Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Rochlitz (Johann Friedrich)

Écrivain et critique musical allemand (Leipzig 1769 – id. 1842).

Il fut éduqué à la Thomasschule, où il étudia avec J. F. Doles, et composa très jeune des cantates, des lieder et de la musique pour piano. Doutant de son talent après sa rencontre avec Mozart en 1789, il décida d'étudier la théologie, mais abandonna cette voie en 1794 au profit d'une carrière littéraire. En 1798, il fut choisi par la maison d'édition Breitkopf et Härtel comme rédacteur en chef de la nouvelle Allgemeine musikalische Zeitung, qu'il dirigea jusqu'en 1818 et à laquelle il collabora jusqu'en 1835. Il fut aussi membre de la direction du Gewandhaus et s'imposa, dans le domaine littéraire, par sa traduction de l'Antigone de Sophocle et sa version allemande du Don Giovanni de Mozart.

   Par ses longues années de critique à l'Allgemeine musikalische Zeitung et par sa position au Gewandhaus, il joua un rôle décisif dans la musique allemande. Il avait une préférence très nette pour Bach, Haendel, Mozart et Haydn, et son attitude envers Beethoven, qu'il rencontra à Vienne en 1822, fut toujours ambiguë. Beethoven cependant respectait son jugement. Il a rassemblé une partie de ses réflexions dans Für Freunde der Tonkunst (2 vol., 1824 ; 4 vol., 1830-1832).

rock and roll

Style musical à prédominance vocale, issu de la rencontre de la musique populaire noire (blues et rhythm and blues) avec des éléments empruntés au folklore américain blanc (musique hillbilly, country and western).

Caractérisé par un rythme 4/4 vigoureusement appuyé sur le deuxième et le quatrième temps, le rock and roll utilise une instrumentation où dominent les guitares électriques (rythmique et basse, même si la contrebasse acoustique est encore employée dans les premières années) et la batterie, accessoirement le piano et le saxophone.L'expression « rock and roll » a été lancée en 1952 par un animateur de radio de Cleveland, Alan Freed. Le blues et le rhythm and blues utilisaient depuis longtemps les termes « rock » et « roll », très répandus dans le vocabulaire afro-américain, pour désigner des changements de tempo et de position, tout autant dans la danse que dans les relations sexuelles. Alan Freed fut le premier à intituler son émission, destinée aux jeunes Blancs, « Rock and Roll Party », afin de passer dans son programme de la musique noire, en évitant soigneusement de la présenter sous l'étiquette de rhythm and blues.

   Deux musiciens ont joué un rôle capital dans l'avènement du rock and roll : un Noir, Fats Domino, et un Blanc, Hawk Williams. Fats Domino fut le premier artiste à triompher dans le hit-parade blanc, en particulier avec son grand succès Ain't that a shame. Il contribua ainsi à populariser le rhythm and blues de la Nouvelle-Orléans auprès de la jeunesse américaine. Hawk Williams, s'inspirant du folklore hillbilly, donna au rock and roll sa structure : une chanson dont l'alternance couplet-refrain raconte une histoire, avec une recherche sur l'arrangement et l'effet.

   En 1954, un chanteur a l'idée de reprendre la formule de Fats Domino en y adaptant l'héritage de Hawk Williams : Bill Haley, qui, avec Rock around the clock, signe l'acte de naissance officiel du rock and roll. Très vite, les groupes et les chanteurs prolifèrent. Le rock and roll se diversifie alors en deux courant : d'une part, le rockabilly, uniquement interprété par des Blancs, surtout du sud des États-Unis (Elvis Presley, Buddy Holly, Eddie Cochran, Ricky Nelson, Gene Vincent, Carl Perkins, Jerry Lee Lewis) ; d'autre part, directement issu du blues, le rock and roll noir, plus violent, au tempo endiablé (Little Richard, Bob Diddley, Chuck Berry).

   Pour la première fois, une musique venue du sud des États-Unis, le rock and roll (blanc et noir), devient populaire auprès des Blancs du Nord. Après avoir envahi l'Amérique, il atteint l'Europe vers 1957-58. La vogue du rock and roll touche en premier lieu la Grande-Bretagne et y connaît une extension particulière, d'abord avec Tommy Steele, Cliff Richard et les Shadows, puis, après 1962, avec les Beatles, les Who, les Rolling Stones, trois groupes très fidèles au rock and roll et au blues à leurs débuts, mais qui évolueront par la suite vers la pop music.

   La vague du rock and roll atteindra la France avec quelque retard. Johnny Halliday, Eddy Mitchell et Dick Rivers se contenteront d'offrir des versions françaises des succès américains. La récupération par le show-business du phénomène du rock and roll donnera la vague « yé-yé », une version rassurante du modèle original.

   Explosion musicale, révolte contre l'ordre familial, le rock and roll marque un événement sociologique nouveau : pour la première fois, les adolescents, les « teenagers », se donnent un style et une musique qui n'appartiennent qu'à eux et s'affirment comme une classe d'âge dont l'importance économique ne fera que croître avec le temps.

Rode (Pierre)

Violoniste et compositeur français (Bordeaux 1774 – château de Bourbon 1830).

Il reçoit à l'âge de six ans ses premières leçons de Fauvel aîné, donne ses premiers concerts en 1786 et devient, l'année suivante, à Paris, l'élève préféré de Viotti, dont il crée le 13e Concerto en 1790 pour ses débuts parisiens. Chef de pupitre des seconds violons de l'orchestre du théâtre Feydeau, il participe en 1794 aux concerts de la Semaine sainte et accompagne en tournée le chanteur Garat. C'est le début d'une vie de voyages, entrecoupée de séjours parisiens et de nominations importantes : professeur de violon au Conservatoire nouvellement créé (1795), violon solo de l'Opéra (1799), violon solo de la Musique personnelle de Bonaparte (1800), et de succès couronnant les interprétations de ses œuvres et de celles de Viotti.

   Expulsé d'Angleterre avec ce dernier pour raisons politiques (1798), il se lie d'amitié à Madrid avec Boccherini et fait un long séjour à Saint-Pétersbourg de 1803 à 1808, comme violon solo de l'orchestre de la cour. Devant l'accueil maussade du public parisien à son retour en 1808, il repart, crée à Vienne la sonate op. 96 pour violon et piano de Beethoven (1812), se marie à Berlin (1814), compose ses 12e et 13e concertos, écrit 24 caprices pour le violon ainsi que 12 études, et, après un essai infructueux à Paris en 1828, cesse de jouer et meurt deux ans plus tard paralysé. Rode est le père de l'école française de violon. La virtuosité nerveuse et élégante de son jeu est à l'image d'une œuvre brillante, encore utilisée comme matière à étude par les violonistes. Il a laissé également une méthode de violon (réalisée avec Baillot et Kreutzer) adoptée par le Conservatoire dès 1803.