Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Savouret (Alain)

Compositeur, pianiste et chef d'orchestre français (Vanves 1942).

Collaborateur du Groupe de musique expérimentale de Bourges depuis 1973 (après quatre années passées au Groupe de recherches musicales de Paris), il est l'un des deux ou trois plus importants compositeurs de musique électroacoustique de sa génération, en tout cas le plus brillant et le plus habile, et celui qui pousse le plus loin le travail sur la forme et l'articulation pour accorder plus d'intérêt à la matière sonore ou aux procédures techniques de fabrication. Sa première œuvre importante, Kiosque (1969), pour bande et musiciens-improvisateurs, manifeste d'emblée le « baroquisme » propre à l'auteur, qui consiste pour lui à faire voisiner dans une forme très maîtrisée des éléments aussi hétérogènes que possible, du « musical » à l'« anecdotique », de l'abstrait au concret, etc. Le même principe est à l'œuvre dans la Valse molle (1973), pièce de musique légère pour bande.

   Selon (1970), pour 2 joueurs de clavier sonorisé, et la Suite pour clavier à rallonges (1973), pour bande, mettent en valeur son goût de la virtuosité digitale : il est pianiste-improvisateur et a fondé avec Christian Clozier le groupe d'improvisation électroacoustique Opus N. Tango (1971) et l'Arbre et Cætera (1972), pour bande, sont des exercices très vivants de forme et d'écriture, travaillant dans la plus grande économie de matériau (sons d'orgue électronique pour la première œuvre, sons concrets « quadraphoniques » non manipulés pour la seconde).

   Enfin, la Sonate baroque, entreprise en 1974, est un monument électroacoustique dont les trois premiers mouvements (allegro, andante, scherzo) totalisent une heure et demie et font s'épanouir et se réconcilier, dans une cohabitation harmonieuse et dynamique, toutes les tendances, toutes les « tentations » de l'auteur ­ celles déjà relevées, mais aussi son humour, son « mauvais goût », son lyrisme. Une écriture très élaborée, sur des matériaux d'une grande transparence sonore, une technique impeccable, une forme superbe font déjà de cette Sonate l'une des œuvres électroacoustiques majeures du répertoire.

   À partir de là, Savouret revient à la musique instrumentale et mixte, sauf pour des incursions isolées dans la musique électroacoustique pure (Don Quichotte Corporation, 1981), et, parmi des œuvres récentes, on peut citer Phil Cello et Joe Sax chez les Trogloustiques (1979), pour violoncelle, saxophone alto et bande magnétique, la Main du clown (1980), pour quintette à vent, Il était une fable (1981), pour trois groupes instrumentaux, Mauvaise Journée (1981), pour piano principal et huit instruments, et une pièce constituant le finale de la Sonate baroque, l'Ouïe-Spartacus (1981), pour bande magnétique et ensemble instrumental.

Sawallisch (Wolfgang)

Chef d'orchestre allemand (Munich 1923).

Enfant, il apprend le piano avant d'étudier la direction d'orchestre (avec Hans Rosbaud) et la composition à la Musikhochschule de Munich. Engagé en 1947 comme répétiteur au Théâtre municipal d'Augsbourg, il y fait ses débuts de chef d'orchestre avec Haensel et Gretel. Il remporte en 1949, en duo avec le violoniste Gerhard Seitz, le premier prix du concours de Genève, mais joue rarement en soliste, préférant accompagner les récitals de lieder d'Elisabeth Schwarzkopf, Dietrich Fischer-Dieskau et Hermann Prey. Il est nommé directeur général de la musique à Aix-la-Chapelle (1953-1958), Wiesbaden (1958-1960) et Cologne (1960-1963), où il enseigne la direction d'orchestre. L'année 1957 voit ses débuts au festival de Bayreuth et à Londres, où il accompagne Schwarzkopf et dirige le Philharmonia Orchestra.

   Premier chef de l'Orchestre symphonique de Vienne (1960-1970), directeur musical de la Philharmonie de Hambourg (1961-1973), il conduit de 1970 à 1980 l'Orchestre de la Suisse romande et dirige jusqu'en 1992 l'Opéra de Munich. Il travaille également régulièrement avec l'Orchestre radiosymphonique de la NHK de Tokyo, avec celui de l'académie Sainte-Cécile de Rome et avec la Scala de Milan (à partir de 1965). Il dirige depuis 1993 l'Orchestre de Philadelphie. Précise et sobre, sa direction s'attache plus à la substance des œuvres qu'à leur parure expressive, parti pris qui l'a fait taxer, à tort, d'insensibilité. Car, pour le public de Bayreuth ou de l'Opéra de Munich, ses interprétations de Wagner et de Richard Strauss possèdent le frémissement même de la vie.

Sax

Famille belge de facteurs d'instruments à vent.

 
Charles-Joseph (Dinant 1791 – Paris 1865). Installé à Bruxelles en 1815, il fournissait en instruments certains corps d'armée belges. En 1824, il créa le cor omnitonique, mais cette invention lui fut disputée par la suite. En 1853, il vint s'installer à Paris. En 1867 des instruments de sa fabrication furent présentés à l'Exposition universelle.

 
Antoine Joseph, dit Adolphe, (Dinant 1814 – Paris 1894). Fils du précédent, il étudia la flûte et la clarinette au conservatoire de Bruxelles. Après avoir créé un nouveau modèle de clarinette (1830) et de clarinette basse (1838), il vint à Paris en 1842. C'est là qu'il créa les instruments qui devaient faire sa renommée et auxquels il donna son nom : le saxhorn (1845) sur la base du bugelhorn déjà existant, et le saxophone (1846).

saxhorn

Instrument à vent de la famille des cuivres.

Contrairement aux autres « cuivres », qui se sont passés de pistons pendant des siècles, le saxhorn (du nom du facteur Adolphe Sax et de « horn » qui signifie « cor » en allemand et en anglais) est né de l'invention du cor à pistons en 1813. Il apparut aussitôt que ce tuyau pouvait s'adapter à des formes nouvelles du tuyau sonore, et cette recherche aboutit en 1835 au premier « tuba », dénomination allemande calquée sur le mot latin qui désigne la trompette au sens le plus général. Ce tuba à trois pistons était caractérisé par la conicité accentuée du tuyau, que terminait un pavillon large et profond dirigé vers le haut. Il fut rapidement adopté dans toute l'Europe en version basse et baryton, mais c'est à Paris qu'A. Sax, à partir de 1842, le perfectionna de façon définitive et créa toute la famille.

   Les contrebasses et basses, munies de trois à six pistons, conservent même en France le nom de tuba et sont pratiquement les seules qu'utilise l'orchestre symphonique pour leur sonorité caractéristique, à la fois puissante, ronde et douce. Les autres saxhorns rendent de grands services dans les fanfares et harmonies militaires ou civiles, surtout dans les formations d'amateurs où leur facilité d'émission est fort appréciée. Tous sont à trois pistons, mais seuls le baryton et l'alto ont la disposition verticale du tuba ; le bugle, héritier d'un clairon à pistons inventé dès 1829 par l'Anglais Halliday (d'où son nom qui signifie « clairon »), est construit et se joue horizontalement.

   Il existe, notamment en Allemagne et en Europe centrale, de nombreuses variantes de tous ces instruments. L'hélicon n'est qu'une basse ou contrebasse dont l'enroulement circulaire facilite le port (et l'exécution) dans les défilés. Le sousaphone américain, avec son imposant pavillon orienté vers l'avant, est un autre avatar du saxhorn contrebasse.