comptent tant musicalement que par leur écriture pianistique parmi les plus intéressantes de l'époque, et certaines ne furent pas sans influencer Beethoven. Ces pages ouvrent en même temps la voie au romantisme d'un Chopin ou d'un Schumann. Un catalogue thématique de l'œuvre de Jan Ladislav Dussek a été dressé par Howard Allen Craw.

 
František Josef Benedikt, organiste, chef d'orchestre et compositeur (Caslav 1766 – Zaticina v. 1817). Frère du précédent, il fut chef d'orchestre à Venise (1782), à Milan (1786), à Laibach (1790), puis de nouveau à Venise (1806).