Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Schering (Arnold)

Musicologue allemand (Breslau 1877 – Berlin 1941).

Violoniste de formation, il étudie plus particulièrement la musicologie à partir de 1898 aux universités de Berlin, Munich, puis Leipzig (avec Kretschmar), où il soutient en 1902 sa thèse de doctorat (Geschichte des Instrumental-[Violin]Konzerts bis A. Vivaldi). Après sa seconde thèse sur les débuts de l'oratorio soutenue à Leipzig en 1907, il enseigne l'histoire de la musique au conservatoire de Leipzig à partir de 1909. Il succède à H. Abert à l'université de Halle en 1920, et, de 1928 à sa mort, est professeur de musicologie à l'université de Berlin. Il se préoccupe particulièrement de l'interprétation de la musique ancienne et bouleverse certaines notions établies, comme celle de l'exécution a cappella de la musique sacrée.

   Il développe ces problèmes dans Die niederländische Orgelmesse in Zeitalter der Josquin (1912), Studien zur Musikgeschichte der Frührenaissance (1914) et surtout Aufführungspraxis alter Musik (1931).

   Il édite parallèlement plusieurs œuvres des maîtres allemands de la Renaissance et accorde une attention toute particulière à J.-S. Bach, surtout à sa période de Leipzig (J. S. Bachs leipziger Kirchenmusik, 1936 ; J. S. Bach und das Musikleben in Leipzigs im 18. Jh, 1941…), et à Beethoven (Beethoven und der deutsche Idealismus, 1921 ; Beethoven in neuer Deutung, 1934 ; Beethoven und die Dichtung, 1936 ; Zur Erkenntnis Beethovens, 1938 ; Humor, Heldentum, Tragik bei Beethoven, 1955). Il est, en outre, l'auteur d'une histoire de la musique célèbre et souvent rééditée : Geschichte der Musik in Beispielen (1931).

scherzando

Terme italien indiquant un passage à exécuter « en plaisantant ».

scherzo (ital. ; « plaisanterie »)

Au sens le plus courant, ce terme désigne un mouvement instrumental en général à 3/4 et de forme analogue à celle du menuet (avec trio central), mais plus rapide et léger, voire plus tendu, et doté fréquemment d'une force motrice considérable. Mais il apparut d'abord dans la musique vocale (les Scherzi musicali de Monteverdi sont légers de ton et modestes de facture). Bach n'utilisa le terme qu'une fois, dans l'avant-dernier mouvement, de caractère léger, de sa partita en la mineur BWV 827. Haydn appela « scherzos » ou « scherzandos » les menuets de ses Quatuors russes op. 33, mais ces pages ne diffèrent parfois en rien de ses menuets habituels (l'exception la plus notable étant fournie par l'opus 33 no 5 en sol).

   Certains menuets des derniers quatuors de Haydn (op. 74 no 1, op. 76 nos 1, 4 et 6, op. 77 nos 1 et 2) ont un caractère de scherzo, mais c'est avec Beethoven et ses successeurs que son emploi se généralisa à la place (et parfois à côté) de celui du menuet, non seulement dans la musique de chambre ou de piano mais aussi à l'orchestre. Dans les symphonies de Beethoven, en particulier dans les nos 4, 7 et 9, le scherzo tend vers des dimensions considérables, pour équilibrer celles acquises par les autres mouvements, mais on ne trouve la dénomination proprement dite que dans les nos 2 et 3. À noter, cependant, que, dans les nos 4 et 7, les dimensions nouvelles sont atteintes essentiellement grâce à une double apparition du trio. La 8e symphonie est la seule à ne pas comporter de scherzo, mais son deuxième mouvement, à 2/4, en possède l'esprit (il est marqué allegretto scherzando) ; à ce mouvement succède un menuet.

   De fait, aux XIXe et XXe siècles, l'humour et la légèreté disparurent souvent du scherzo pour faire place à un sentiment tragique ou dramatique et se retrouver dans d'autres types de mouvement avec l'indication « scherzando » accolée à un tempo.

   Parmi les plus célèbres scherzos de la période romantique, citons les quatre de Chopin (pour piano), celui du Songe d'une nuit d'été de Mendelssohn et celui de Roméo et Juliette (la reine Mab) de Berlioz. Brahms introduisit le scherzo dans son 2e concerto pour piano (op. 83), mais s'en dispensa dans ses symphonies nos 1 et 3, le remplaçant par des mouvements de tempo modéré et de caractère lyrique. Dans certaines symphonies « nationales » de la fin du XIXe siècle, le scherzo céda la place à des danses populaires (furiant dans la 6e symphonie de Dvořák), et Mahler eut souvent recours au ländler.

Schiedermair (Ludwig)

Musicologue allemand (Ratisbonne 1876 – Bensberg, près de Cologne, 1957).

Élève de Sandberger, il enseigna de 1915 à 1945 à Bonn, où il fonda en 1927, puis dirigea les Archives Beethoven. Il édita les lettres de Mozart, et publia un ouvrage important sur la jeunesse de Beethoven (Der junge Beethoven, 1925, rév. 1939).

Schiff (Andras)

Pianiste hongrois naturalisé autrichien (Budapest 1953).

Sa famille se réfugie à Londres en 1956. Il y étudie auprès de G. Malcolm. 1er Prix du Concours des jeunes talents de la télévision hongroise en 1968, il entre à l'Académie Franz-Liszt de Budapest et travaille avec P. Kadosa et F. Rados. En 1974, il est lauréat du Concours Tchaïkovski et, un an plus tard, de celui de Leeds, inaugurant ainsi une carrière qui fait une large part au répertoire romantique germanique ainsi qu'aux œuvres de Bartók et de Bach. En 1979, il s'installe à Salzbourg, prend la nationalité autrichienne en 1987 et fonde les Musiktage de Mondsee. Il se produit comme accompagnateur de lieder, aux côtés de D. Fischer-Dieskau et de P. Schreier, et en musique de chambre. Il joue également du pianoforte.

Schikaneder (Emanuel)

Directeur de théâtre, acteur, chanteur et compositeur autrichien d'origine allemande (Straubing, près de Ratisbonne, 1751 – Vienne 1812).

Il étudia au collège des jésuites de Ratisbonne, et passa plusieurs années comme acteur et directeur de troupes ambulantes (en 1780, il séjourna à Salzbourg, où il connut la famille Mozart). En novembre 1783, il s'installa pour quinze mois au théâtre de la Porte de Carinthie à Vienne, où il donna notamment La Fedeltà premiata de Haydn. Il travailla ensuite à Ratisbonne chez le prince de Thurn et Taxis, et en 1789 obtint un privilège pour le Theater auf der Wieden à Vienne, où fut créée deux ans plus tard (avec lui-même dans le rôle de Papageno) la Flûte enchantée de Mozart, œuvre dont il avait écrit le livret. Il abandonna la direction de cet établissement en 1799, mais en conserva la responsabilité artistique jusqu'à sa fermeture (12 juin 1801). Le lendemain, Schikaneder inaugura le nouveau Theater an der Wien, faisant ainsi usage d'une licence qu'il avait obtenue quinze ans auparavant. Il resta à la tête de l'établissement jusqu'en 1806, non sans avoir fait appel à Beethoven pour des projets d'opéras. Il dirigea ensuite le théâtre de Brünn (Brno). Il joua un rôle de premier plan dans la vie théâtrale en Autriche et en Allemagne du Sud, et écrivit lui-même plus de 50 pièces (dont une dizaine avec musique) et à peu près autant de livrets d'opéras et de singspiels. Ses frères Urban (Ratisbonne 1746 – Vienne 1818) et Karl (Freising 1770 – Prague 1845), et sa nièce Anna ( ? 1767 – Ratisbonne 1862), fille d'Urban, furent également actifs dans le monde du théâtre. Anna chanta le premier des trois Garçons lors de la création de la Flûte enchantée.