Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

allemand (la musique dans le domaine) (suite)

La première moitié du XXe siècle et la seconde école viennoise

Comme à la fin du XVIIIe siècle avec Haydn, Mozart et Beethoven, c'est de Vienne, et grâce à une nouvelle « trinité », qu'au début du XXe vint un renouveau décisif pour la musique germanique et européenne, l'autre pôle de la création étant alors Paris, avec Claude Debussy ou Igor Stravinski. D'autres compositeurs œuvrèrent dans la même direction, en particulier l'Autrichien Josef Matthias Hauer (1883-1959), mais c'est bien Arnold Schönberg (1874-1951) et ses deux élèves Anton Webern (1883-1945) et Alban Berg (1885-1935), tous trois natifs de Vienne, qui, tirant les conséquences du chromatisme wagnérien, firent franchir à la musique le pas de l'atonalité, puis du dodécaphonisme sériel. Par cette révolution, Schönberg crut avoir « assuré pour plus d'un siècle la prédominance de la musique allemande ». Comme toutes les révolutions, la sienne fut aussi consolidation, en l'occurrence, de constantes plus ou moins anciennes de la musique savante occidentale : tyrannie de l'octave, tempérament égal, prédominance des hauteurs sur les autres paramètres musicaux. Il reste que cette musique occidentale n'aurait pu faire l'économie du sérialisme. Mais, comme avant lui le « classicisme viennois », le sérialisme déboucha sur un éclatement de la musique en courants fort divers et sur la réintégration de tendances qui avaient pu sembler marginales : ce devait être la phase postsérielle de la musique (depuis 1958 environ), phase que nous vivons encore aujourd'hui.

   Autodidacte, Schönberg n'avait eu comme maître que son futur beau-frère Alexandre von Zemlinsky (1872-1942). Dans sa descendance et dans celle de Berg, on peut citer quatre Autrichiens, dont les trois derniers exilés par le nazisme : Franz Schreker (1878-1934), Alexandre von Spitzmüller (1894-1962), Egon Wellesz (1885-1974) et Ernst Krenek (1900-1991). Paul Hindemith (1895-1963), le principal compositeur allemand apparu entre les deux guerres, débuta au contraire sous le signe de l'antiromantisme et de la « musique d'ameublement » pour évoluer ensuite vers la tradition et vers un style plus spécifiquement germanique, dans la lignée de Max Reger. Dans les années 20, s'imposèrent également Kurt Weill (1900-1950), connu pour sa collaboration avec Brecht, Paul Dessau (1894-1979) et Hanns Eisler (1898-1962), adepte de l'art engagé et auteur de l'hymne national de la République démocratique allemande. De la même génération relèvent, en Allemagne, Carl Orff (1895-1982), Werner Egk (1901-1983), Boris Blacher (1903-1975), Wolfgang Fortner (1907-1987), le compositeur « protestant » Hugo Distler (1908-1942), Karl Amadeus Hartmann (1905-1963), Günter Bialas (1907-1995) et, en Autriche, Johann Nepomuk David (1895-1977), Hanns Jelinek (1901-1969) ou Hans Erich Apostel (1901-1972).

Après 1945

Un nom a dominé la nouvelle musique germanique après la Seconde Guerre mondiale : celui de Karlheinz Stockhausen (1928), principal représentant, avec le Français Pierre Boulez et l'Italien Luigi Nono, des courants sériels, puis postsériels. Il est probable que le troisième quart du XXe siècle sera défini par les commentateurs de l'avenir comme « l'époque de Stockhausen ». À côté de ce dernier, il convient de citer avant tout Bernd Alois Zimmermann (1918-1970), Dieter Schnebel (1931) et Mauricio Kagel (1931), Argentin fixé en Allemagne, et, pour la musique autrichienne, Friedrich Cerha (1926). Outre ces chefs de file, la musique allemande contemporaine est représentée, en ses diverses tendances, par Hans Werner Henze (1926), talent éclectique, Giselher Klebe (1925), auteur de plusieurs opéras, Günther Becker (1924), Hans Otte (1926), Wilhelm Killmeyer (1927), Gottfried Michael Koenig (1926), un des principaux tenants de la musique électronique, Josef Anton Riedl (1929), Dieter Schönbach (1931), qui s'est consacré surtout à la musique optique et à l'utilisation conjointe de plusieurs médias, Werner Heider (1930), Roland Kayn (1933), Ernstalbrecht Stiebler (1934), Peter Ronnefeld (1935-1965), élève de Messiaen à Paris, Aribert Reimann (1936), Hans Zender (1936), qui poursuit également une carrière de chef d'orchestre, Michael von Biel (1937), Hans Joachim Hespos (1938), Hans Klaus Jungheinrich (1938), Wilfried Michael (1940), Tilo Medek (1940), Johannes Fritsch (1941), Konrad Boehmer (1941), auteur également d'écrits au ton souvent polémique, Rolf Gehlhaar (1943), York Höller (1944), Mathias Spahlinger (1944), Peter Michael Hamel (1947), Robert H. P. Platz (1951), Christopher Pugh (1953), Günter Steinke (1956), Johannes Kalitzke (1959), Michael Gregor Scholl (1964). La musique autrichienne, quant à elle, est représentée par Gottfried von Einem (1918), célèbre par ses opéras, Gerhard Wimberger (1923), Michael Gielen (1927), Gerhard Lampersberger (1928), Heinz Kratochwil (1933-1995), Ingomar Grünauer (1938), Günter Kahowez (1940), Dieter Kaufmann (1941), Irmfried Radauer (1928) et Istvan Zelenka (1936), tenants de l'électronique, Walter Nussgruber (1919) et Anton Heiller (1923-1979), à qui l'on doit un renouveau du courant liturgique, ainsi que par deux immigrés de marque, Roman Haubenstock-Ramati (1919-1994) et surtout György Ligeti (1923). Des compositeurs venus de l'ancienne République démocratique allemande se dégagent surtout Paul Heinz Dittrich (1930), Siegfried Matthus (1934), Udo Zimmermann (1943).

   Dans les années 70 est apparue en Allemagne une nouvelle génération de compositeurs s'efforçant plus ou moins de retrouver la grande tradition romantique, avec notamment Hans Christian von Dadelsen (1948), Peter Ruzicka (1948), Manfred Trojahn (1949), Wolfgang Rihm (1952), Reinhard Febel (1952), Hans Jürgen von Bose (1953), Wolfgang von Schweinitz (1953), Markus Spies (1956), Klaus K. Hübler (1956), Detlev Müller-Siemens (1957).

   Parmi les principaux festivals, on peut citer les journées de Donaueschingen (octobre), Musique au XXe siècle de Radio Sarrebrück, Pro Musica Nova de Radio Brême (mai), les Journées de musique nouvelle et le festival Beethoven à Bonn, les Journées de musique de chambre contemporaine de Witten (mai), les Semaines musicales de Berlin, le festival de Schwetgingen (mai-juin).