Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Delmet (Paul)

Compositeur français (Paris 1862 – id. 1904).

Il appartint jusqu'en 1897 au groupe d'artistes liés au cabaret du Chat-Noir, où il interprétait chaque soir les romances et chansons qu'il composait sur des textes de poètes tels qu'Armand Silvestre et Théodore Botrel. Élève de Massenet, ayant hérité de son maître le goût et le don de la mélodie délicate, il fut un des enchanteurs de la Belle Époque, imposant au public ses thèmes insinuants, enveloppants et tendres. Certaines de ses chansons comme Envoi de fleurs connurent une popularité immense.

Delna (Marie Ledan, dite)

Cantatrice française (Meudon 1875 – Paris 1932).

Presque sans formation vocale, elle fit ses débuts à l'Opéra-Comique en 1892 dans le rôle de Didon des Troyens à Carthage de Berlioz, dans lequel son instinct dramatique fit dire d'elle par Sarah Bernhardt : « Qui donc lui a appris à mourir, à cette petite ? » Elle fit à l'Opéra-Comique l'essentiel de sa carrière, remportant un vif succès dans des créations comme l'Attaque du moulin de Bruneau (1893) et la Vivandière de Godard (1895). Elle fut la première interprète, en France, de Charlotte dans Werther de Massenet, et de Mrs. Quickly dans Falstaff de Verdi. Elle se produisit moins souvent à l'Opéra, où elle brilla notamment dans les rôles de Fidès du Prophète de Meyerbeer, et Dalila de Samson et Dalila de Saint-Saëns. Elle se produisit à Milan, à Londres et à New York où elle chanta Orphée de Gluck sous la direction de Toscanini. Sa voix fut l'une des plus belles voix féminines graves de son époque. Son style s'éloignait parfois délibérément du chant pour se tourner vers la déclamation.

Delvincourt (Claude)

Compositeur français (Paris 1888 – Orbetello, Toscane, 1954).

Il étudia le solfège dès l'âge de sept ans avec Boellmann et l'harmonie avec Henri Busser. En 1902, il devint élève de Falkenberg (piano) et entra au Conservatoire de Paris en 1908 dans les classes de Caussade (contrepoint et fugue) et de Widor (composition). Ses premières compositions datent de 1907-1908 : quintette pour cordes, duo pour violon et piano. En 1910, il se présenta au concours du prix de Rome, mais n'obtint un second prix que l'année suivante et, finalement, le premier grand prix en 1913 avec Hélène et Faust, ayant ainsi composé successivement quatre cantates officielles. Engagé volontaire en 1914, il fut gravement blessé en 1915, perdit un œil et cessa pratiquement de composer pendant plusieurs années. Mais, dès 1923, plusieurs associations de concerts parisiennes affichèrent ses œuvres, et il aborda le théâtre au Grand Cercle d'Aix-les-Bains en 1937 avec un ballet, le Bal vénitien, version orchestrée d'une suite pour six instruments composée en 1930. Nommé directeur du conservatoire de Versailles en 1931, il y organisa des concerts de chambre et fit représenter par ses élèves au théâtre Montansier son opéra bouffe la Femme à barbe (1938). Au cours des années 30, il composa plusieurs musiques de film (la Croisière jaune, l'Appel du silence, Sœurs d'armes). Il avait cinquante-trois ans lorsqu'il fut appelé à succéder à Henri Rabaud à la tête du Conservatoire de Paris. Esprit ouvert à tous les éléments du progrès, il y modernisa l'enseignement et aménagea les règles concernant les admissions et les concours. Afin de soustraire ses élèves au service du travail obligatoire en Allemagne, il créa pour eux et avec eux l'Orchestre des cadets du Conservatoire, qui allait devenir une jeune phalange symphonique particulièrement appréciée. Après la guerre, l'Opéra monta son mystère, Lucifer (1948), achevé depuis 1940, sur un texte de R. Dumesnil, et la Comédie-Française lui commanda une nouvelle musique de scène pour le Bourgeois gentilhomme. Musicien distingué, doublé d'un humaniste, ayant conservé une prédilection pour les mystères du Moyen Âge et pour la chanson française, Claude Delvincourt trouva la mort dans un accident d'automobile, à soixante-six ans.

démanché

Dans les instruments à cordes, ce terme indique un changement rapide de la main gauche pour passer d'une position à une autre, plus ou moins éloignée ; ce changement peut être ascendant ou descendant.

Demantius (Christoph)

Compositeur allemand (Reichenberg, Bohême, 1567 – Freiberg, Saxe, 1643).

Après des études universitaires à Wittemberg et peut-être un bref séjour à Leipzig, il est nommé cantor à Zittau (1597), puis à Freiberg (1604). Son Isagoge artis musice lui assure dès 1602 une réputation de pédagogue. Ses recueils de chansons profanes (1595, 1614 et 1615) le situent dans la lignée de R. de Lassus et de L. Lechner. Dans son important recueil d'introïts, de proses et de messes, les Triades sioniae (Freiberg, 1619), il aménage la technique de la basse continue en imposant à l'organiste un cantus generalis. La Corona harmonica (Leipzig, 1610) ou la Passion selon saint Jean (Freiberg, 1631) sont autant de points culminants d'une œuvre où les formes et les moyens stylistiques traditionnels se chargent d'une expression nouvelle qui préfigure les recherches de l'herméneutique musicale à venir.

Demarquez (Suzanne)

Femme compositeur et musicologue française (Paris 1899 – id. 1965).

Après des études au Conservatoire de Paris, elle a composé des œuvres de musique de chambre, des quatuors vocaux et des mélodies. Elle s'est fait surtout connaître par ses excellents ouvrages sur Purcell et sur Manuel de Falla. Parmi ses principaux écrits, citons : Purcell (Paris, 1951) ; André Jolivet (Paris, 1958) ; Manuel de Falla (Paris, 1963) ; Hector Berlioz (Paris, 1969).

Demessieux (Jeanne)

Femme organiste et compositeur française (Montpellier 1921 – Paris 1968).

Brillante élève du Conservatoire de Paris et disciple de Marcel Dupré, elle a été organiste titulaire à l'église du Saint-Esprit (1933), puis à la Madeleine (1962). Interprète demeurée célèbre pour son extraordinaire virtuosité, elle a également enseigné l'orgue au conservatoire de Nancy et à celui de Liège. Elle a publié plusieurs œuvres pour son instrument, ainsi qu'un Poème (1952) pour orgue et orchestre.